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Marathon littéraire : une nouvelle pour Noël

Voilà plusieurs semaines que je stream des ateliers d’écriture, des coachings ou des tests/présentations d’outils et plateformes d’écriture. De ces soirées est née une petite communauté sympathique et soudée autour de deux passions communes : l’écriture et la déconnade. Et de cette communauté est né un projet : les Petits Disciples du Stylo.

Le streaming littéraire

Il y a quelques semaines, j’ai créé une chaîne sur Twitch et j’ai commencé à animer des lives. Au programmes, quatre grands thèmes :

L’atelier d’écriture ludique et créative (le mercredi soir à 21h)

Chaque mercredi soir, je présente l’exercice et les participant·es qui le souhaitent peuvent me rejoindre sur un framapad (un document partagé en ligne). Chacun·e y écrit ce que lui inspire le sujet, pendant que je navigue d’un texte à l’autre en commentant. Si le besoin s’en fait sentir, j’apporte ma contribution pour tenter de surmonter les blocages et les trous.

La présentation de plateformes et outils d’écriture et de narration (le mardi soir à 21h)

Chaque mardi soir, je présente et teste en direct un logiciel ou une plateforme en ligne autour de l’écriture. Outil pour rédiger des fictions interactives ou environnement d’écriture, j’aime expérimenter tout ce qui me permet de raconter des histoires et de m’amuser avec les mots et la narration, et partager le fruit de ces expérimentations. 

Le coaching littéraire

Quand un·e auteur·ice a besoin d’un avis sur son texte et/ou de pistes et suggestions d’amélioration, iel me le soumet. Je mets à profit mon expérience de coach littéraire pour Rocambole en travaillant d’abord en amont sur le document, puis on revient ensemble en direct sur tout ce que j’ai relevé : commentaires, questions, suggestions… tout est bon pour comprendre et appréhender le texte et en tirer le meilleur.

L’écriture/réécriture/correction en direct de mes écrits personnels.

Ce sont des lives que je fais en journée. Ce sont les moins fréquents, parce qu’ils nécessitent un environnement calme que je ne parviens que difficilement à avoir en dehors des périodes scolaires. Au cours de ces séances, je rédige/corrige et commente mes écrits en direct.

Les Petits Disciples du Stylo

Ce projet est né de notre volonté commune de progresser dans l’écriture et d’aiguiser notre plume. Volonté parfois découragée par l’ampleur de nos projets et une ambition mal mesurée. De la même façon qu’on dit qu’il faut savoir marcher avant de courir, on dit aussi qu’en écriture, c’est bien de s’exercer d’abord avec de petits projets.

Nous avons donc lancé une idée, qui est devenue un défi à relever (pour les volontaires uniquement) : écrire pour Noël une nouvelle courte (dix mille signes espaces comprises maximum), mais patiemment retravaillée, dont on aura soigné tous les aspects qui composent la narration : point de vue du narrateur, show don’t tell, justesse des personnages et des émotions, pertinence de l’intrigue, enjeux motivants, vocabulaire précis et varié, syntaxe…

C’est avec cet objectif en ligne de mire que j’ai conçu le planning des streamings jusqu’à la fin de l’année.

Si le défi est relevé et que les participant·es acceptent, j’espère pouvoir présenter les nouvelles produites dans un petit recueil, évidemment intitulé « Les Petits Disciples du Stylo ».

N’hésitez pas à nous rejoindre pour cette quête littéraire et pour nos ateliers d’écriture ludique et créatives du mercredi. Bonne humeur, bienveillance et déconnade garanties \o/

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Exercice d'écriture : le Writionary #1

C’est la rentrée et j’ai déjà une semaine de retard pour l’article du premier exercice d’écriture de l’année. Comme dirait Ophélie Winter, shame on me. Mais comme disait aussi je-sais-pas-qui, « mieux vaut tard que jamais ». Voici donc la présentation du nouvel exercice littéraire tendance de la rentrée 2020, j’ai nommé le Writionary.

Le Writionary, un exercice d’écriture ludique…

Le principe du jeu est simple. Vous aurez sans doute remarqué la troublante ressemblance du nom de notre petit exercice avec celui du Pictionary, sorte de « Dessinez, c’est gagné ! » où on pioche une carte, on lit ce qui y est écrit et, je vous le donne en mille, on le dessine. Et si les autres participant·es trouvent ce que c’est, vous avez gagné.

Ca dessine et ca s'engueule. -Pictionary -DessinYeuxFermés -MainGauche (6528021827)

Le Writionary, c’est la même idée – soufflée par une des piliers de notre petite communauté fondée autour de la chaîne twitch – que j’ai éhontément adaptée en plagiant totalement le principe de la version dessinée (gribouillée, si on veut être vraiment précis·e – et honnête). On y a d’ailleurs joué mercredi dernier et c’était amusant. En plus d’être instructif.

… mais un exercice quand même !

Et oui, c’est subtilement que, sous couvert d’exercices ludiques hyper fun, je vous amène à travailler certaines techniques narratives, ni vu ni connu. Par exemple, avec le mutisme, on avait pu s’exercer sur la description, la précision et le vocabulaire autour des expressions faciales et de la communication corporelle.

Avec le Writionary, l’idée, c’est de travailler le fameux et incontournable show, don’t tell. On choisit donc ce qu’on veut (les prochaines versions seront peut-être plus encadrées) et on doit le faire deviner sans le dévoiler, rien que par l’écriture. Certain·es d’entre nous ont utilisé un générateur de mots pour l’inspiration, et on s’est lancé dans la rédaction individuelle de plusieurs petits textes (un par mot ou expression). À la fin du temps imparti, on a lu les productions et tenté de deviner le mot/expression décrit. On a eu des personnages, des métiers, des couleurs, des émotions…

Ajouter une légende

C’est un exercice difficile, mais qui permet de repérer ses failles et de les travailler. S’exercer à montrer les choses au lieu de les énoncer permet de produire des textes de bien meilleure qualité, beaucoup plus immersifs et qui favorisent l’empathie pour le personnage.

Par exemple, si on écrit :

Elle est dans le noir et elle a peur.

C’est très (trop) simpliste et un peu (beaucoup) expéditif. On a une banale énumération, façon liste de courses. On nous balance froidement deux infos, qu’on doit prendre pour argent comptant. Mais est-ce qu’on tremble pour « elle » ?

Le but du fameux Show, don’t tell, c’est de décrire : l’obscurité, le noir, les sensations que ça procure au personnage, puis d’embarquer læ lecteurice en lui montrant la peur, en détaillant les réactions physiologiques et émotionnelles qu’entraîne ce sentiment.

On pourrait donc décrire l’absence de lumière, de visibilité, la perte des repères spatio-temporels, les yeux qui s’écarquillent pour essayer de voir dans le noir, le rythme cardiaque qui accélère, la transpiration, le souffle, les muscles qui se crispent, le corps qui se recroqueville…

Il y a une foule de détails qu’on pourrait donner et qui rendraient le texte beaucoup plus dense, vivant, et beaucoup plus riche.

Pour illustrer tout ça, je vous propose le petit texte que j’ai rédigé mercredi dernier pour décrire la peur du noir :

L’ampoule grésille avant de rendre sa dernière étincelle. Elle meurt dans un crépitement fugace, emportant la lumière avec elle. Que vais-je faire, à présent ? Elle était mon dernier rempart contre la peur. J’écarquille les yeux à me les faire péter, mais rien à faire, je vois que dalle. Je tâtonne dans cette obscurité opaque. Je retire ma main brutalement quand je heurte une substance inattendue et répugnante. Je réprime une grimace d’un dégoût bien vite remplacé par une foule de questions. Qu’est-ce que c’était ? Est-ce vivant ? Est-ce dangereux ? Quel est ce bruit visqueux et gourmand qui se rapproche de moi ? J’ouvre grand les yeux, mais je ne vois rien.

Le Writionary #1

Mercredi 2 septembre 2020 est donc une date historique à retenir au même titre que celle de la prise de la Bastille (Hep ! Je vous vois la googler !), puisque c’est le jour béni qui a vu l’inauguration du Writionary en live (que vous pouvez revoir en différé).

En plus, c’est un exercice que vous pouvez parfaitement reproduire à la maison, sans aucun autre risque que celui d’améliorer vos compétences rédactionnelles et la qualité de vos textes.

Ah oui et… si vous voulez progresser, mais que vous ne voulez pas bosser tout·e seul·e dans votre coin, rejoignez-nous pour les ateliers d’écriture en live sur Twitch, tous les mercredis à 21h \o/

Consulter le planning des streamings sur Twitch

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Quelques publications

Le cahier de vacances littéraire » Un recueil de 16 exercices d’écriture créative et ludique

« La peur au ventre » Une courte fiction interactive de moins de 3000 mots, rédigée dans le cadre de la gamejam Nouvim3000 (édition 2020)

« Tommy Griotte, le bambin à la tototte » Un pack gratuit contenant le livre (pdf), le coloriage (pdf), un modèle pour apprendre la calligraphie (pdf) et la version audio. « Une galerie pour Sulimo » Une courte fiction interactive (moins de 2000 mots) rédigée dans le cadre du concours estival de Moiki.fr. Inspirée par une illustration de « Tommy Griotte, le bambin à la tototte » et l’univers de Hens World.

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Exercice d'écriture #16 : Latilié

Pour cette quinzaine encore, je m’appuie sur un confrère pour les exercices d’écriture. Au lieu de vous proposer un exercice de mon cru, je vous embarque avec moi pour assister à ceux proposés par l’auteur Michael Roch.

Michael Roch, auteur et global narrative designer

Publié sur Rocambole avec deux séries, Twelve et Mortal Derby X (qui figure au top ten), Michael Roch est aussi l’auteur de plusieurs livres (dont Moi, Peter Pan et Le livre jaune). Ayant lu le début de Twelve, je peux dire qu’il a une plume efficace et percutante.

Alors que je réfléchissais de plus en plus à l’idée de faire des streamings autour de l’écriture (ce que je fais à présent), je suis tombée sur un tweet où il annonçait un atelier d’écriture en live. Je l’ai regardé par curiosité, puis je me suis prise au jeu, j’ai participé, et je me suis abonnée.

Lors de ses streamings, Michael Roch propose un contenu très varié : ateliers d’écriture, gaming littéraire ou encore séances d’écriture chill en mode papotage.

Latilié a lieu un jeudi sur deux et propose de travailler autour d’un thème précis. Au cours de ceux auxquels j’ai assisté, on a travaillé sur le dégoût et ce qu’on éprouve une fois qu’il est passé, et sur l’arrivée d’un·e étranger·ère dans un village isolé et des sentiments que cela peut susciter.

Il anime également des sessions « Déclencheur d’inspiration », au cours desquelles il propose une phrase, un court paragraphe comme point de départ, pour rédiger avec les spectateurs qui le veulent un texte collaboratif sur framapad.
L’exercice #16

Les ateliers de Michael diffèrent un peu des miens et c’est pour ça que je vous invite à y assister. Bercé·es par le chant des zozios, on travaille dans une ambiance à la fois studieuse et détendue. La principale différence réside dans le fait que mes exercices se veulent avant tout ludiques et visent essentiellement à établir un lien entre écriture et plaisir. Avec Michael Roch, on aborde l’écriture de manière plus technique, plus approfondie. Les exercices sont plus cadrés, les consignes plus précises. Et on bénéficie des remarques et conseils (très avisés) d’un auteur compétent et bienveillant.

Je ne vais donc pas vous proposer d’exercice cette fois, mais plutôt vous inviter à suivre Latilié (ou un déclencheur d’inspiration), en live ou un replay.

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Exercice d'écriture #15 : le Gobbledygook

Pour cette quinzaine, en plus de proposer des pistes pour varier les plaisirs dans l’écriture, j’aimerais vous partager une fiction audio qui m’a beaucoup plu et beaucoup inspirée (notez la maîtrise de l’accord avec l’auxiliaire « avoir »). Ouvrons ensemble le Gobbledygook.

Rencontre avec le Gobbledygook

Écrite et racontée par Neil Jomunsi, le Gobbledygook est une fiction en huit épisodes d’une vingtaine de minutes et dont j’attends la suite avec impatience. Disponible sur plusieurs plateformes, dont Youtube et Spotify, elle m’a accompagnée pour la première fois sur la route vers le dernier apéROCAMBOLE. Dès le lendemain, après avoir récupéré de la bière et d’une courte nuit mouvementée, j’ai enchaîné les épisodes. Cette fiction suscite en moi deux envies. Pouvoir un jour écouter la suite. Et matérialiser chaque page de ce livre. Toutes celles que Neil a imaginées. Et toutes celles que j’aimerais ajouter.

Un jour, peut-être…

Le Gobbledygook

Le Gobbledygook est un livre magique, probablement maudit. Un mauvais génie qui réalise les souhaits de son ou sa propriétaire – même ceux qu’iel n’a pas faits – et qui lui en fait payer le prix. Un bienfaiteur envahissant et tyrannique qui ne souffre pas la désobéissance.

L’histoire ? Un auteur en mal de succès emménage dans l’appartement de son voisin récemment décédé. Au milieu du salon trône une étrange malle dans laquelle se trouve un livre enchaîné. Inconscient du danger, l’auteur délivre le livre et commence à le feuilleter. Page après page, il découvre un contenu hétéroclite et étrange.

Je vous invite évidemment à écouter ne serait-ce qu’un épisode de cette fiction audio divertissante et inspirante à souhait. Tellement inspirante que je m’appuie sur elle pour l’exercice de cette quinzaine.

L’exercice #15

Je vous invite à écouter au moins un extrait (pour celleux qui n’ont pas la patience ou l’envie d’écouter un épisode entier, j’ai mis un lien vers le passage concerné) et de vous en servir pour créer votre propre page du Gobbledygook. J’ai sélectionné deux passage de l’épisode 1, mais vous pouvez piocher où bon vous semble. Il n’est d’ailleurs pas improbable que je pioche dans d’autres épisodes pour de nouveaux extraits tout aussi inspirants. 

Je vous propose d’en choisir un, mais je vous autorise évidemment à traiter les deux extraits :

La machine

Il s’agit de la description d’une publicité au sujet d’une machine dont on n’ignore totalement le fonctionnement et l’utilité. À vous de les imaginer.

Liste des choses à faire avant de mourir

Ici, une liste succincte et implacable de six choses à faire avant de mourir. Je vous propose de faire votre propre liste, limitée également à six items. Vous pouvez y mettre vos propres souhaits, mais l’intérêt ici étant de favoriser la créativité et l’aspect ludique de l’écriture, on peut tout aussi bien éviter de se plonger dans une douloureuse et angoissante introspection. Pour que ce soit plus fun, je suggère d’ajouter une restriction à la liste :

  • six choses amusantes à faire avant de mourir
  • six choses à faire dans l’espace avant de mourir
  • six choses à faire seul·e/avec son voisin/avec sa mère/avec son chat… avant de mourir
  • six choses à dire avant de mourir
  • six personnes à tuer avant de mourir
  • etc

Il est évidemment recommandé de rédiger une explication – brève ou détaillée – de ses choix.

Extrait de l’épisode 4 de « Ma vie, mes amours, j’vous emmerde… »

N’oubliez pas que vous pouvez m’envoyer vos textes 😉

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Exercice d'écriture #14 : la lettre de Sand

Pour cette quinzaine, j’ai eu envie de proposer un exercice inspiré par une lettre attribuée à George Sand. Je ne sais pas pourquoi, elle m’est revenue en tête la semaine dernière et je me suis dit « Tiens, c’est parfait pour un exercice d’écriture ! » (que j’ai l’espoir de tenter moi-même depuis longtemps mais… le temps, tout ça…).

La lettre de George Sand

L’histoire dit que c’est une lettre codée que l’écrivaine aurait envoyée à son amant, Alfred de Musset. Il s’est en fait rapidement avéré que c’était un canular. Les deux amants avaient toutefois bien une correspondance codée – mais un rien moins spectaculaire puisqu’il s’agissait d’une forme d’acrostiche, le message caché étant simplement composé du premier mot de chaque vers.

George Sand by Nadar, 1864

La lettre pastiche est assez simple à décoder – mais un poil plus délicate à rédiger – puisqu’il suffit de lire une phrase sur deux pour avoir le vrai texte. Ici, l’auteur⋅ice de la missive camoufle un message ardent et un brin olé olé dans une lettre en apparence romantique et tendre.

Ode à Hitler

Ça fait un peu mal d’écrire ces trois mots, je ne vous le cache pas. L’Ode à Hitler est un poème composé par un résistant qui dissimule son véritable message dans un texte d’apparence pro nazi. Ici, il faut couper le texte en deux aux hémistiches.

Se dévoilent alors deux textes beaucoup moins nazi friendly. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’auteur exprime son propos dans un texte qui dit carrément le contraire de ce qu’il pense, puisqu’il annonce une bonne raclée pour les allemands dans un texte qui glorifie le führer.

L’exercice d’écriture #14

On en est à quatorze ateliers, cinq depuis que j’ai repris la publication des exercices d’écriture. Il est donc temps de cesser de vous préserver et de se mettre au travail. Pour cette quinzaine, je vous propose (bah oui, je suis quand même pas un monstre) de rédiger deux textes – un pour chaque méthode. Vous n’êtes évidemment pas obligé⋅e de traiter les thématiques des originaux et d’écrire des lettres cochonnes cachées derrière des mots d’amour ou de clamer au monde votre amour pour Macron tout en lui crachant à demi vers votre colère arrosée de postillons coronavirussés (fallait nous filer des masques). 

J’accepterais tout à fait une lettre de rupture déclarant un amour sans borne ou un poème sur les joies de la maternité qui en révélerait secrètement les difficultés. Par contre, pour la lettre, on est bien d’accord qu’on parle de la version difficile, hein !

Engagé ou léger, virulent ou poétique, tendre ou indécent, comme chaque fois, ce qui compte, c’est que vous preniez du plaisir à écrire.

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Exercice d'écriture #13 : l'acrostiche

Pour l’exercice de cette quinzaine, on met de côté – momentanément – le jeu de rôle et on retourne zieuter du côté des contraintes d’écriture, avec l’acrostiche, un exercice dont l’originalité est, certes, loin d’être folle, mais dont les possibilités créatives restent nombreuses.

Les contraintes d’écriture

Je les avais déjà abordées dans de précédents articles mais certains ayant été retirés, il ne sera probablement pas inutile de faire un petit rappel. L’écriture sous contraintes n’est – attention, blague éculée – pas le fait d’écrire sous la contrainte, un stylo à la main et le couteau sous la gorge. Les contraintes d’écriture, c’est un moyen efficace de libérer la créativité. Ça peut sembler contradictoire et pourtant, les limites qu’apportent la contrainte ouvrent des horizons et des perspectives qu’on aurait peut-être négligés si on avait été libre de nos pensées. Je ne peux ni nommer ni expliquer ce phénomène mais je peux affirmer que c’est une réalité.

Pour découvrir les contraintes d’écriture, une seule adresse : oulipo.net.

Basile Morin / CC BY-SA

L’acrostiche

C’est une contrainte classique, couramment utilisée en milieu scolaire. Un jeu d’écriture amusant et créatif qu’on peut aborder de plusieurs façons, et corser en y apposant d’autres contraintes.

Selon Google

Il s’agit simplement d’écrire un poème dont la première lettre de chaque vers compose un mot ou une phrase (qui se lit donc verticalement). Le contenu peut servir à décrire le⋅a mot/phrase de l’acrostiche ou, au contraire, n’avoir rien à voir, selon l’effet recherché.

Selon Wikipédia

Exemple

Dans le cadre de Bouzouks.net, j’avais rédigé un acrostiche d’adieu à l’amant mourant de Pincemi, dont les premières lettres des vers formaient ses deux noms successifs. Le contraste entre le tragique du texte et le ridicule de ces noms donnait un effet comique et semblait tourner en dérision le contenu pourtant ô combien sérieux d’une Pincemi froidement éplorée.

Comment partiras-tu ? Auras-tu mal ?

La nuit qui t’emportera sera banale.

À peine plus triste qu’une nuit normale.

Froide comme les draps de soie

Oublions que cette nuit, tu t’en vas.

Un adieu distant et silencieux

Tumulte dans un coeur dénué de chaleur,

Indigne monstre odieux

Seule, sèche ses pleurs.

Cet adieu est le dernier

Rebondissement de notre histoire.

Ultime pensée, ultime espoir

Ma peine ravivée d’avoir cru retrouver,

Béate, l’être aimé.

La magie n’a pas opéré

Essaie de me pardonner.

L’exercice #13

Dois-je vraiment le décrire, au risque d’avoir l’air de vous prendre pour un⋅e imbécile ? Non,

je ne le pense pas. Je vais partir du principe que la définition et l’exemple donnés parlent d’eux-mêmes et je vais me contenter de donner une consigne. Et oui, une fois n’est pas coutume, je vais m’octroyer le droit de réduire un peu plus votre liberté – déjà entamée par la contrainte oulipienne – en vous proposant le mot de votre acrostiche. Je vous invite à flatter un peu mon ego en composant un poème sur le mot DOUBLURE STYLO et, évidemment, à le poster en commentaire ou, pour les timides, à me l’envoyer par e-mail.

Doublure Stylo

Bon courage, et amusez-vous !

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Exercice d'écriture #12 : un article de presse

Pour cette quinzaine, j’ai encore été piocher sur Bouzouks.net pour trouver l’inspiration. Pincemi est très polyvalente et en plus d’être une ambitieuse et voluptueuse garce arrogante, elle est journaliste. Elle a même récemment été nommée rédactrice en chef de la Gazette, l’occasion rêvée de partager cette expérience.

L’article de presse

Évidemment, je ne suis pas experte en article journalistique. Je n’ai pas fait d’école de journalisme, ni même travaillé comme pigiste pour le journal du quartier. Je ne vais donc pas donner de méthode pour ce type d’écrit. Mais je pense pouvoir dire sans trop m’avancer que l’article de presse doit avoir un contenu informatif. Il doit traiter une information, ça, on en est sûr. Là où la pratique diffère d’une feuille de chou à une autre, c’est sur la façon dont cette information est traitée. On pourrait se dire que le⋅a journaliste a un devoir de neutralité mais on a tous⋅tes des opinions et des convictions et si on ne peut pas se servir de la presse pour faire passer ses idées, où ira le monde, je vous le demande…

L’article parodique

S’il devient parfois difficile de différencier un article du Parisien d’un article du Gorafi, théoriquement, c’est pas la même chose. Je ne vais pas réexpliquer la parodie mais je voudrais insister sur le côté absurde qui rend la chose comique. Il va de soi que quand j’écris pour la Gazette de Bouzouks.net, je n’écris que des articles parodiques. Je traite l’actualité bouzouk et je la montre à travers le prisme de la personnalité et des biais de Pincemi.

Ses articles, interviews ou portraits sont très orientés en fonction de son appartenance politique du moment. Et quand je ne traite pas de l’actualité politique, j’écris sur des faits divers aussi cruciaux que « Le voleur de chaussettes gauches« . Les articles sont également un bon moyen de présenter des éléments du jeu à la communauté ou de les mettre en valeur sans passer par une explication rébarbative.

L’exercice #12

Pour l’exercice #12, je préfère vous laisser choisir entre l’article de presse classique et l’article parodique, voire satirique. Comme toujours, peu importe le contenu, ce que je vous propose, c’est une piste de travail à explorer. Je vous demande donc de choisir un événement (historique, culturel, de votre quotidien…), une personne (célèbre ou pas, admirable ou détestable…) et de faire un article à son sujet. La structure est assez basique avec une intro, autant de paragraphes que nécessaire et une conclusion. Que ce soit sérieux ou comique, réel ou imaginaire, peu importe. Comme toujours, ce qui compte, c’est de libérer sa plume et de prendre du plaisir.

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Exercice d'écriture #11 : la super vilaine

Pour trouver l’exercice de cette quinzaine, je n’ai pas eu à chercher très loin. Je me suis tournée une fois de plus vers mon support d’écriture et d’expérimentations rédactionnelles préféré : le jeu de rôle textuel. Je vous propose le thème que j’ai eu envie de jouer cette semaine, à savoir la super vilaine.

Les super héros/héroïnes

Les super héros·ïnes sont des êtres généralement doté·es de super pouvoirs et/ou de super accessoires, ayant pour vocation de combattre le mal et de protéger la veuve et l’orphelin. Pétri·es de sentiments honorables et paré·es des qualités les plus nobles, leur principal dilemme consiste souvent à vouloir concilier leur identité et leurs devoirs de super héros·ïnes avec leur désir d’une vie simple et « normale » vécue dans l’anonymat le plus pur.

Image par Christian Dorn de Pixabay

Si j’ai eu envie de jouer la super vilaine avec Pincemi, c’est parce qu’il y a sur le jeu un personnage de super héroïne. Cette super héroïne déchue est devenue une épave et pleure sa misère, étendue sur un trottoir, la trompe nasale dans la gadoue. Comme aucun personnage ne s’est vraiment dévoué pour la consoler et la remettre sur pied, Pincemi, en bonne peste psychotique, a donc saisi l’occasion de pouvoir une nouvelle fois péter un plomb et devenir une super vilaine.

Les super vilain·es

Le·a super vilain·e, c’est l’antagoniste par excellence du super héros. Parfois plus subtil·e que son homologue bienveillant·e, iel a souvent un passé trouble, voire douloureux. Abîmé·e et animé·e par un profond traumatisme, le·a super vilain·e est violent·e, cruel·le et sans pitié. Prêt·e à tout pour assouvir des objectifs pas jolis jolis comme la destruction ou la domination du monde, iel ne lésine pas sur les moyens, ni sur les dommages collatéraux.

Comme ce n’est pas la première fois que Pincemi passe du côté obscur pour devenir une Super Peau de Vache et que je la trouve un peu trop sage depuis un peu trop longtemps, je me suis dit que ça pourrait être marrant de devenir l’incarnation du Mal. Et redonner ainsi une raison de vivre à notre super héroïne pour l’instant vautrée dans sa propre déchéance. Car une super vilaine à combattre, c’est la raison d’être de ces gugusses masqué·es aux idéaux de justice et de paix. Et puis, avouons-le, c’est super jouissif de jouer les ordures.

L’exercice #11

L’exercice #11 est, vous l’aurez deviné, super simple : devenir un·e super vilain·e (avec un pouvoir, un équipement ou une aptitude quelconque), échafauder un plan pour conquérir/détruire le monde – ou, l’autre classique du genre, se débarrasser durablement et de façon irréversible de votre antagoniste en collants – et le mettre à exécution.

Vous n’êtes évidemment pas obligé·e d’écrire un texte parodique. Qu’il soit dramatique, héroïque ou que ce soit un pamphlet ; que votre plan diabolique réussisse ou échoue, l’essentiel est de prendre du plaisir. Il y a tant de méchant·es dont on peut s’inspirer dans les livres, les films et les séries. Choisissez, adaptez, écrivez ^^

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Exercice d'écriture #10 : journal de confinement romantisé

Depuis que le gouvernement s’est enfin décidé à agir en nous assignant à résidence, les journaux de confinement fleurissent sur la toile et certain·es confiné·es plus prestigieux·ses voient même leur prose publiée dans la presse, déchaînant les passions et les moqueries par leur ton champêtre-évaporé-déconnecté-de-la-réalité. Entre les analyses critiques de Laélia Véron et les parodies bucoliques non dénuées de talent, l’exercice d’écriture #10 ne pouvait pas passer à côté.

Le journal intime

Le journal de confinement n’est rien d’autre qu’un journal intime à thème. La plupart des journaux intimes n’ont de valeur que pour leur propriétaire – et sa mère. Les vertus thérapeutiques de l’écriture ne sont plus à prouver et nombre de psychologues et médecins recommandent à leurs patient·es d’écrire pour les aider à se libérer d’un traumatisme ou à surmonter une période particulièrement difficile/marquante. Si l’intérêt de rédiger un tel journal est évident, il n’en est pas de même pour le fait de le publier. L’Histoire peut bien se passer de témoignages aussi frivoles et empruntés. Si je ne suis pas bien d’accord avec Aznavour quand il chante que « la misère serait moins pénible au soleil », il me semble à moi que le confinement doit être moins pénible dans un manoir de campagne au bord de la mer.

Image par yogakalyanii de Pixabay

Le pastiche

Comme l’explique bien Laélia Véron dans la chronique susmentionnée, la différence entre pastiche et parodie est ténue, mais réelle. Le pastiche est une imitation subtile qui n’a pas forcément vocation à moquer. Une oeuvre « à la manière de ». La parodie est plus évidente à déceler. C’est une exagération grossière dont l’aspect moqueur peut difficilement nous échapper. Dans les textes qui ont suscité toute cette passion – et cet article-, il est difficile de caricaturer le contenu tant il semble déjà parodique (c’est ce qui le rend si agaçant) : le ton inutilement tragique, le vocabulaire, le style… tout semble se foutre de nous et bien malin·gne celui ou celle qui saura se montrer plus ridicule que l’original.

Le journal de confinement bobo

Pour faire un bon journal de confinement bobo, il faut donc s’imaginer quitter Paris en 4×4 polluant pour aller se mettre au vert chez les ploucs le temps que tout ça se tasse et que Paris redevienne la capitale effervescente de la culture et de la débauche. Il faut se prendre pour Phèdre à la fenêtre de sa villa de campagne – fenêtre de laquelle on n’a aucune intention de se jeter – et déclamer sa détresse aux mésanges et aux abeilles sur le ton de Cléopâtre dans Astérix (le dessin animé). Puis il faut prendre sa plume, la tremper dans une bonne dose de culot arrosée d’un rien de mièvrerie, et tracer sur le papier l’indécente complainte d’un·e privilégié·e confiné·e dans plus de 1000 m², racontant le détail le plus insignifiant comme s’il s’agissait d’un pur instant de poésie.

Mon journal de confinée romantisé

Maintenant que j’ai craché mon venin, venons en à ce qui nous intéresse : pourquoi cet exercice, s’il te met tellement les nerfs ? Et bien parce qu’avant – ou afin – de trouver son propre style, c’est comme pour les vêtements, il faut souvent en essayer plusieurs. Les plus grands peintres ont bien commencé par copier.

Il est intéressant d’analyser le style d’un·e auteur·ice et de tenter de le reproduire, voire de se l’approprier. Comme beaucoup de gens à la publication de ces journaux bobos, j’ai été à la fois agacée et amusée. Au moment de tenter l’exercice, l’amusement l’a emporté. Et si ces autrices s’étaient juste foutues de notre gueule ?

Voici donc mon court essai :

Tandis que je jardine avec l’enfant, je jette un oeil à travers le grillage masqué d’une paillasse fatiguée. Censé nous protéger des regards indiscrets, il s’affiche à présent comme le symbole d’une humanité menacée, avec ce masque comme ultime rempart contre la menace invisible, intangible, et pourtant bien réelle.

La voix innocente qui m’appelle me ramène à une réalité plus terre à terre, plus immédiate. Plus concrète. Je lui souris. J’essaie de lui transmettre une sérénité que je n’ai pas. Je réponds à l’urgence de la situation en réveillant mon instinct potager. À son absurdité en m’ancrant dans le réel. Un sourire factice sur les lèvres, je m’interroge, la gorge serrée : 

— Aurons-nous des tomates en juillet ?