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Parfaire son manuscrit avec une correction éditoriale

Fusion d’une bêta-lecture très poussée et d’une correction orthographique minutieuse, la correction éditoriale s’attaque à tous les aspects d’un texte pour le rendre prêt à la publication. Ici, elle est plutôt destinée aux auteurices qui souhaitent publier leur manuscrit en autoédition ou qui veulent mettre toutes les chances de leur côté pour une soumission en maison d’édition. La correction éditoriale avec une correctrice indépendante peut s’apparenter à un coaching littéraire qui va à la fois améliorer significativement la qualité du manuscrit, et les compétences d’écriture de son auteurice.

Comment se déroule la correction éditoriale ?

Avant toute chose, parce qu’on ne peut pas corriger une histoire sans savoir où elle va et ce qu’elle raconte, je lis attentivement le manuscrit dans son intégralité. Je m’imprègne ainsi de l’histoire, des personnages et des thèmes.

Je fais ensuite un retour global sur l’œuvre, ses forces et ses faiblesses, puis j’entame une première relecture au cours de laquelle je fais part de mes commentaires, remarques, questions et suggestions. Tout au long de ma relecture, je m’assure de bien capter les intentions de l’auteurice pour ne pas les trahir, et de bien comprendre l’histoire pour mieux la servir.

correction éditoriale
La correction éditoriale, une correction en profondeur pour votre manuscrit

Pendant ce temps, l’auteurice apporte les corrections qu’iel estime pertinentes en fonction de mes retours. Iel reste maître·sse de son manuscrit du début à la fin du processus. Pour garantir cette maîtrise totale de l’auteurice sur son œuvre, je n’interviens qu’en mode « suggestion » et via des commentaires dans la marge du document partagé[1].

Une fois la première relecture et les corrections terminées, je fais une seconde relecture pour m’assurer que tout reste cohérent et pour affiner le style.

Ensuite, avec l’accord explicite de l’auteurice, j’effectue en autonomie une correction Antidote pour traquer les dernières coquilles et répétitions. Lors de cette phase, je n’utilise pas le mode « suggestion », car, Antidote réactualisant le document à chaque sortie du logiciel, cela me demanderait trop de temps

Si le manuscrit l’exige, je peux proposer une troisième relecture pour garantir un résultat aussi qualitatif et fidèle aux attentes de l’auteurice que possible.

La correction édito sur ComeUp

Sur la plateforme ComeUp, cette offre s’adresse aux personnes qui veulent une correction éditoriale et qui ont le budget nécessaire pour rémunérer une correctrice édito professionnelle.

Elle se déroule exactement selon le procédé décrit, à la différence que læ cliente paye plein tarif et qu’au moment de la commande, un délai de correction est défini, ce qui m’oblige à prioriser les client·es ComeUp dans mon planning.

La correction édito à prix libre

Via la boutique de Ko-fi, j’ai décidé de proposer des corrections éditoriales à prix libre. Mon temps n’étant pas infini, elles seront disponibles en quantité limitée, le stock se renouvelant à chaque correction prix libre terminée.

Destinées aux mécènes et aux fauché·es, elles ont pour but principal de permettre aux auteurices qui ont un budget serré d’accéder à une correction éditoriale professionnelle de qualité (sans me vanter) sans avoir à casser leur tirelire.

Reco Julien
Doublure Stylo, recommandée par le directeur édito de Vivlio

Il n’y a pas de montant minimum requis et la responsabilité du tarif reviendra uniquement à la personne qui passe la commande après avoir fait la moyenne de ce qu’elle est prête à payer, de ce qu’elle peut payer et de ce qu’elle estime être le tarif le plus juste.

Il est également possible de payer très peu et de reverser un tip une fois devenu·e riche (surtout si ma correction y est un peu pour quelque chose :p).

La seule contrainte à cette offre beaucoup-trop-belle-pour-être-vraie est liée au délai. Ma situation financière m’obligeant à privilégier le travail rémunéré, les commandes à prix libre les moins payées seront en bas de l’échelle des priorités. Cela implique que, à moins que je n’aie aucune autre commande en cours, mes interventions sur le manuscrit se feront de façon brève et sporadique (ce qui veut dire une correction lente, mais active).

En gros, moins vous payez et plus ce sera long, dans un délai approximatif de trois ou quatre mois maxi (estimation non-contractuelle). Ce sera long, mais ce sera bon !


[1] Pour des raisons éthiques, je privilégie OnlyOffice, mais pour celleux qui le souhaitent, je peux également travailler sur Google Docs.

Publié dans écriture, décorticage, exercice d'écriture, narration

Exercice d’écriture : improviser ou renforcer un synopsis avec le Story Circle

J’ai récemment publié un article sur le Story Circle et son utilité pour éprouver son histoire autant que pour décortiquer les histoires des autres et mieux appréhender la façon dont elles ont été fabriquées. Je ne vais donc pas y revenir, il est maintenant temps de mettre en pratique et d’utiliser le Plot embryo (ou Story Circle) dans cet exercice d’écriture en deux temps.

Premier temps de l’exercice d’écriture : un peu de décorticage littéraire

Puisque le Plot Embryo nous offre deux possibilités et que choisir, c’est renoncer, j’ai décidé que cet atelier serait double ou ne serait pas.

Pour cette première partie, il suffit de choisir une histoire parmi celles que vous connaissez. Livre, film, série, jeux vidéo… Peu importe. Choisissez l’histoire que vous voulez décortiquer et appliquez-lui le Story Circle comme Lilwen Morrigane l’a fait avec « Hunger games » et « Breaking bad ».

Le Story circle de Dan Harmon
Le Story circle de Dan Harmon Jameswerver, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
  1. La zone de confort
  2. Le désir/besoin
  3. L’entrée dans une situation inhabituelle
  4. L’adaptation
  5. L’obtention
  6. Le prix à payer
  7. Le retour
  8. Le changement

Quand vous avez fini, passez à la suite, ou choisissez une autre histoire et recommencez.

Second temps de l’exercice d’écriture : éprouver/improviser le synopsis d’une histoire en s’appuyant sur le Story Circle

Pour cette seconde phase de l’exercice, vous avez deux options :

Vous avez une histoire en cours de création

Dans ce cas, appliquez le Story Circle à votre histoire et voyez comment cet outil narratif peut vous aider à la consolider.

Vous n’avez pas d’histoire en cours de création

Si vous n’avez aucun projet sur le feu, utilisez le Plot Circle pour improviser le synopsis d’une histoire.

Créez un personnage et placez le dans une situation initiale simple. Vous pouvez vous servir d’archétypes pour démarrer plus rapidement. Ensuite, en vous aidant du Plot Embryo, développez un scénario cohérent et inspirant (qui vous inspire et/ou vous amuse).

Et après ?

Une fois l’exercice fini, si votre histoire vous laisse indifférent·e, vous pouvez en rester là. En revanche, si la base que vous avez créée vous semble intéressante et que vous avez envie d’approfondir, n’hésitez pas à reprendre votre synopsis depuis le début pour faire toutes les corrections et modifications que vous jugerez nécessaires pour affiner et étoffer cette histoire.

Publié dans écriture, décorticage, narration

« The Royals », une série mauvaise, mais formatrice

Petit plaisir coupable : j’ai commencé ce week-end la série « The Royals » et, bien que j’aie vite trouvé ça nul, j’ai avalé la saison 1 au mépris de mon quota de sommeil. Avalé comme on avale un MacDo (j’en mange plus depuis longtemps, mais vous voyez l’idée), en sachant que c’est de la merde, mais après tout, de temps en temps, ça fait pas de mal. Et puis, une daube, c’est aussi formateur qu’un chef d’œuvre.

Je m’excuse d’avance auprès de celles et ceux qui ont aimé la série pour le mal que je vais en dire.

« The Royals », une mauvaise série dont on tire de bonnes leçons (de narration)

« The Royals« , c’est une série sur une famille royale britannique alternative, mais dans notre monde à nous (comme disait Calo quand il chantait avec Les Charts).

Là où ça coince d’emblée, c’est qu’il n’y a rien de britannique dans la série, au point que je me suis dit : « c’est pas possible que ça soit une série anglaise ». Bingo ! C’est une série américaine. Avec toute la subtilité que ça implique.

La série "The Royals"
« The Royals », une leçon de narration « à ne pas reproduire chez soi »

Il n’y a rien qui va dans cette série. Des décors aux costumes en passant par le jeu des acteurices, la pauvreté des dialogues ou encore la romance toxique et la culture du viol. J’en veux pour preuve le rouge intense typique des tapis, tentures et autres tissus d’ameublement de la royauté qui est remplacé par un rouge fuchsia cheapos qui confère une ambiance Barbie Kitsch à un palais qui n’avait déjà rien de British.

Et que dire de l’intrigue, aussi inspirée qu’une chanson de Vianney. C’est pas dur, chaque épisode nous éloigne un peu plus de The Crown (dont on était déjà à des années lumières) pour nous rapprocher un peu plus de Pretty little liars (autre plaisir coupable que j’avais fini par lâcher parce que, putain, ça n’en finissait jamais).

La reine d’Angleterre, interprétée par Liz Hurley, n’a rien d’une reine et n’a rien d’anglais. Elle fleure bon la pétasse et l’Amérique et passe son temps à bitcher sa fille tout en se tapant la moitié du palais, pendant que ladite fille se tape l’autre moitié (même s’il arrive que l’une empiète sur la moitié de l’autre).

La fille est une princesse trash qui passe son temps à se camer et à se complaire dans des relations toxiques largement dominées par le sexe pas toujours très consenti.

Le fils est un mélange pas subtil de la blondeur sage et candide de William et de la rebelle et fêtarde attitude d’Harry, avec comme résultat un prince insipide qui oscille entre deux personnalités sans faire honneur ni à l’une ni à l’autre. On ne crache toutefois pas sur la multitude de plans sur sa gueule d’ange.

Que dire du frère du roi, un dépravé qui abuse des bonnes, de la came et de la corruption et qui jalouse et convoite le trône de son frère tout en étant fringué comme le bouffon du roi. Je ne parlerai même pas de ses deux filles, qui sont finalement peut-être la plus grande réussite de la série.

Le flegme et l’élégance britanniques vus par les Américains, ça donne une série cheap qui tient plus du teen movie que de la série historique et qu’on regarde avec délice et culpabilité en se disant « Allez, je ferai attention demain ».

Un demain qui pourrait arriver plus vite que prévu, parce que j’ai commencé la saison 2 et je vous préviens, ça ne va pas en s’arrangeant !

Mais tout n’est pas à jeter dans les séries de merde, pour peu qu’on arrive à les regarder.

Apprendre de ses erreurs ? Ou de celles des autres !

Et oui, l’observation et le décorticage d’une création de mauvaise qualité nous en apprend autant que celle d’un chef d’œuvre, que ce soit en peinture ou en narration.

Parce qu’apprendre à reconnaître ce qui ne fonctionne pas, c’est aussi précieux que de savoir identifier ce qui marche. Et puis, quitte à apprendre des erreurs, autant gagner du temps et apprendre de celles des autres !

Dans « The Royals », bien que tout soit plus ou moins nullos, le plus gros fail de la série, c’est la crédibilité de son univers. Si cela avait été un royaume fictif, ça aurait peut-être pu passer. Mais quand on déclare que son histoire se déroule au palais d’Angleterre, tout alternatif qu’il est, ça suscite quelques attentes et ici, le contrat n’est pas du tout rempli.

On voit que le sujet n’a pas été bossé, que les Américains n’y connaissent putain rien à l’Angleterre et à la monarchie, et que cette série relève plutôt du fantasme d’un ignorant (so Trump !).

Le souci, c’est que quand læ spectateurice/lecteurice ne croit pas à l’univers, iel ne croit pas à l’histoire. Il est donc crucial de bosser son sujet et de faire des recherches, le cas échéant. Parce qu’un détail peut faire décrocher.

Le décorticage littéraire, une bonne excuse pour mater des séries de merde sans culpabiliser

On pourrait aussi tirer des leçons de cette série sur les dialogues, le développement des personnages et la construction d’une intrique, mais l’idée de cet article, en dehors de bitcher un peu sur la série, c’est surtout de souligner le fait que les créations de mauvaise qualité peuvent être aussi formatrices que celles qui nous fascinent et nous font rêver.

Pour terminer, j’ajouterai que même dans une œuvre de qualité, on peut relever des défauts, des fragilités, des « ah moi, c’est pas comme ça que j’aurais fait » qui sont autant de leçons à tirer et à retenir pour nos propres créations.

Publié dans écriture, exercice d'écriture, jeu de rôle

Exercice d’écriture basé sur « Gazette ta life », un jeu de rôle pour rendre le quotidien sensationnel

Ce n’est un secret pour personne, je trouve que le jeu de rôle est un excellent support de création et d’écriture. Et comme j’aime autant faire écrire qu’écrire moi-même, je résiste rarement à l’opportunité de proposer un outil facilitateur d’écriture ludique. Après Fracture, laissez-moi vous présenter « Gazette ta life », un petit jeu de rôle pour écrire en s’amusant.

Le jeu de rôle pour stimuler l’écriture et la créativité

Pour celles et ceux qui me connaissent, c’est tout sauf un scoop, mais pour les autres, sachez que j’ai une conviction que je partage avec de nombreuses personnes et que je m’en vais vous clamer haut et fort :

Le jeu de rôle est un formidable support de création et d’écriture.

Qu’il soit textuel, vidéo ou « sur table », il permet aux joueureuses de créer des univers, des personnages et des histoires qui peuvent servir de base pour développer des fictions plus abouties.

Il ne manque plus qu’une intention, un propos, et on aura alors tous les ingrédients pour une histoire capable de faire vibrer.

« Gazette ta life », ma participation au concours « Un petit JDR 2024 » 

C’est avec cette conviction chevillée au corps et l’envie de faire écrire qui m’anime depuis toujours que j’ai créé « Gazette ta life » pour le concours « Un petit JdR » 2024.

Petit parce que la consigne du concours était de ne pas dépasser les 500 mots. L’autre consigne, c’était le thème de cette édition, qui était « quotidien ». J’ai choisi de mêler deux définitions du mot, en prenant le quotidien journalistique pour la forme et le quotidien de læ joueureuse pour le contenu.

Le but de ce JdR solo de type journaling est avant tout de trouver du plaisir dans la créativité que le support permet, en parodiant le quotidien pour le dédramatiser, mais aussi pour en garder une trace, pour soi ou pour transmettre.

Dans le pdf du jeu, j’ai principalement donné des exemples qui permettent de tourner en dérision le quotidien et les moments insignifiants ou difficiles qu’il peut nous faire vivre, mais on pourrait aussi bien glorifier les premiers pas du petit dernier façon article épique de journal sportif, ou réaliser une chronique gastronomique à propos du sandwich avalé pendant la pause déjeuner.

Cela permet par exemple de prendre de la distance vis à vis d’un évènement pénible de la journée, ou de donner du relief et du piquant à une journée atrocement morne et banale.

On pourrait également imaginer un parent qui consignerait chaque jour un moment de la journée de son enfant depuis sa naissance (de l’enfant ou du journal), comme autant de souvenirs anodins et précieux à conserver ou à lui transmettre plus tard (imaginez votre enfant qui « hérite » de votre gazette à votre mort et qui découvre vos articles, chroniques, dessins et autres photos des moments les plus insignifiants et les plus glorieux de sa vie que vous avez recueillis chaque jour pendant toutes ces années avec soin et amour).

Un journal intime journalistique
Illustrer son journal intime journalistique

Votre gazette peut être légère et parodique ou grave et cathartique. Elle peut durer une semaine ou dix ans. C’est à chacun d’en faire ce qu’iel veut, le but étant avant tout de stimuler la créativité en s’amusant avec le contenu, mais aussi avec la forme (illustrations, collages, rubriques annexes…). Je ne vais toutefois pas développer ici les possibilités cosmétiques, que chacune et chacun adaptera à ses propres envies et compétences.

La sécurité émotionnelle

Attention ! Même si l’objectif est d’extérioriser un évènement pour le mettre à distance, choisir un moment de votre journée qui vous a procuré une vive émotion peut la raviver et créer une insécurité émotionnelle. Le mythe de l’écrivain·e puisant son talent dans la souffrance a beau avoir la vie dure, je pense au contraire que c’est dans le plaisir qu’on crée le mieux.

C’est à vous de gérer votre propre sécurité émotionnelle et de savoir jusqu’à quel point vous êtes prêt·e, ou pas, à vous confronter à des moments et des émotions difficiles.

L’exercice du jour : une partie de « Gazette ta life »

Pour cet exercice, je vous propose de vous servir du jeu de rôle « Gazette ta life » et de vous mettre dans la peau d’un·e journaliste de votre choix (sportif, économique, investigation, faits divers, people…).

Choisissez un évènement de votre journée, banal ou exceptionnel, qui vous a rendu heureux·se, triste ou mis·e en colère et que vous souhaitez exorciser, magnifier ou célébrer.

Une fois le moment de votre journée choisi, faites-en un article journalistique avec le ton de votre choix. Agrémentez – ou non – votre gazette avec des illustrations, des collages, des rubriques annexes et tout ce qui vous permet d’exprimer votre créativité et de ressentir du plaisir.

Écrivez bien, et surtout, amusez-vous !

Publié dans écriture, narration

Le « Plot embryo », un outil narratif pour construire des histoires

Pour cet article, je dois avant tout remercier Lilwen Morrigane, mon amie et collègue autrice, et sa lettre d’information « L’Imaginarium de Lilwen Morrigane », que je vais simplement me contenter de résumer tout en vous invitant à la lire et à vous y abonner.

L’outil narratif que je vous présente dans cet article est un peu dans la veine des décorticages littéraires que je propose quelquefois. En effet, il permet à la fois de décortiquer des textes pour en appréhender le fonctionnement, et de créer des histoires en proposant un cadre narratif circulaire largement éprouvé et donc, redoutablement efficace.

Le « Plot embryo », un schéma narratif pour faciliter la création d’histoires

Cet outil narratif, qu’on trouve aussi sous le nom de « Story circle », est un dérivé du fameux « voyage du héros », bien connu de toutes celles et tous ceux qui veulent appréhender les codes narratifs et écrire de belles histoires.

Contrairement à ses cousins qui proposent un schéma narratif linéaire, le Story Circle est un outil d’écriture qui permet de créer une boucle narrative qui va de la « zone de confort » du personnage principal (la situation initiale) à la transformation opérée par son parcours en passant par moult péripéties aux conséquences plus ou moins graves.

Il s’applique à l’intrigue globale d’une histoire, mais également aux intrigues secondaires, ce qui permet de donner à coup sûr du relief aux personnages principaux et secondaires en leur conférant des désirs, des besoins et des obstacles.

Le Story Circle, un schéma narratif en huit étapes

Le Story circle de Dan Harmon
Le Story circle de Dan Harmon Jameswerver, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Les huit étapes de cette trame narrative proposent un schéma efficace pour construire une histoire riche. Toutefois, rien de nouveau sous le soleil, le Story Circle ou Plot Embryo ou Voyage du héros ou quel que soit son nom, n’est jamais qu’une version plus ou moins détaillée du bon vieux schéma narratif qu’on apprend à l’école primaire.

  1. La zone de confort = situation initiale
  2. Le désir/besoin = élément perturbateur
  3. L’entrée dans une situation inhabituelle = péripéties
  4. L’adaptation = péripéties
  5. L’obtention = péripéties
  6. Le prix à payer = point culminant
  7. Le retour = dénouement
  8. Le changement = situation finale

Tout comme Lilwen Morrigane dans l’article qui m’a servi de base pour celui-ci, vous pouvez vous amuser à appliquer ce schéma narratif à vos films, livres, jeux vidéo et séries préférées. Cet exercice de décorticage narratif vous permettra non seulement de vérifier son usage et son utilité, mais également de bien en comprendre le fonctionnement et de vous l’approprier pour produire des récits.

Le Plot Embryo appliqué à « Le dernier pas »

« Le dernier pas », c’est une série littéraire que j’ai écrite pour Rocambole. Une romance qui se veut dans les clous du genre tout en essayant de se défaire de ce côté guimauve qui peut avoir tendance à m’agacer.

Je l’ai écrite « au feeling », comme une bonne jardinière qui se respecte. Depuis, je me suis formée, j’ai appris, j’ai travaillé et évolué, tel un Pokemon, pour devenir une sorte de paysagiste, compromis contre-nature pourtant très répandu entre le jardinier et l’architecte.

Pour illustrer cet article et éprouver mes compétences de l’époque, je lui ai appliqué le schéma narratif du Story Circle, à mes risques et périls.

  1. La zone de confort

Ça commence mal, puisque Clotilde, le personnage principal, est dès le début de l’histoire dans  l’inconfort le plus total. Bien que mal à l’aise, elle est toutefois dans une situation initiale classique, puisqu’elle rabâche contre le patriarcat pendant que sa mère la rembarre.

  1. Le désir/besoin

S’émanciper, en tant que femme, des attentes de la société à son égard

  1. L’entrée dans une situation inhabituelle

Elle flirte avec Sékou, un invité, au cours d’une danse. Elle le revoit par hasard lors d’un dîner.

  1. L’adaptation

Clotilde doit faire face au désir de cet homme et à son propre désir.

  1. L’obtention

Ils finissent par quitter le dîner et passent la nuit ensemble

  1. Le prix à payer

Clotilde a caché à Sékou le fait qu’elle était en couple. Elle quitte son compagnon, qu’elle n’aime plus, et perd Sékou, qui se sent trahi et manipulé. Le cœur brisé, elle essaie de surmonter son désespoir.

  1. Le retour

Apaisée et entourée, Clotilde a repris le dessus. Jusqu’à ce qu’elle croise à nouveau Sékou par hasard chez des amis communs. Face à ses reproches, elle explose. Le couple s’isole pour une franche explication. Clotilde balance ses quatre vérités à Sékou et part sans demander son reste, le laissant comme deux ronds de flan. Bien que toujours amoureuse, elle est libérée de la pression, de la culpabilité et des attentes des autres.

  1. Le changement

Sékou revient dans sa vie. Tous deux peuvent enfin s’exprimer librement avec sincérité et laisser une nouvelle chance à leur histoire.

Ma foi, je m’en étais pas si mal sortie !

Conclusion

Le Story Circle, ou Plot Embryo, est un outil narratif intéressant pour encadrer et faciliter la création d’histoire. Il peut également servir à décortiquer les histoires déjà connues pour comprendre comment elles fonctionnent et comment on peut soi-même les construire, un peu à la manière d’un mécanicien ou d’une horlogère qui démonte un mécanisme pour en comprendre les rouages et comment le construire et le réparer.

Publié dans Lecture

« Sans un mot », une mini-romance disponible en e-book sur le shop Vivlio

Je vous ai déjà parlé de mon e-book « Le dernier pas », disponible sur le shop Vivlio, de « Phase terminale« , en auto-édition sur Bookelis, mais je n’avais pas encore fait d’article dédié pour ma mini-série « Sans un mot », qui est également sur le shop Vivlio au prix tout doux de 0,99€.

Une courte romance légèrement expérimentale

« Sans un mot » est une mini-série en 5 épisodes qui m’est venue de ce qu’il peut parfois rester au petit matin d’un rêve dont on ne se souvient qu’à moitié. Sans intrigue à proprement parler, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre, une tranche de vie dans le quotidien tourmenté d’une quadra divorcée en mal d’estime de soi.

La couverture de l'e-book "Sans un mot"
La couverture de « Sans un mot »

C’est l’histoire de Jeanne, qui suit sans grande envie Zoé, sa meilleure amie, à une soirée. Alors qu’elle a du mal à faire semblant d’apprécier les abrutis qui rodent autour de Zoé, elle croise le regard pénétrant d’un homme troublant.

Quand, sans un mot, il saisit sa main et l’entraîne dans la nuit, elle le suit sans réfléchir, sur la seule promesse qu’elle a lue dans ses yeux.

« Sans un mot », disponible en e-book sur le shop Vivlio

Si la présentation de cette courte romance vous a intrigué·e et que vous êtes curieux·se de la lire, elle est disponible au prix dérisoire de 0,99€.

Et si vous l’avez lue et qu’elle vous a plu (et même si elle ne vous a pas plu), n’hésitez pas à laisser un avis ici ou . Ça me fera plaisir de savoir qu’elle a été lue et ce que vous en avez pensé ^^

Publié dans écriture, exercice d'écriture, narration

Exercice d’écriture : multiplier les obstacles avec la Loi de Murphy

La fiction s’inspire largement de la Loi de Murphy
Periscope Film LLC, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

La Loi de Murphy est une des lois utilisées notamment pour améliorer la productivité et la gestion du temps. Elle énonce, à peu de choses près, que tout ce qui est susceptible de mal se passer se passera mal.

Cette loi et ses variantes m’ont donné envie de les détourner de leur cadre et de les utiliser pour booster la créativité et s’amuser avec l’écriture.

La Loi de Murphy

Je ne vais pas faire ici un cours sur la Loi de Murphy, Wikipédia fait ça bien mieux que moi. Je vais me contenter de la présenter brièvement, afin de voir les différentes possibilités qui s’offrent à nous en matière d’écriture.

La Loi de Murphy, et sa version nuancée en conception

La version la plus pessimiste de cette loi consiste à dire que « tout ce qui est susceptible de mal se passer se passera mal ».

Mais il existe une version plus nuancée qui est devenue une loi de conception :

« S’il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu’au moins l’une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu’un quelque part pour emprunter cette voie. »

En gros, les concepteurices doivent prendre en compte toutes les utilisations potentielles, même les plus stupides et les plus improbables, qu’un·e utilisateurice pourraient faire de leur création.

Poussée à son extrême, cette définition aurait une légère tendance à nous mener vers la comédie et la parodie. Mais dans une utilisation raisonnable de la règle, cela nous dit simplement que si une erreur menant à la catastrophe est possible, il y aura forcément quelqu’un pour la faire à un moment donné (qui peut faire ou ne pas faire partie de notre histoire ^^).

La réflexivité de la loi de Murphy, ses différents aspects et ses dérivés

L’article Wikipédia sur la Loi de Murphy en présente 4 aspects qui sont autant de pistes pour exploiter cette loi en écriture. On peut d’ailleurs trouver à la fin de l’article diverses œuvres de fiction qui font référence ou qui sont directement basées sur cette loi.

Ces aspects, ainsi que le principe de réflexivité et les dérivés de la Loi de Murphy, sont autant d’inspirations pour travailler ses textes et s’amuser avec l’écriture. Je vous les présente rapidement, mais je vous invite à lire l’article Wikipédia pour mieux apprécier toutes les nuances et possibilités qu’offre cette loi.

L’aspect humoristique

Tout foire tout le temps, quoi qu’on fasse, et souvent de la façon la plus inattendue et/ou (surtout) la plus absurde.

L’aspect statistique

Sur la quantité de personnes qui utiliseront un appareil, il en existe forcément une ou plusieurs qui auront une utilisation inattendue/inappropriée/idiote de cet appareil, ce qui conduira à une catastrophe (y a qu’à voir, par exemple, la quantité et la diversité des objets extraits de l’anus des gens aux urgences).

L’aspect cognitif

Un évènement négatif nous marque plus qu’un évènement positif et on aura plus facilement tendance à en parler moult fois dans la journée sans pour autant évoquer toutes les choses positives qui ont pu nous arriver (toutes ces fois où la Loi de Murphy ne s’est pas appliquée ! ).

L’aspect physiologique

Le stress induit par une première erreur a tendance à nous conduire vers un enchaînement d’erreurs. Surtout si un caractère d’urgence vient s’ajouter à une situation déjà compliquée.

La réflexivité de la Loi de Murphy

La Loi de Murphy s’applique à elle-même, ce qui donne quelque chose comme : ce qui pourrait mal tourner ne tournera pas forcément mal, surtout si on s’y attend. Et inversement : c’est quand on ne s’attend plus à rien que le pire arrive (classique, et tellement nécessaire pour raconter une bonne histoire ! ).

Je vous renvoie là aussi à l’article, qui explique mieux que moi ce principe de réflexivité et les applications qu’on peut en faire.

Les lois dérivées

Je ne vais pas non plus les détailler, mais je les cite rapidement, parce qu’elles ont un potentiel incroyable pour notre atelier d’écriture ludique ^^

La Loi de la tartine beurrée

Celle-ci est célèbre et ça marche aussi avec la confiture ! Transposée à n’importe quel autre sujet, ça peut ouvrir de belles possibilités.

La loi de la tartine beurrée, dérivée de la Loi de Murphy

La Loi de l’emmerdement maximum

Quand un ennui survient, il n’arrive jamais seul. Pas besoin que j’explicite  l’intérêt narratif de cette loi, pas vrai ?

L’effet démo

Un objet qui fonctionne bien connaîtra forcément une défaillance lors de sa présentation/démonstration. En France, il est connu sous le nom « effet Bonaldi », à cause des déboires récurrents de l’animateur pendant les émissions télévisées (l’effet Carmouze marcherait aussi).

La Loi du Fatal Error en informatique

Moins on sauvegarde, plus on a de risques que l’ordi/le programme plante.

L’effet groupe

Quand on joue seul ou avec des inconnus, on assure, mais dès qu’on joue avec des proches, on joue fatalement comme une merde. Imaginez Zidane se faire mettre à l’amende au foot par ses cousin-es.

L’exercice d’écriture de janvier : booster les obstacles du protagoniste avec la Loi de Murphy

Je suis sûre que vous voilà à présent aussi convaincu·e que moi du potentiel ludique et créatif de la Loi de Murphy et de toutes ses dérivées pour un exercice d’écriture amusant. C’est pourquoi je vous propose de nous inspirer de cette loi pour notre atelier du mois de janvier.

Vous pouvez partir du principe de base qui dit que tout ce qui est susceptible de mal se passer se passera mal, choisir une ou plusieurs variantes de la loi, insister sur un de ses 4 aspects ou préférer le principe de réflexivité pour rédiger votre texte.

Si toutes ces variantes vont dans le même sens, elles peuvent apporter une subtilité qui orientera votre texte vers un genre spécifique ou une direction plus/moins nuancée.

Par exemple, l’effet démo peut avoir un fort potentiel comique (ou tragique, selon la situation et les enjeux), alors que l’effet groupe peut conduire à un moment de grande tension (par exemple, dans un contexte comme Squid Games :s), voire d’humiliation pour le personnage et donner un texte plus dramatique (ou comique, encore une fois selon les enjeux et la situation).

Idem pour la Loi de l’emmerdement maximum, qui peut amener à une accumulation comique de déboires ou à une surcharge tragique d’évènements dramatiques.

Je me souviens par exemple avoir pleuré toutes les larmes de mon corps quand j’étais étudiante devant un téléfilm de la 6 dans lequel un couple pour qui tout allait bien se faisait contaminer par le SIDA, qu’iels transmettaient à leur bébé, et l’homme mourrait d’un cancer dû à sa séropositivité, bref, C’ÉTAIT L’HORREUR TOTALE !

L’exercice d’écriture

Commencez par définir votre situation initiale et amusez-vous en infligeant toutes les catastrophes possibles à vos personnages dans un crescendo d’imprévus et de bévues. Faites dégénérer des situations toujours plus improbables et explorez mille et un obstacles qui seront autant de façons de faire évoluer votre histoire.

Ne vous souciez pas encore de trouver des solutions, cela fera probablement l’objet d’un prochain exercice :p

Publié dans écriture, Lecture

Grâce à l’autoédition, « Phase Terminale » est maintenant disponible en e-book

Après avoir laissé une chance à quelques maisons d’édition de publier « Phase terminale« , et après avoir essuyé 100% de refus, j’ai décidé de laisser une chance à « Phase terminale » de vivre sa vie en auto-édition. L’e-book est donc disponible depuis quelques semaines sur Bookelis.

«Phase terminale», un roman sombre

« Phase terminale  » est un drame social parti d’une réflexion, dans ma jeunesse, sur comment je réagirais à l’annonce d’un cancer. J’ai commencé à imaginer une histoire et j’ai fini par la coucher sur le clavier grâce aux NanoWriMo 2016 et 2017.

Couverture de l'e-book "Phase terminale"
Couverture de l’e-book « Phase terminale« 

Pour résumer très grossièrement, c’est l’histoire d’une jeune femme, volontairement sans nom ni visage, à qui on diagnostique un cancer du sein.

Choquée par la nouvelle, elle plaque tout pour gérer seule la maladie et, surtout, son traitement. Pour apaiser les douleurs et les nausées, elle se tourne vers le cannabis.

Rapidement à court d’argent, elle passe un accord avec son dealer qui devient également son souteneur.

De mauvais choix en mauvaises rencontres, elle va vivre une lente et douloureuse descente aux enfers dans un monde où plus les femmes sont vulnérables, plus elles sont des proies.

C’est un livre difficile qui ne convient sans doute pas aux âmes sensibles. Il traite de nombreux sujets délicats, dont bien évidemment la maladie et la prostitution, mais également de rapports sexuels non consentis et d’agressions sexuelles, d’auto-destruction et d’addiction.

Dans toute cette obscurité, notre cancéreuse pute camée aura sa petite parenthèse enchantée, une lueur d’espoir incarnée par un serveur rencontré le jour de son diagnostic.

Se procurer «Phase terminale»

« Phase terminale » est disponible au format e-book sur Bookelis au prix de 2€99. Il est possible de lire le début du roman pour se faire une idée avant de décider s’il mérite que vous lâchiez 3 balles.

Publié dans écriture, narration

Arc narratif : la rédemption du méchant

méchant clown tueur
Un méchant en quête de rédemption ? Image de freepik

C’est, avec la « prédestination » en romance, un de mes arcs narratifs préférés, parce qu’il me redonne un peu de foi en l’humanité et me leurre de ce doux espoir que même les plus pourri·es peuvent réaliser leurs erreurs, demander pardon pour leurs crimes et vouer le reste de leur vie à tenter de racheter des fautes qu’iels n’effaceront jamais.

C’est un arc puissant qui résonne en beaucoup d’entre nous, car on a toustes été un jour victime ou bourreau ou les deux et, dans les deux cas, si on a une âme, la soif de pardon est immense.

Je ferai rapidement une distinction entre le bon méchant et le mauvais méchant selon moi, même si l’idée est plutôt tenter de présenter un des arcs narratifs que l’on peut suivre pour donner de la profondeur au méchant en en faisant plus qu’un simple accessoire. Quand c’est réussi, le méchant peut devenir un des protagonistes de l’histoire et parfois même un des personnages préférés.

Le bon méchant et le mauvais méchant

On observe souvent en fiction deux types de méchants. Les méchants accessoires, qui sont généralement caricaturaux et inintéressants, et les méchants qui sont de véritables personnages, avec ces désirs et des besoins qui percutent ceux des protagonistes.

Le méchant « accessoire »

Le méchant accessoire est une facilité scénaristique, un outil pour empêcher artificiellement læ protagoniste d’avancer et pour læ faire briller en mettant en avant son éthique, son courage et sa bienveillance face à un·e méchant·e souvent réduit·e à un problème mental (du genre psycho-sociopathe).

En plus d’être légèrement psychophobe sur les bords, cette façon de faire est narrativement pauvre et fait du méchant un personnage sans profondeur contre lequel on se positionnera sans aucune réflexion ou remise en question de quoi que ce soit face à un traitement manichéen d’une intrigue banalement affligeante.

Le « personnage » méchant

Évidemment, le méchant « accessoire » est un personnage pourri qui appauvrit l’histoire en n’apportant aucune nuance ni aucun questionnement. Un bon méchant, selon moi, est toujours un être « humain » (je mets des guillemets parce que je parle d’humanité de l’âme, mais les extra-terrestres et les loutres sont les bienvenues) qu’on peut comprendre (sans excuser) et aimer.

Pour résumer très grossièrement, le méchant est réussi quand il est simplement un personnage. Il doit susciter de l’empathie, provoquer des émotions, des questionnements, remettre en question l’éthique et les motivations du personnage principal… Un bon méchant n’est condamnable que pour ses actes, qu’on ne pardonnera pas, mais qu’on doit malgré tout pouvoir comprendre.

Deux exemples pour illustrer l’arc de rédemption

Pour illustrer mon propos sans avoir à le théoriser en un milliard de signes que je n’ai aucune envie d’écrire et que vous n’avez aucune envie de lire, je vais parler des deux principaux exemples qui m’ont donné à réfléchir sur le sujet et donné envie de partager cette réflexion avec celleux qui le voudraient.

Attention SPOILERS, donc si vous n’avez pas vu ces séries et que vous comptez les voir, revenez après les avoir vues ^^

Ruth ( Snowpiercer)

Dans le Snowpiecer, Ruth est, au début de la série, la cheffe du personnel de bord. C’est en gros la larbine en cheffe et, toute grisée qu’elle est par ce pouvoir, elle flambe sévère. À tel point que quand elle se rend dans le wagon de queue, où s’amassent les passager·ères clandestin·es du train, c’est en reine cruelle et intraitable qui n’hésite pas à exercer sa supériorité et son pouvoir pour annihiler les plus faibles.

Pour la faire courte, elle doit punir une passagère pour je ne sais plus quelle faute et pour ce faire, c’est pas dur, on lui fait passer le bras par un trou dans la paroi du train, ce qui gèle immédiatement ledit bras, qu’il est ensuite aisé d’arracher et de mettre en miettes. La punition est bien évidemment injuste et disproportionnée et a lieu devant la fillette de la criminelle, qui décède des suites de son amputation.

Quand Ruth finit par se frotter à la réalité, elle retrouve son âme et son humanité. Elle devient alors un pilier de la résistance et fait un émouvant mea culpa auprès de la fillette, qui finit par se raccrocher à la bourreau de sa mère.

Si Ruth redevient très vite secondaire, sa prise de conscience et la transformation qui en découle sont un des moments forts de l’ histoire et me semblent bien plus intéressants que les égarements lascifs de j’ai oublié son nom, diva chanteuse masochiste trop heureuse d’avoir quitté un pervers narcissique psychopathe, puis de le retrouver (sa romance avec la fliquette sera bien plus intéressante et trop vite expédiée).

 Negan ( The walking dead)

Grand méchant par excellence, Negan est un exemple parfait du propos que j’essaie d’exprimer. Même quand il est la pire des ordures, qu’il opprime et abuse de ses sujets, il est dans une optique de protection. Oui, il abuse de ses privilèges, mais il fait aussi ce qui lui semble nécessaire pour assurer la protection et la survie de son groupe.

Je vous renvoie à Machiavel et ses théories sur le pouvoir et la façon de l’exercer, que je ne connais moi-même que vaguement via un podcast (2000 ans d’Histoire, il me semble). Pour résumer très grossièrement, le bien commun nécessite parfois de chier sur l’éthique et la morale, ce que fait très bien Negan, avec une vision très personnelle du bien commun.

Sa rencontre avec Carl, gamin exaspérant à qui on a envie de coller deux claques (mais qui pourrait lui en vouloir quand il a fallu qu’il euthanasie lui-même sa mère d’une balle…), fait renaître en lui une once d’humanité qui germe et pousse gentiment jusqu’à ce que Rick lui-même embrasse les aspirations pacifistes et humanistes de son fils maintenant décédé et exerce son droit de vie sur Negan plutôt que son droit de mort.

Ses années de taule et ses conversations avec Judith finissent de faire grandir cette belle fleur qu’avait semée Carl. Negan sait qu’il ne pourra pas racheter ses crimes (snif Glenn et Abraham), mais sa quête de rédemption lui fera faire tout ce qu’il est possible de faire pour rééquilibrer la balance du bien et du mal.

Même si ses méthodes restent discutables et expéditives (monde post-apo infesté de zombies et d’enflures oblige) et qu’il agit toujours pour le bien de son groupe, il n’écarte plus son humanité et a à présent une certaine conscience du bien et du mal. Il ressent surtout la culpabilité, le remord et la souffrance qu’il a causée et, tout assoiffé de pardon qu’il est, essaie de renverser la vapeur non pas par les mots, mais par les actes.

En conclusion

Le pardon se mérite et pour l’obtenir, il faut le vouloir, mais aussi le demander, par les mots et par les actes. Voir un monstre réaliser l’ampleur de ses crimes et chercher à les expier pour le reste de sa vie est aussi bouleversant (plus ?) que de voir un personnage intègre s’évertuer à rester dans le droit chemin malgré ce que cela peut lui coûter.

L’arc de la rédemption est un arc narratif puissant qui permet de creuser l’humanité du méchant, de le nuancer et d’en faire un personnage à part entière plutôt qu’un simple accessoire en toc. Il nous aide à remettre en question nos certitudes et entraîne une réflexion plus nuancée sur le bien et le mal.

Il fait du méchant un personnage qui fait réfléchir au lieu d’en faire un bouc-émissaire de notre bien-pensance.

Publié dans écriture, exercice d'écriture

Exercice d’écriture : un roman photo

Des bulles de BD
Des bulles de BD pour un roman photo Image de freepik

Pour mon boulot alimentaire, je passe souvent sur les banques d’images libres de droit pour illustrer les textes que je rédige. La qualité varie beaucoup selon les sites et les images et j’en trouve parfois qui m’évoquent les romans-photos du magazine Nous Deux (que j’ai souvent feuilleté dans les toilettes chez mes parents).

C’est ce qui m’a inspiré cet exercice d’écriture.

Brève présentation de ce qu’est un roman-photo

Un roman-photo, pour celles et ceux qui ne connaissent pas, c’est comme une BD, mais avec des photos. Ceux que j’ai lus venaient exclusivement du magazine Nous Deux, un magazine de romans-photos et de nouvelles à l’eau de rose dignes d’Arlequin (sans couettes et sans batte).

Les scénarios de ces romans-photos sont très basiques et le ton est tragico-romantique à souhait. Quant aux photos, elles sont mauvaises, avec un manque criant de naturel tant on voit les modèles tenir la pose pendant que læ photographe ajuste son objectif, sa luminosité ou que sais-je. Vous parlé-je des dialogues et des encarts de texte dont seuls les soaps à la Santa Barbara ou les Feux de l’amour ont le secret ?

Vous l’aurez compris, ces romans-photos n’ont à mes yeux que l’intérêt de pouvoir meubler le temps que je passe aux cabinets. Je ne le nie pas, ils ont parfois eu la capacité de prolonger la séance, accaparant mon attention comme peuvent le faire une série de shorts Youtube ou de TikTok sans intérêt

Les images libres de droit

J’ai un peu écumé les sites comme Freepik pour trouver des illustrations pour les textes que j’écris pour mon job alimentaire. Soyons honnêtes, pour les images comme pour le reste, la qualité est meilleure quand on y met le prix, même si certaines images gratuites peuvent largement faire l’affaire.

Toutefois, les images de ce genre de sites sont parfois si fake (vous savez, ce groupe de 4-5 personnes qui essaient désespérément de nous faire croire en levant haut les bras qu’elles sont des dizaines et que c’est la méga teuf) qu’elles m’ont souvent rappelé Nous Deux et ces fameux romans-photos.

Ces pestes… Elles sont encore en train de se moquer de moi. Je souffre, mais je dois faire comme si de rien. Image de freepik

Au point que je me dis à chaque fois que ça pourrait être marrant de les utiliser pour faire à mon tour un roman-photo (parodique, of course).

L’exercice d’écriture de mai-juin-juillet : écrire un roman-photo

C’est à partir de cette envie que j’ai eu l’idée de proposer cet exercice d’écriture. Pour le réaliser, il suffit de trouver des images qui vous inspirent et/ou vous amusent, de les agencer pour en faire une histoire et d’y ajouter des récitatifs (j’ai fait une recherche sur la composition d’une case de BD pour choper ce mot) et des bulles de dialogue.

Vous pouvez réaliser un roman-photo numérique, mais vous pouvez bien évidemment aussi utiliser le collage à partir de magazines, programmes télé, etc si vous préférez un support papier !

N’hésitez pas à me partager vos œuvres sur Discord ou sur Mastodon, je suis curieuse de voir vos créations !