La fiction s’inspire largement de la Loi de Murphy
Periscope Film LLC, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
La Loi de Murphy est une des lois utilisées notamment pour améliorer la productivité et la gestion du temps. Elle énonce, à peu de choses près, que tout ce qui est susceptible de mal se passer se passera mal.
Cette loi et ses variantes m’ont donné envie de les détourner de leur cadre et de les utiliser pour booster la créativité et s’amuser avec l’écriture.
La Loi de Murphy
Je ne vais pas faire ici un cours sur la Loi de Murphy, Wikipédia fait ça bien mieux que moi. Je vais me contenter de la présenter brièvement, afin de voir les différentes possibilités qui s’offrent à nous en matière d’écriture.
La Loi de Murphy, et sa version nuancée en conception
La version la plus pessimiste de cette loi consiste à dire que « tout ce qui est susceptible de mal se passer se passera mal ».
Mais il existe une version plus nuancée qui est devenue une loi de conception :
« S’il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu’au moins l’une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu’un quelque part pour emprunter cette voie. »
En gros, les concepteurices doivent prendre en compte toutes les utilisations potentielles, même les plus stupides et les plus improbables, qu’un·e utilisateurice pourraient faire de leur création.
Poussée à son extrême, cette définition aurait une légère tendance à nous mener vers la comédie et la parodie. Mais dans une utilisation raisonnable de la règle, cela nous dit simplement que si une erreur menant à la catastrophe est possible, il y aura forcément quelqu’un pour la faire à un moment donné (qui peut faire ou ne pas faire partie de notre histoire ^^).
La réflexivité de la loi de Murphy, ses différents aspects et ses dérivés
L’article Wikipédia sur la Loi de Murphy en présente 4 aspects qui sont autant de pistes pour exploiter cette loi en écriture. On peut d’ailleurs trouver à la fin de l’article diverses œuvres de fiction qui font référence ou qui sont directement basées sur cette loi.
Ces aspects, ainsi que le principe de réflexivité et les dérivés de la Loi de Murphy, sont autant d’inspirations pour travailler ses textes et s’amuser avec l’écriture. Je vous les présente rapidement, mais je vous invite à lire l’article Wikipédia pour mieux apprécier toutes les nuances et possibilités qu’offre cette loi.
L’aspect humoristique
Tout foire tout le temps, quoi qu’on fasse, et souvent de la façon la plus inattendue et/ou (surtout) la plus absurde.
L’aspect statistique
Sur la quantité de personnes qui utiliseront un appareil, il en existe forcément une ou plusieurs qui auront une utilisation inattendue/inappropriée/idiote de cet appareil, ce qui conduira à une catastrophe (y a qu’à voir, par exemple, la quantité et la diversité des objets extraits de l’anus des gens aux urgences).
L’aspect cognitif
Un évènement négatif nous marque plus qu’un évènement positif et on aura plus facilement tendance à en parler moult fois dans la journée sans pour autant évoquer toutes les choses positives qui ont pu nous arriver (toutes ces fois où la Loi de Murphy ne s’est pas appliquée ! ).
L’aspect physiologique
Le stress induit par une première erreur a tendance à nous conduire vers un enchaînement d’erreurs. Surtout si un caractère d’urgence vient s’ajouter à une situation déjà compliquée.
La réflexivité de la Loi de Murphy
La Loi de Murphy s’applique à elle-même, ce qui donne quelque chose comme : ce qui pourrait mal tourner ne tournera pas forcément mal, surtout si on s’y attend. Et inversement : c’est quand on ne s’attend plus à rien que le pire arrive (classique, et tellement nécessaire pour raconter une bonne histoire ! ).
Je vous renvoie là aussi à l’article, qui explique mieux que moi ce principe de réflexivité et les applications qu’on peut en faire.
Les lois dérivées
Je ne vais pas non plus les détailler, mais je les cite rapidement, parce qu’elles ont un potentiel incroyable pour notre atelier d’écriture ludique ^^
La Loi de la tartine beurrée
Celle-ci est célèbre et ça marche aussi avec la confiture ! Transposée à n’importe quel autre sujet, ça peut ouvrir de belles possibilités.
La loi de la tartine beurrée, dérivée de la Loi de Murphy
La Loi de l’emmerdement maximum
Quand un ennui survient, il n’arrive jamais seul. Pas besoin que j’explicite l’intérêt narratif de cette loi, pas vrai ?
L’effet démo
Un objet qui fonctionne bien connaîtra forcément une défaillance lors de sa présentation/démonstration. En France, il est connu sous le nom « effet Bonaldi », à cause des déboires récurrents de l’animateur pendant les émissions télévisées (l’effet Carmouze marcherait aussi).
La Loi du Fatal Error en informatique
Moins on sauvegarde, plus on a de risques que l’ordi/le programme plante.
L’effet groupe
Quand on joue seul ou avec des inconnus, on assure, mais dès qu’on joue avec des proches, on joue fatalement comme une merde. Imaginez Zidane se faire mettre à l’amende au foot par ses cousin-es.
L’exercice d’écriture de janvier : booster les obstacles du protagoniste avec la Loi de Murphy
Je suis sûre que vous voilà à présent aussi convaincu·e que moi du potentiel ludique et créatif de la Loi de Murphy et de toutes ses dérivées pour un exercice d’écriture amusant. C’est pourquoi je vous propose de nous inspirer de cette loi pour notre atelier du mois de janvier.
Vous pouvez partir du principe de base qui dit que tout ce qui est susceptible de mal se passer se passera mal, choisir une ou plusieurs variantes de la loi, insister sur un de ses 4 aspects ou préférer le principe de réflexivité pour rédiger votre texte.
Si toutes ces variantes vont dans le même sens, elles peuvent apporter une subtilité qui orientera votre texte vers un genre spécifique ou une direction plus/moins nuancée.
Par exemple, l’effet démo peut avoir un fort potentiel comique (ou tragique, selon la situation et les enjeux), alors que l’effet groupe peut conduire à un moment de grande tension (par exemple, dans un contexte comme Squid Games :s), voire d’humiliation pour le personnage et donner un texte plus dramatique (ou comique, encore une fois selon les enjeux et la situation).
Idem pour la Loi de l’emmerdement maximum, qui peut amener à une accumulation comique de déboires ou à une surcharge tragique d’évènements dramatiques.
Je me souviens par exemple avoir pleuré toutes les larmes de mon corps quand j’étais étudiante devant un téléfilm de la 6 dans lequel un couple pour qui tout allait bien se faisait contaminer par le SIDA, qu’iels transmettaient à leur bébé, et l’homme mourrait d’un cancer dû à sa séropositivité, bref, C’ÉTAIT L’HORREUR TOTALE !
L’exercice d’écriture
Commencez par définir votre situation initiale et amusez-vous en infligeant toutes les catastrophes possibles à vos personnages dans un crescendo d’imprévus et de bévues. Faites dégénérer des situations toujours plus improbables et explorez mille et un obstacles qui seront autant de façons de faire évoluer votre histoire.
Ne vous souciez pas encore de trouver des solutions, cela fera probablement l’objet d’un prochain exercice :p