Publié dans écriture, exercice d'écriture

Exercice d’écriture : enrichir son texte en éliminant les adverbes

Je ne vais pas réexpliquer pourquoi les adverbes, c’est mal et pourquoi il faut les remplacer chaque fois qu’on le peut. C’est comme ça et pis c’est tout. Et s’il vous faut vraiment une raison, vous pouvez lire l’article dans lequel j’explique à peu près correctement comment on rend un texte meilleur en faisant la chasse aux adverbes.

L’exercice d’écriture : Les adverbes, attrapez-les tous !

On va donc passer directement à la consigne, qui se base sur le magnifique et très travaillé exemple que j’ai donné dans l’article en question :

« Il se pencha légèrement. ».

L’exercice se déroulera en deux temps.

Étape 1 : le contexte

Vous allez d’abord essayer d’imaginer un ou plusieurs contextes à cette phrase. Qu’est-ce qui se passe avant ? Pourquoi se penche-t-il ? Pourquoi légèrement ? Et que se passe-t-il ensuite ? Comme ça risque d’être marrant, vous pouvez en imaginer plusieurs, dans plusieurs genres littéraires différents.

Étape 2 : faire mieux

Je sais, étant donnée la phrase de départ, ça ne va pas être compliqué de faire mieux. Mais il y a sans doute plusieurs façons de le faire, surtout si vous avez imaginé plusieurs contextes possibles.

Prêt·e pour la chasse aux adverbes ?
Alors ? Ils sont où, ces putain d’adverbes ?!
Source : studio4rt sur Freepik

Vous allez donc reformuler cette phrase pour éliminer l’adverbe et la rendre plus intéressante sur les plans stylistique et narratif. Et ce, autant de fois que vous avez de contextes. Ou que vous avez d’idées. Ou les deux.

Le bon adverbe, c’est celui qu’on n’utilise pas

En imaginant des contextes possibles à cette phrase, on se rend compte de façon indiscutable de son affligeante banalité et de son total manque d’intérêt et on prend conscience qu’en cherchant à remplacer l’adverbe, on arrive à formuler une phrase plus riche et intéressante à plusieurs niveaux.

Convaincu·e de cette vérité absolue, vous allez pouvoir partir à la chasse aux adverbes de vos propres manuscrits et vous penserez à moi quand vous tomberez sur une phrase à peu près aussi intéressante que cette de mon exemple ^^.

La chasse aux adverbes est ouverte
Remplacez-les tous !
Source : macrovector sur Freepik
Publié dans écriture, narration

Mieux que la chasse aux Pokemons, la chasse aux adverbes

Les adverbes sont les grands mal-aimés de l’écriture. À raison, car s’ils peuvent s’avérer utiles, ils sont rarement incontournables et peuvent la plupart du temps rester sur le banc des remplaçants au profit de mots plus précis, adaptés et percutants.

Ami·es auteurices, dites « non » aux adverbes !

Avant, je ne faisais pas très attention aux adverbes. Comme la plupart des gens, j’utilisais ces mots-outils pour donner un complément d’information sur le ton, l’action en cours ou la façon dont le personnage se déplace. Lentement, doucement, légèrement, sérieusement, obstinément…

Jusqu’à cet « Atilié » d’écriture en ligne avec Michael Roch – où l’auteur nous fait non seulement gratter des lignes, mais prend le temps de lire et commenter nos productions. Un jour, c’est tombé sur moi et j’ai découvert sa défiance envers les adverbes. Sa mise en garde à leur encontre a sonné pour moi l’heure d’une prise de conscience et une révélation quasi divine : les adverbes, c’est le mal.

Mais pourquoi tant d’adverbes ?
Mais pourquoi tant d’adverbes ?
Source : Freepik

Au cours de mes corrections éditoriales, j’ai pu confirmer à maintes reprises cette vérité devenue évidence : la plupart du temps, le texte gagne à tous les niveaux quand on remplace les adverbes. Précision, richesse du vocabulaire, impact des mots mieux choisis, plus adaptés et plus puissants.

Hashtag balance ton adverbe (à la poubelle)

Il m’arrive d’avoir de la peine pour eux. Pas au point de les défendre ou de les réhabiliter, bien sûr. Mais je me mets à leur place, abandonnés et dénigrés du jour au lendemain après tant de bons et loyaux services.

Mais cette émotion ne suffit pas à rétablir l’aveuglement et à me faire oublier combien, en fait, les adverbes sont souvent le choix de la facilité.

Pas besoin de théorie fumeuse interminable, de cours de grammaire avancée et de grandes démonstrations pour s’en rendre compte. Faites l’essai et vous verrez, c’est aussi flagrant que mathématique :

Un adverbe remplacé = plus de style, et plus de sens.

Soyons honnêtes. Qu’apporte véritablement (mouahahah un adverbe) l’adverbe « légèrement » dans la phrase :

« Il se pencha légèrement. »

Que. Dalle.

C’est une phrase d’une banalité affligeante, vide de beauté autant que de sens. Bah oui, qu’est-ce que ça veut dire, « se pencher légèrement ». Rien du tout. Du moins, rien d’intéressant. S’est-il penché vers l’arrière ou vers l’avant ? Dans quel but ? Avec quelle intention ? Vers qui ? Vers quoi ? Est-ce un rapprochement de proximité physique de type romance ou de type menace ?

Et si, au lieu d’écrire une platitude, on réfléchissait à faire passer de vraies infos et de vraies émotions dans nos phrases ?

Et si, au lieu de mettre le premier mot qui nous vient, on prenait quelques instants pour réfléchir à ce qu’on veut faire passer et à chercher les mots – plutôt qu’un mot – qui vont donner un style littéraire porté par la précision et l’émotion plutôt que par la paresse (beaucoup d’auteurices cachent leur paresse stylistique et orthographique derrière le style et vous savez quoi ? Ça se voit) et l’ego (vous savez, les styles alambiqués pour démontrer sa grande maîtrise et se masturber l’ego).

Dans un contexte de romance où on voudrait instiller une petite dose de sensualité, on pourrait envisager quelque chose comme :

« Il approcha son visage à quelques centimètres de l’oreille de Kelly – juste assez pour qu’elle sente le souffle de son murmure et lui donner envie de combler la distance qui les sépare. »

Oui, c’est un peu plus long, mais c’est aussi un peu plus évocateur que « se pencher légèrement ». Ça demande de prendre un temps pour réfléchir à ce qu’on veut écrire et de corriger son texte pour qu’il colle à notre représentation de la scène autant qu’à notre intention.

Les adverbes, c’est comme les Kleenex : mieux vaut les jeter après la première utilisation

En conclusion, je dirais que les adverbes sont très bien pour le premier jet. Ils permettent de capturer l’idée pour ne pas la perdre et d’avancer dans la rédaction sans perdre de temps.

En revanche, au moment de la réécriture, pour donner du relief au style et de la précision au texte, il est primordial de les traquer et de se demander pour chacun d’entre eux si on ne peut pas le remplacer.

Prêt pour la chasse aux adverbes
Votre mission ? Traquer tous les adverbes et les éliminer
Source : Freepik

Je ne prône évidemment pas l’extermination totale des adverbes et vous invite à en laisser quelques-uns quand rien de mieux ne vous vient, car mieux vaut un adverbe un peu creux que rien.P.S. : Si tu as du mal à traquer tes adverbes et/ou à les remplacer, je t’invite à me contacter sur ComeUp ou sur Ko-Fi, selon tes préférences et tes moyens.

Publié dans écriture, Procrastination

Mon résumé de l’épisode 2 saison 1 de Procrastination : « Où allez-vous chercher tout ça ? »

Loin du cliché de l’auteur béni des dieux et inspiré par les muses, l’épisode 2 de la saison 1 de Procrastination affirme que l’imagination est fertile et l’inspiration est partout. Les deux se cultivent, se travaillent pour permettre aux auteurices attentif·ves de combiner l’afflux d’idées qui en découle et en tirer de nouvelles histoires.

Les idées sont partout

Lionel Davoust, Mélanie Fazi et Laurent Genefort sont formel·les : l’imagination n’est pas réservée à une élite créative. C’est un muscle dont tout le monde est pourvu et qui se travaille.

Chercher l'inspiration
Comment trouver une idée pour mon prochain roman ?
Source : vectorjuice sur Freepik

Et l’inspiration ne vient pas à quelques élus choisis par des créatures féminines légèrement drapées qui viennent susurrer des chefs-d’œuvre aux oreilles des artistes les plus prometteurs. Elle vient à toute personne qui se met en condition de la recevoir.

Être attentif·ve au monde, et à soi

Observer le monde et être à l’écoute de son ressenti sont les deux mamelles de l’inspiration. Lionel Davoust insiste et martèle cette idée tout au long du podcast. L’inspiration est partout et on la trouve aisément, pour peu qu’on soit en alerte et à l’écoute de soi et du monde qui nous entoure.

Il suffit d’observer autour de soi pour puiser des idées. Encore faut-il être attentif·ve pour y être réceptif·ve. Mais regarder et écouter autour de soi ne suffit pas. Il faut aussi écouter ses émotions et son propre ressenti pour sélectionner les idées qui nous intéressent, nous amusent, nous intriguent, nous interrogent… Bref, les idées qui font vibrer quelque chose en nous, qui nous mènent vers un sujet qu’on a envie de traiter.

Être réceptif·ve pour accueillir les idées qui nous entourent

L’attention consciente portée au monde qui nous entoure finit par devenir un automatisme, une seconde nature. Les trois auteurices rappellent d’ailleurs la part importante que l’inconscient peut jouer dans la création : l’esprit voit et enregistre, même de façon inconsciente, des éléments et idées qui émergent dans nos créations.

Cette attention en éveil constant met l’auteurice en alerte et læ rend réceptif·ve, favorisant ce qu’on peut appeler « des moments de grâce imaginaire » : les idées affluent, l’histoire semble se mettre en place d’elle-même. Cela explique notamment pourquoi on a toujours plus d’idées sous la douche : l’esprit est disponible pour vagabonder et trouver des idées et des solutions aux questions et blocages.

Combiner les idées pour créer

L’inspiration se trouve souvent dans des détails qui attirent notre attention. Lionel Davoust recommande donc d’avoir toujours sur soi un moyen de prendre des notes, physiques ou numériques, afin de ne perdre aucune idée. Bien conservées, elles pourront mûrir et se combiner pour faire naître de nouvelles histoires.

Notez vite cette idée !
Une idée ? Notez-la vite pour ne pas l’oublier !
Source : rawpixel.com sur Freepik

Une fois ces idées recueillies, il ne suffit évidemment pas de les régurgiter telles quelles pour faire une histoire. Les idées vont mûrir, évoluer, se rencontrer, se combiner et/ou s’amalgamer pour en créer de nouvelles dont pourra émerger une histoire. Un peu à la façon des murs en pierre naturelle qu’on trouve autour des champs et qui résultent de l’accumulation d’un certain nombre de pierres choisies et positionnées avec soin et attention.

Pour Mélanie Fazi, une idée de roman naît le plus souvent de la rencontre de deux idées : celle d’un élément fantastique qui va percuter le quotidien d’un personnage à un moment et dans une situation donnée.

Laurent Genefort évoque un processus similaire pour la création de certaines de ses histoires, qui résultent de deux idées qui finissent par se rencontrer et se combiner pour créer quelque chose de nouveau.

Conclusion

En résumé, l’inspiration ne vient pas en regardant fixement le curseur clignoter sur la page blanche d’un document Word. Pour la trouver, il faut la chercher. C’est alors qu’elle se présentera d’elle-même pour nourrir notre imagination et faire germer de nouvelles histoires.

Les sources d’inspiration sont partout, à chacun·e de trouver les méthodes pour les débusquer : une douche, une promenade, une après-midi à la terrasse d’un café, un jeu, le silence, une musique relaxante ou stimulante…

Publié dans écriture, narration

Mon résumé de l’épisode 1 saison 1 du podcast d’écriture « Procrastination »

J’ai décidé de réécouter tous les épisodes du très bon podcast « Procrastination », un must listen pour tout auteurice, amateurice ou non. Pour en conserver autre chose qu’un vague souvenir, j’ai pensé qu’en garder une trace écrite pourrait être une bonne idée, et que la partager sous forme d’article en était une encore meilleure.

Voici donc ce que j’ai retenu de l’épisode 1 de la saison 1 de Procrastination intitulé «La technique en questions », présenté par Lionel Davoust, Mélanie Fazi et Laurent Genefort  .

Studio d'enregistrement de podcast
Procrastination, un podcast qu’il est bien

La maîtrise technique, une nécessité

Cela ne surprendra personne, mais Lionel Davoust, Mélanie Fazi et Laurent Genefort sont d’accord pour dire que la maîtrise technique en écriture, même si elle n’est pas une fin en soi et ne suffit pas à faire un·e grand·e auteurice, est nécessaire. D’une part, maîtriser les aspects techniques de la rédaction et de la narration permet de « canaliser la création ». Elle donne un cadre et des outils qui permettent d’éviter un récit trop brouillon.

D’autre part, la maxime est bien connue, pour briser les règles, il faut les connaître. Pour s’affranchir de la technique, il faut d’abord la maîtriser. Et comme pour n’importe quelle forme d’art, une technique maîtrisé est une technique qui ne se voit pas.

Un complément, pas une finalité

L’écriture étant une sorte d’équilibre entre l’inspiration/l’élan créatif et la technique, la maîtrise, voire la virtuosité technique, n’est certainement pas une fin en soi. Elle constitue la trousse à outils de l’écrivain·e, qu’iel étoffe au fil de ses apprentissages et de sa pratique, et ce tout au long de sa carrière.

Chaque aspect technique maîtrisé élargit ses compétences et ses possibilités et lui permet de contrôler son récit, afin de servir au mieux son propos. 

Un outil personnalisable au service de l’auteur·rice

Lionel Davoust, Mélanie Fazi et Laurent Genefort mettent tous trois en garde contre une mise en œuvre trop appliquée de la technique et des « méthodes » d’écriture, qui finissent par conduire à des contenus calibrés sur un même schéma trop lisse.

Outre les aspects théoriques de la technique, le meilleure moyen de se former est l’apprentissage par imprégnation (j’ai d’ailleurs ce sujet dans ma liste d’articles potentiels), et par imitation, chose qu’on peut avoir tendance à faire à nos débuts en écriture, jusqu’à ce que notre maîtrise technique soit justement suffisante pour nous permettre de trouver nos propres codes et notre propre style.

Il est donc crucial de lire beaucoup, sans avoir peur de se laisser « influencer » par les textes des autres. En lisant, on s’imprègne d’écriture et on assimile sans s’en rendre compte les codes de cette discipline.

conclusion

La maîtrise technique en écriture est une nécessité indiscutable. En dehors de cette règle, il n’y en a aucune. Chacun·e est libre de se former à son rythme et à sa façon, seul·e ou en réseau.

Les aspirant·es écrivain·es sont invité·es à affûter leur technique, mais aussi leur esprit critique, et à ne jamais rien prendre pour argent comptant. Tout et tout le monde peut et doit être remis en question.

Publié dans écriture, narration, Prestations

La bêta lecture, un outil précieux pour tout auteurice

En tant qu’autrice, je suis bien placée pour savoir que la critique, même constructive, est difficile à recevoir. Elle blesse l’ego, nourrit le syndrome de l’imposteur et donne l’impression qu’on vient de chier sur le travail accompli avec cœur et qu’on pensait être notre chef d’œuvre.

Pourtant, une fois l’ego remis à sa place et la confiance en soi rétablie, la bêta lecture est un atout et un outil essentiel pour évaluer et améliorer son travail.

Identifier les forces et les faiblesse de son roman avec la bêta lecture

Un peu comme un maçon à qui on dirait « Ton mur n’est pas droit ». Est-ce qu’il va se plaindre d’être incompris ? Ou est-ce qu’il va prendre son niveau, vérifier et reprendre ses outils pour rectifier et remettre son mur droit ?

C’est ce que permet la bêta lecture : identifier les failles d’une histoire, mais aussi ses forces. Une bêta lecture bien menée et un retour détaillé permettent à l’auteurice de voir ce qui fonctionne dans son histoire, ainsi que ce qui fonctionne moins bien : passages pas compris ou pas comme on le voulait, incohérences, longueurs, lourdeurs, mais aussi comment est reçue l’intrigue et comment sont perçus les personnages.

De la même façon que les comédien·nes font des rodages de leur spectacle pour voir ce qui fonctionne ou pas et pour l’améliorer, les auteurices ont recours à la bêta lecture pour avoir un retour sur leur texte. Fort·e de toutes les remarques de sæ ou ses bêta lecteurices, l’auteurice peut remodeler son manuscrit pour le faire mieux correspondre à ses intentions et faciliter le lien entre son texte et ses lecteurices.

La bêta lecture par une autrice et ancienne éditrice professionnelle

Autrice, éditrice et amoureuse des histoires et de leur création, j’ai bien évidemment et en toute modestie toutes les compétences requises pour une bêta lecture à la fois efficace et bienveillante. À l’affût du moindre problème dans la narration, j’ai également à cœur de transmettre et d’expliquer mes remarques avec pédagogie et diplomatie, mon but étant de servir l’histoire, pas de froisser ou de décourager son auteurice.

Bêta lecture
Une bêta lecture professionnelle, exigeante et bienveillante

Ma façon de procéder est simple : je transfère une copie du manuscrit sur un Google Doc, que j’annote de commentaires et suggestions au fil de ma lecture. Je note les remarques et questions qui ont pour but d’éclairer l’auteurice sur la façon dont le texte est reçu, mais aussi de lui indiquer des pistes d’amélioration pour renforcer son histoire et l’impact de son écriture tout en la rendant plus fluide.

Les tarifs pour une bêta lecture

Pour bénéficier de ce service, il y a deux possibilités : passer par ComeUp pour une bêta lecture au tarif classique ou passer par Ko-fi pour une bêta lecture à prix libre. Pour cette seconde solution, vous êtes libre de payer au prix juste, de sous ou de surpayer la prestation, en fonction de votre budget, de votre estimation du coût d’un tel service et de la pureté de votre âme.

Vous pouvez également passer par le tip faible mais régulier pour un paiement en cinquante ou cent fois sans frais !

Publié dans écriture, narration, Prestations

Parfaire son manuscrit avec une correction éditoriale

Fusion d’une bêta-lecture très poussée et d’une correction orthographique minutieuse, la correction éditoriale s’attaque à tous les aspects d’un texte pour le rendre prêt à la publication. Ici, elle est plutôt destinée aux auteurices qui souhaitent publier leur manuscrit en autoédition ou qui veulent mettre toutes les chances de leur côté pour une soumission en maison d’édition. La correction éditoriale avec une correctrice indépendante peut s’apparenter à un coaching littéraire qui va à la fois améliorer significativement la qualité du manuscrit, et les compétences d’écriture de son auteurice.

Comment se déroule la correction éditoriale ?

Avant toute chose, parce qu’on ne peut pas corriger une histoire sans savoir où elle va et ce qu’elle raconte, je lis attentivement le manuscrit dans son intégralité. Je m’imprègne ainsi de l’histoire, des personnages et des thèmes.

Je fais ensuite un retour global sur l’œuvre, ses forces et ses faiblesses, puis j’entame une première relecture au cours de laquelle je fais part de mes commentaires, remarques, questions et suggestions. Tout au long de ma relecture, je m’assure de bien capter les intentions de l’auteurice pour ne pas les trahir, et de bien comprendre l’histoire pour mieux la servir.

correction éditoriale
La correction éditoriale, une correction en profondeur pour votre manuscrit

Pendant ce temps, l’auteurice apporte les corrections qu’iel estime pertinentes en fonction de mes retours. Iel reste maître·sse de son manuscrit du début à la fin du processus. Pour garantir cette maîtrise totale de l’auteurice sur son œuvre, je n’interviens qu’en mode « suggestion » et via des commentaires dans la marge du document partagé[1].

Une fois la première relecture et les corrections terminées, je fais une seconde relecture pour m’assurer que tout reste cohérent et pour affiner le style.

Ensuite, avec l’accord explicite de l’auteurice, j’effectue en autonomie une correction Antidote pour traquer les dernières coquilles et répétitions. Lors de cette phase, je n’utilise pas le mode « suggestion », car, Antidote réactualisant le document à chaque sortie du logiciel, cela me demanderait trop de temps

Si le manuscrit l’exige, je peux proposer une troisième relecture pour garantir un résultat aussi qualitatif et fidèle aux attentes de l’auteurice que possible.

La correction édito sur ComeUp

Sur la plateforme ComeUp, cette offre s’adresse aux personnes qui veulent une correction éditoriale et qui ont le budget nécessaire pour rémunérer une correctrice édito professionnelle.

Elle se déroule exactement selon le procédé décrit, à la différence que læ cliente paye plein tarif et qu’au moment de la commande, un délai de correction est défini, ce qui m’oblige à prioriser les client·es ComeUp dans mon planning.

La correction édito à prix libre

Via la boutique de Ko-fi, j’ai décidé de proposer des corrections éditoriales à prix libre. Mon temps n’étant pas infini, elles seront disponibles en quantité limitée, le stock se renouvelant à chaque correction prix libre terminée.

Destinées aux mécènes et aux fauché·es, elles ont pour but principal de permettre aux auteurices qui ont un budget serré d’accéder à une correction éditoriale professionnelle de qualité (sans me vanter) sans avoir à casser leur tirelire.

Reco Julien
Doublure Stylo, recommandée par le directeur édito de Vivlio

Il n’y a pas de montant minimum requis et la responsabilité du tarif reviendra uniquement à la personne qui passe la commande après avoir fait la moyenne de ce qu’elle est prête à payer, de ce qu’elle peut payer et de ce qu’elle estime être le tarif le plus juste.

Il est également possible de payer très peu et de reverser un tip une fois devenu·e riche (surtout si ma correction y est un peu pour quelque chose :p).

La seule contrainte à cette offre beaucoup-trop-belle-pour-être-vraie est liée au délai. Ma situation financière m’obligeant à privilégier le travail rémunéré, les commandes à prix libre les moins payées seront en bas de l’échelle des priorités. Cela implique que, à moins que je n’aie aucune autre commande en cours, mes interventions sur le manuscrit se feront de façon brève et sporadique (ce qui veut dire une correction lente, mais active).

En gros, moins vous payez et plus ce sera long, dans un délai approximatif de trois ou quatre mois maxi (estimation non-contractuelle). Ce sera long, mais ce sera bon !


[1] Pour des raisons éthiques, je privilégie OnlyOffice, mais pour celleux qui le souhaitent, je peux également travailler sur Google Docs.

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« The Royals », une série mauvaise, mais formatrice

Petit plaisir coupable : j’ai commencé ce week-end la série « The Royals » et, bien que j’aie vite trouvé ça nul, j’ai avalé la saison 1 au mépris de mon quota de sommeil. Avalé comme on avale un MacDo (j’en mange plus depuis longtemps, mais vous voyez l’idée), en sachant que c’est de la merde, mais après tout, de temps en temps, ça fait pas de mal. Et puis, une daube, c’est aussi formateur qu’un chef d’œuvre.

Je m’excuse d’avance auprès de celles et ceux qui ont aimé la série pour le mal que je vais en dire.

« The Royals », une mauvaise série dont on tire de bonnes leçons (de narration)

« The Royals« , c’est une série sur une famille royale britannique alternative, mais dans notre monde à nous (comme disait Calo quand il chantait avec Les Charts).

Là où ça coince d’emblée, c’est qu’il n’y a rien de britannique dans la série, au point que je me suis dit : « c’est pas possible que ça soit une série anglaise ». Bingo ! C’est une série américaine. Avec toute la subtilité que ça implique.

La série "The Royals"
« The Royals », une leçon de narration « à ne pas reproduire chez soi »

Il n’y a rien qui va dans cette série. Des décors aux costumes en passant par le jeu des acteurices, la pauvreté des dialogues ou encore la romance toxique et la culture du viol. J’en veux pour preuve le rouge intense typique des tapis, tentures et autres tissus d’ameublement de la royauté qui est remplacé par un rouge fuchsia cheapos qui confère une ambiance Barbie Kitsch à un palais qui n’avait déjà rien de British.

Et que dire de l’intrigue, aussi inspirée qu’une chanson de Vianney. C’est pas dur, chaque épisode nous éloigne un peu plus de The Crown (dont on était déjà à des années lumières) pour nous rapprocher un peu plus de Pretty little liars (autre plaisir coupable que j’avais fini par lâcher parce que, putain, ça n’en finissait jamais).

La reine d’Angleterre, interprétée par Liz Hurley, n’a rien d’une reine et n’a rien d’anglais. Elle fleure bon la pétasse et l’Amérique et passe son temps à bitcher sa fille tout en se tapant la moitié du palais, pendant que ladite fille se tape l’autre moitié (même s’il arrive que l’une empiète sur la moitié de l’autre).

La fille est une princesse trash qui passe son temps à se camer et à se complaire dans des relations toxiques largement dominées par le sexe pas toujours très consenti.

Le fils est un mélange pas subtil de la blondeur sage et candide de William et de la rebelle et fêtarde attitude d’Harry, avec comme résultat un prince insipide qui oscille entre deux personnalités sans faire honneur ni à l’une ni à l’autre. On ne crache toutefois pas sur la multitude de plans sur sa gueule d’ange.

Que dire du frère du roi, un dépravé qui abuse des bonnes, de la came et de la corruption et qui jalouse et convoite le trône de son frère tout en étant fringué comme le bouffon du roi. Je ne parlerai même pas de ses deux filles, qui sont finalement peut-être la plus grande réussite de la série.

Le flegme et l’élégance britanniques vus par les Américains, ça donne une série cheap qui tient plus du teen movie que de la série historique et qu’on regarde avec délice et culpabilité en se disant « Allez, je ferai attention demain ».

Un demain qui pourrait arriver plus vite que prévu, parce que j’ai commencé la saison 2 et je vous préviens, ça ne va pas en s’arrangeant !

Mais tout n’est pas à jeter dans les séries de merde, pour peu qu’on arrive à les regarder.

Apprendre de ses erreurs ? Ou de celles des autres !

Et oui, l’observation et le décorticage d’une création de mauvaise qualité nous en apprend autant que celle d’un chef d’œuvre, que ce soit en peinture ou en narration.

Parce qu’apprendre à reconnaître ce qui ne fonctionne pas, c’est aussi précieux que de savoir identifier ce qui marche. Et puis, quitte à apprendre des erreurs, autant gagner du temps et apprendre de celles des autres !

Dans « The Royals », bien que tout soit plus ou moins nullos, le plus gros fail de la série, c’est la crédibilité de son univers. Si cela avait été un royaume fictif, ça aurait peut-être pu passer. Mais quand on déclare que son histoire se déroule au palais d’Angleterre, tout alternatif qu’il est, ça suscite quelques attentes et ici, le contrat n’est pas du tout rempli.

On voit que le sujet n’a pas été bossé, que les Américains n’y connaissent putain rien à l’Angleterre et à la monarchie, et que cette série relève plutôt du fantasme d’un ignorant (so Trump !).

Le souci, c’est que quand læ spectateurice/lecteurice ne croit pas à l’univers, iel ne croit pas à l’histoire. Il est donc crucial de bosser son sujet et de faire des recherches, le cas échéant. Parce qu’un détail peut faire décrocher.

Le décorticage littéraire, une bonne excuse pour mater des séries de merde sans culpabiliser

On pourrait aussi tirer des leçons de cette série sur les dialogues, le développement des personnages et la construction d’une intrique, mais l’idée de cet article, en dehors de bitcher un peu sur la série, c’est surtout de souligner le fait que les créations de mauvaise qualité peuvent être aussi formatrices que celles qui nous fascinent et nous font rêver.

Pour terminer, j’ajouterai que même dans une œuvre de qualité, on peut relever des défauts, des fragilités, des « ah moi, c’est pas comme ça que j’aurais fait » qui sont autant de leçons à tirer et à retenir pour nos propres créations.

Publié dans écriture, exercice d'écriture, jeu de rôle

Exercice d’écriture basé sur « Gazette ta life », un jeu de rôle pour rendre le quotidien sensationnel

Ce n’est un secret pour personne, je trouve que le jeu de rôle est un excellent support de création et d’écriture. Et comme j’aime autant faire écrire qu’écrire moi-même, je résiste rarement à l’opportunité de proposer un outil facilitateur d’écriture ludique. Après Fracture, laissez-moi vous présenter « Gazette ta life », un petit jeu de rôle pour écrire en s’amusant.

Le jeu de rôle pour stimuler l’écriture et la créativité

Pour celles et ceux qui me connaissent, c’est tout sauf un scoop, mais pour les autres, sachez que j’ai une conviction que je partage avec de nombreuses personnes et que je m’en vais vous clamer haut et fort :

Le jeu de rôle est un formidable support de création et d’écriture.

Qu’il soit textuel, vidéo ou « sur table », il permet aux joueureuses de créer des univers, des personnages et des histoires qui peuvent servir de base pour développer des fictions plus abouties.

Il ne manque plus qu’une intention, un propos, et on aura alors tous les ingrédients pour une histoire capable de faire vibrer.

« Gazette ta life », ma participation au concours « Un petit JDR 2024 » 

C’est avec cette conviction chevillée au corps et l’envie de faire écrire qui m’anime depuis toujours que j’ai créé « Gazette ta life » pour le concours « Un petit JdR » 2024.

Petit parce que la consigne du concours était de ne pas dépasser les 500 mots. L’autre consigne, c’était le thème de cette édition, qui était « quotidien ». J’ai choisi de mêler deux définitions du mot, en prenant le quotidien journalistique pour la forme et le quotidien de læ joueureuse pour le contenu.

Le but de ce JdR solo de type journaling est avant tout de trouver du plaisir dans la créativité que le support permet, en parodiant le quotidien pour le dédramatiser, mais aussi pour en garder une trace, pour soi ou pour transmettre.

Dans le pdf du jeu, j’ai principalement donné des exemples qui permettent de tourner en dérision le quotidien et les moments insignifiants ou difficiles qu’il peut nous faire vivre, mais on pourrait aussi bien glorifier les premiers pas du petit dernier façon article épique de journal sportif, ou réaliser une chronique gastronomique à propos du sandwich avalé pendant la pause déjeuner.

Cela permet par exemple de prendre de la distance vis à vis d’un évènement pénible de la journée, ou de donner du relief et du piquant à une journée atrocement morne et banale.

On pourrait également imaginer un parent qui consignerait chaque jour un moment de la journée de son enfant depuis sa naissance (de l’enfant ou du journal), comme autant de souvenirs anodins et précieux à conserver ou à lui transmettre plus tard (imaginez votre enfant qui « hérite » de votre gazette à votre mort et qui découvre vos articles, chroniques, dessins et autres photos des moments les plus insignifiants et les plus glorieux de sa vie que vous avez recueillis chaque jour pendant toutes ces années avec soin et amour).

Un journal intime journalistique
Illustrer son journal intime journalistique

Votre gazette peut être légère et parodique ou grave et cathartique. Elle peut durer une semaine ou dix ans. C’est à chacun d’en faire ce qu’iel veut, le but étant avant tout de stimuler la créativité en s’amusant avec le contenu, mais aussi avec la forme (illustrations, collages, rubriques annexes…). Je ne vais toutefois pas développer ici les possibilités cosmétiques, que chacune et chacun adaptera à ses propres envies et compétences.

La sécurité émotionnelle

Attention ! Même si l’objectif est d’extérioriser un évènement pour le mettre à distance, choisir un moment de votre journée qui vous a procuré une vive émotion peut la raviver et créer une insécurité émotionnelle. Le mythe de l’écrivain·e puisant son talent dans la souffrance a beau avoir la vie dure, je pense au contraire que c’est dans le plaisir qu’on crée le mieux.

C’est à vous de gérer votre propre sécurité émotionnelle et de savoir jusqu’à quel point vous êtes prêt·e, ou pas, à vous confronter à des moments et des émotions difficiles.

L’exercice du jour : une partie de « Gazette ta life »

Pour cet exercice, je vous propose de vous servir du jeu de rôle « Gazette ta life » et de vous mettre dans la peau d’un·e journaliste de votre choix (sportif, économique, investigation, faits divers, people…).

Choisissez un évènement de votre journée, banal ou exceptionnel, qui vous a rendu heureux·se, triste ou mis·e en colère et que vous souhaitez exorciser, magnifier ou célébrer.

Une fois le moment de votre journée choisi, faites-en un article journalistique avec le ton de votre choix. Agrémentez – ou non – votre gazette avec des illustrations, des collages, des rubriques annexes et tout ce qui vous permet d’exprimer votre créativité et de ressentir du plaisir.

Écrivez bien, et surtout, amusez-vous !

Publié dans écriture, narration

Le « Plot embryo », un outil narratif pour construire des histoires

Pour cet article, je dois avant tout remercier Lilwen Morrigane, mon amie et collègue autrice, et sa lettre d’information « L’Imaginarium de Lilwen Morrigane », que je vais simplement me contenter de résumer tout en vous invitant à la lire et à vous y abonner.

L’outil narratif que je vous présente dans cet article est un peu dans la veine des décorticages littéraires que je propose quelquefois. En effet, il permet à la fois de décortiquer des textes pour en appréhender le fonctionnement, et de créer des histoires en proposant un cadre narratif circulaire largement éprouvé et donc, redoutablement efficace.

Le « Plot embryo », un schéma narratif pour faciliter la création d’histoires

Cet outil narratif, qu’on trouve aussi sous le nom de « Story circle », est un dérivé du fameux « voyage du héros », bien connu de toutes celles et tous ceux qui veulent appréhender les codes narratifs et écrire de belles histoires.

Contrairement à ses cousins qui proposent un schéma narratif linéaire, le Story Circle est un outil d’écriture qui permet de créer une boucle narrative qui va de la « zone de confort » du personnage principal (la situation initiale) à la transformation opérée par son parcours en passant par moult péripéties aux conséquences plus ou moins graves.

Il s’applique à l’intrigue globale d’une histoire, mais également aux intrigues secondaires, ce qui permet de donner à coup sûr du relief aux personnages principaux et secondaires en leur conférant des désirs, des besoins et des obstacles.

Le Story Circle, un schéma narratif en huit étapes

Le Story circle de Dan Harmon
Le Story circle de Dan Harmon Jameswerver, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Les huit étapes de cette trame narrative proposent un schéma efficace pour construire une histoire riche. Toutefois, rien de nouveau sous le soleil, le Story Circle ou Plot Embryo ou Voyage du héros ou quel que soit son nom, n’est jamais qu’une version plus ou moins détaillée du bon vieux schéma narratif qu’on apprend à l’école primaire.

  1. La zone de confort = situation initiale
  2. Le désir/besoin = élément perturbateur
  3. L’entrée dans une situation inhabituelle = péripéties
  4. L’adaptation = péripéties
  5. L’obtention = péripéties
  6. Le prix à payer = point culminant
  7. Le retour = dénouement
  8. Le changement = situation finale

Tout comme Lilwen Morrigane dans l’article qui m’a servi de base pour celui-ci, vous pouvez vous amuser à appliquer ce schéma narratif à vos films, livres, jeux vidéo et séries préférées. Cet exercice de décorticage narratif vous permettra non seulement de vérifier son usage et son utilité, mais également de bien en comprendre le fonctionnement et de vous l’approprier pour produire des récits.

Le Plot Embryo appliqué à « Le dernier pas »

« Le dernier pas », c’est une série littéraire que j’ai écrite pour Rocambole. Une romance qui se veut dans les clous du genre tout en essayant de se défaire de ce côté guimauve qui peut avoir tendance à m’agacer.

Je l’ai écrite « au feeling », comme une bonne jardinière qui se respecte. Depuis, je me suis formée, j’ai appris, j’ai travaillé et évolué, tel un Pokemon, pour devenir une sorte de paysagiste, compromis contre-nature pourtant très répandu entre le jardinier et l’architecte.

Pour illustrer cet article et éprouver mes compétences de l’époque, je lui ai appliqué le schéma narratif du Story Circle, à mes risques et périls.

  1. La zone de confort

Ça commence mal, puisque Clotilde, le personnage principal, est dès le début de l’histoire dans  l’inconfort le plus total. Bien que mal à l’aise, elle est toutefois dans une situation initiale classique, puisqu’elle rabâche contre le patriarcat pendant que sa mère la rembarre.

  1. Le désir/besoin

S’émanciper, en tant que femme, des attentes de la société à son égard

  1. L’entrée dans une situation inhabituelle

Elle flirte avec Sékou, un invité, au cours d’une danse. Elle le revoit par hasard lors d’un dîner.

  1. L’adaptation

Clotilde doit faire face au désir de cet homme et à son propre désir.

  1. L’obtention

Ils finissent par quitter le dîner et passent la nuit ensemble

  1. Le prix à payer

Clotilde a caché à Sékou le fait qu’elle était en couple. Elle quitte son compagnon, qu’elle n’aime plus, et perd Sékou, qui se sent trahi et manipulé. Le cœur brisé, elle essaie de surmonter son désespoir.

  1. Le retour

Apaisée et entourée, Clotilde a repris le dessus. Jusqu’à ce qu’elle croise à nouveau Sékou par hasard chez des amis communs. Face à ses reproches, elle explose. Le couple s’isole pour une franche explication. Clotilde balance ses quatre vérités à Sékou et part sans demander son reste, le laissant comme deux ronds de flan. Bien que toujours amoureuse, elle est libérée de la pression, de la culpabilité et des attentes des autres.

  1. Le changement

Sékou revient dans sa vie. Tous deux peuvent enfin s’exprimer librement avec sincérité et laisser une nouvelle chance à leur histoire.

Ma foi, je m’en étais pas si mal sortie !

Conclusion

Le Story Circle, ou Plot Embryo, est un outil narratif intéressant pour encadrer et faciliter la création d’histoire. Il peut également servir à décortiquer les histoires déjà connues pour comprendre comment elles fonctionnent et comment on peut soi-même les construire, un peu à la manière d’un mécanicien ou d’une horlogère qui démonte un mécanisme pour en comprendre les rouages et comment le construire et le réparer.

Publié dans écriture, narration

Arc narratif : la rédemption du méchant

méchant clown tueur
Un méchant en quête de rédemption ? Image de freepik

C’est, avec la « prédestination » en romance, un de mes arcs narratifs préférés, parce qu’il me redonne un peu de foi en l’humanité et me leurre de ce doux espoir que même les plus pourri·es peuvent réaliser leurs erreurs, demander pardon pour leurs crimes et vouer le reste de leur vie à tenter de racheter des fautes qu’iels n’effaceront jamais.

C’est un arc puissant qui résonne en beaucoup d’entre nous, car on a toustes été un jour victime ou bourreau ou les deux et, dans les deux cas, si on a une âme, la soif de pardon est immense.

Je ferai rapidement une distinction entre le bon méchant et le mauvais méchant selon moi, même si l’idée est plutôt tenter de présenter un des arcs narratifs que l’on peut suivre pour donner de la profondeur au méchant en en faisant plus qu’un simple accessoire. Quand c’est réussi, le méchant peut devenir un des protagonistes de l’histoire et parfois même un des personnages préférés.

Le bon méchant et le mauvais méchant

On observe souvent en fiction deux types de méchants. Les méchants accessoires, qui sont généralement caricaturaux et inintéressants, et les méchants qui sont de véritables personnages, avec ces désirs et des besoins qui percutent ceux des protagonistes.

Le méchant « accessoire »

Le méchant accessoire est une facilité scénaristique, un outil pour empêcher artificiellement læ protagoniste d’avancer et pour læ faire briller en mettant en avant son éthique, son courage et sa bienveillance face à un·e méchant·e souvent réduit·e à un problème mental (du genre psycho-sociopathe).

En plus d’être légèrement psychophobe sur les bords, cette façon de faire est narrativement pauvre et fait du méchant un personnage sans profondeur contre lequel on se positionnera sans aucune réflexion ou remise en question de quoi que ce soit face à un traitement manichéen d’une intrigue banalement affligeante.

Le « personnage » méchant

Évidemment, le méchant « accessoire » est un personnage pourri qui appauvrit l’histoire en n’apportant aucune nuance ni aucun questionnement. Un bon méchant, selon moi, est toujours un être « humain » (je mets des guillemets parce que je parle d’humanité de l’âme, mais les extra-terrestres et les loutres sont les bienvenues) qu’on peut comprendre (sans excuser) et aimer.

Pour résumer très grossièrement, le méchant est réussi quand il est simplement un personnage. Il doit susciter de l’empathie, provoquer des émotions, des questionnements, remettre en question l’éthique et les motivations du personnage principal… Un bon méchant n’est condamnable que pour ses actes, qu’on ne pardonnera pas, mais qu’on doit malgré tout pouvoir comprendre.

Deux exemples pour illustrer l’arc de rédemption

Pour illustrer mon propos sans avoir à le théoriser en un milliard de signes que je n’ai aucune envie d’écrire et que vous n’avez aucune envie de lire, je vais parler des deux principaux exemples qui m’ont donné à réfléchir sur le sujet et donné envie de partager cette réflexion avec celleux qui le voudraient.

Attention SPOILERS, donc si vous n’avez pas vu ces séries et que vous comptez les voir, revenez après les avoir vues ^^

Ruth ( Snowpiercer)

Dans le Snowpiecer, Ruth est, au début de la série, la cheffe du personnel de bord. C’est en gros la larbine en cheffe et, toute grisée qu’elle est par ce pouvoir, elle flambe sévère. À tel point que quand elle se rend dans le wagon de queue, où s’amassent les passager·ères clandestin·es du train, c’est en reine cruelle et intraitable qui n’hésite pas à exercer sa supériorité et son pouvoir pour annihiler les plus faibles.

Pour la faire courte, elle doit punir une passagère pour je ne sais plus quelle faute et pour ce faire, c’est pas dur, on lui fait passer le bras par un trou dans la paroi du train, ce qui gèle immédiatement ledit bras, qu’il est ensuite aisé d’arracher et de mettre en miettes. La punition est bien évidemment injuste et disproportionnée et a lieu devant la fillette de la criminelle, qui décède des suites de son amputation.

Quand Ruth finit par se frotter à la réalité, elle retrouve son âme et son humanité. Elle devient alors un pilier de la résistance et fait un émouvant mea culpa auprès de la fillette, qui finit par se raccrocher à la bourreau de sa mère.

Si Ruth redevient très vite secondaire, sa prise de conscience et la transformation qui en découle sont un des moments forts de l’ histoire et me semblent bien plus intéressants que les égarements lascifs de j’ai oublié son nom, diva chanteuse masochiste trop heureuse d’avoir quitté un pervers narcissique psychopathe, puis de le retrouver (sa romance avec la fliquette sera bien plus intéressante et trop vite expédiée).

 Negan ( The walking dead)

Grand méchant par excellence, Negan est un exemple parfait du propos que j’essaie d’exprimer. Même quand il est la pire des ordures, qu’il opprime et abuse de ses sujets, il est dans une optique de protection. Oui, il abuse de ses privilèges, mais il fait aussi ce qui lui semble nécessaire pour assurer la protection et la survie de son groupe.

Je vous renvoie à Machiavel et ses théories sur le pouvoir et la façon de l’exercer, que je ne connais moi-même que vaguement via un podcast (2000 ans d’Histoire, il me semble). Pour résumer très grossièrement, le bien commun nécessite parfois de chier sur l’éthique et la morale, ce que fait très bien Negan, avec une vision très personnelle du bien commun.

Sa rencontre avec Carl, gamin exaspérant à qui on a envie de coller deux claques (mais qui pourrait lui en vouloir quand il a fallu qu’il euthanasie lui-même sa mère d’une balle…), fait renaître en lui une once d’humanité qui germe et pousse gentiment jusqu’à ce que Rick lui-même embrasse les aspirations pacifistes et humanistes de son fils maintenant décédé et exerce son droit de vie sur Negan plutôt que son droit de mort.

Ses années de taule et ses conversations avec Judith finissent de faire grandir cette belle fleur qu’avait semée Carl. Negan sait qu’il ne pourra pas racheter ses crimes (snif Glenn et Abraham), mais sa quête de rédemption lui fera faire tout ce qu’il est possible de faire pour rééquilibrer la balance du bien et du mal.

Même si ses méthodes restent discutables et expéditives (monde post-apo infesté de zombies et d’enflures oblige) et qu’il agit toujours pour le bien de son groupe, il n’écarte plus son humanité et a à présent une certaine conscience du bien et du mal. Il ressent surtout la culpabilité, le remord et la souffrance qu’il a causée et, tout assoiffé de pardon qu’il est, essaie de renverser la vapeur non pas par les mots, mais par les actes.

En conclusion

Le pardon se mérite et pour l’obtenir, il faut le vouloir, mais aussi le demander, par les mots et par les actes. Voir un monstre réaliser l’ampleur de ses crimes et chercher à les expier pour le reste de sa vie est aussi bouleversant (plus ?) que de voir un personnage intègre s’évertuer à rester dans le droit chemin malgré ce que cela peut lui coûter.

L’arc de la rédemption est un arc narratif puissant qui permet de creuser l’humanité du méchant, de le nuancer et d’en faire un personnage à part entière plutôt qu’un simple accessoire en toc. Il nous aide à remettre en question nos certitudes et entraîne une réflexion plus nuancée sur le bien et le mal.

Il fait du méchant un personnage qui fait réfléchir au lieu d’en faire un bouc-émissaire de notre bien-pensance.