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Exercice d'écriture #4 : écriture oulipienne – 99 notes préparatoires

Cette semaine, on va délaisser un peu nos premières amours et se jeter dans les bras de l’écriture sous contrainte avec un exercice d’écriture oulipienne. Je vous présente les 99 notes préparatoires.

99 notes préparatoires, qu’est-ce que c’est ?

La réponse est dans la question mais comme je suis aimable, je vais quand même détailler un peu. Il s’agit de choisir un sujet et d’écrire… suspense… 99 choses sur ce sujet. L’intérêt ou, en tout cas, ce qui rend cet exercice d’écriture oulipienne très fun, c’est que ces notes n’ont pas à être cohérentes, pertinentes, ni même sérieuses.
On peut évidemment choisir de traiter l’exercice de façon “scientifique”, avec application et rigueur, en n’écrivant que des choses sérieuses et vraies, en classant méthodiquement ses notes par thème… Ou on peut, et c’est l’option que j’ai choisie, l’aborder en freestyle et écrire les idées comme elles viennent, sans se soucier de les lier entre elles, sans se priver de faire quelques jeux de mots et en osant même un brin d’irrévérence.
L’OULIPO, ou OUvroir de LIttérature POtentielle, ajoute que l’exercice s’apparente à une tentative d’épuisement d’un sujet.

L’intérêt de cet exercice d’écriture oulipienne

Il y a des sujets qui inspirent plus que d’autres et pour certains, il faudra se creuser la tête pour trouver des choses à écrire. C’est justement ce qui nous intéresse avec cet exercice d’écriture oulipienne : se creuser les méninges, triturer son sujet, le retourner dans tous les sens et trouver de la matière, de nouvelles pistes, de nouvelles idées, des points de vue auxquels on n’aurait pas pensé.
L’obligation de quantité implique qu’il y aura du déchet. Il peut en effet être difficile d’écrire 99 choses pertinentes et intéressantes sur un même sujet. Mais il y aura aussi des pépites et des surprises. Car pour réussir l’exercice, on est obligé de sortir des sentiers battus, de sa zone de confort, pour aller explorer de nouvelles contrées : jouer avec les mots, se laisser porter par les sons, chercher la contradiction, argumenter, soulever des questions… Il faudra aller chercher les idées qui ne veulent pas fuser. Et il faudra les écrire. Les écrire de façon à ce qu’elles servent notre propos et nos intentions.

Préparatoires de quoi ?

Les 99 notes préparatoires peuvent tout à fait se suffire à elles-même et consistent déjà en un exercice d’écriture oulipienne très intéressant. Elles peuvent également être une bonne base de préparation pour la rédaction d’un projet plus conséquent. En plus d’ouvrir de nouvelles perspectives sur un sujet donné, elles peuvent aider à organiser ses idées, à structurer sa pensée. On peut, après avoir jeté sauvagement 99 notes sur le papier, les regrouper, les développer, les retravailler, les déplacer, les trier, les couper, les coller, bref, continuer à les malmener pour en tirer le meilleur.
Dit comme ça, ça paraît plus cruel que ça ne l’est vraiment. Rassurez-vous, pendant la rédaction de cet article aucune note n’a été maltraitée.

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Exercice d'écriture #3 basé sur le jeu de rôle : le mutisme

Cette semaine, je vous propose un exercice d’écriture ludique qui peut se révéler à la fois délicat et amusant. J’impose un handicap à votre personnage : le mutisme. C’est un bon exercice et cela peut amener à des situations assez cocasses. Mais avant de vous proposer l’exercice à proprement parler, je vous donne mon point de vue sur l’introduction d’un élément perturbateur ou d’un bouleversement de votre environnement ou, plus précisément, sur l’inutilité de l’expliquer.

De la nécessité de poser une situation narrative sans l’expliquer

Je sais pas vous, mais moi, la plupart du temps, ce n’est pas le comment, que je trouve intéressant, ni même le pourquoi, mais bel et bien le résultat. Par exemple, dans Walking Dead, je me fous royalement du pourquoi du comment de l’apparition des zombies ; ce qui m’intéresse, ce sont les conséquences de cette situation apocalyptique sur le monde et les survivants. En gros, on place des personnages dans une situation et on voit comment ça évolue. La situation n’est alors qu’un prétexte à l’histoire et l’expliquer peut nuire gravement à notre santé et à celle de nos lecteur⋅ices.

Intéresser le lecteur/la lectrice

L’explication peut s’avérer décevante pour le lecteur. C’est bien connu, ne pas savoir est bien plus terrible que de savoir, car on peut tout imaginer. Il vaut donc mieux laisser le lecteur bosser un peu pour combler les trous qu’on aura volontairement laissés. L’impliquer est un bon moyen de maintenir son intérêt et il sera d’autant plus attaché à notre histoire qu’il y aura mis son grain de sel en y projetant ses idées, ses craintes, ses envies…

Libérer l’auteur⋅ice

Autre atout non négligeable, l’absence d’explication laisse le champ libre à l’auteur. Par exemple, dans la série The Leftovers, le fait de ne pas savoir comment et pourquoi 2% de la population a disparu augmente l’intensité dramatique et exacerbe la mélancolie des 98% d’humains restants. Cette ignorance ronge les personnages, rendant leur deuil impossible, les plongeant dans la tristesse et la folie. Elle permet à l’auteur de jouer avec les nerfs du lecteur en mélangeant le réel, l’imaginaire et le surnaturel. Elle est le prétexte de toutes les choses incroyables qu’il fait faire aux personnages. Elle donne un relief à l’histoire, une saveur qu’on n’aurait sans doute pas avec un récit basé sur le simple deuil.

Éviter les incohérences

Sans compter le risque de s’empêtrer dans les détails alambiqués, d’en oublier en route et de glisser involontairement des incohérences et des aberrations dans notre récit. Ou comment trop d’explication tue l’explication.

Ce qu’il faut retenir, c’est que si certaines histoires ne reposent que sur le comment on en est arrivé là (et s’arrêtent une fois la situation posée, laissant le lecteur ou le spectateur imaginer sa propre fin), il arrive aussi qu’expliquer la situation n’apporte rien, au contraire. L’explication ralentit, l’explication déçoit, l’explication ennuie, l’explication bride.

L’exercice ludique de la semaine : exercice d’écriture #3

Pour cet exercice, ce qui m’intéresse, c’est le fait que votre personnage ne parle plus. Pourquoi ? Comment ? Libre à vous, si cela vous amuse, d’expliquer la situation ou de laisser planer le mystère. Comme ça, on n’a même pas à se fatiguer à imaginer une raison. Qu’il n’en ait plus la volonté ou la capacité, là encore peu importe. L’intérêt de cet exercice ne repose pas sur le contenu, mais plutôt sur “Comment je vais, par mon écriture, permettre à mon personnage de s’exprimer sans parler”. Le mutisme nous oblige à travailler la description des attitudes, des gestes, des expressions du visage, ce qui n’est pas si facile.

Show, don’t tell

Je n’impose ni ne propose de contexte. Toutefois, dans votre récit, votre personnage devra évidemment être confronté à la nécessité de s’exprimer. Ben oui, si c’est pour décrire une forêt, l’exercice n’a aucun intérêt. Qu’il réussisse ou échoue à se faire comprendre, que la scène soit dramatique ou comique, cela importe peu. L’objectif de cet exercice d’écriture  ludique n’est pas la réussite de votre personnage, mais la vôtre, en tant qu’auteur·ice, à transmettre précisément et exactement ce que vous voulez exprimer.

Le mutisme est un exercice d’écriture intéressant qui oblige à écrire autrement, à décrire au lieu de faire dire. Pincemi, le personnage que j’ai longtemps joué, a été muette à deux reprises, pour des raisons différentes et, à chaque fois, ce fut un bon entraînement,  j’ai beaucoup appris et je me suis bien amusée. Bref, un vrai exercice d’écriture ludique.

Maintenant… Silence, et à vous de jouer.

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Exercice d'écriture #2 basé sur le jeu de rôle – mise en situation : le paradoxe

Ça y est, normalement, si tout va bien et si vous avez bossé un peu, on a un contexte et un personnage. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer et on peut attaquer un premier vrai exercice d’écriture.

Mettre son personnage en situation

Pour pouvoir démarrer une histoire, il faut une situation. Un lieu, un mot, une motivation, un objectif, un souvenir… tout peut servir de point de départ. Par exemple, si on décide que notre histoire se passe dans un bar, on a plusieurs pistes qui s’offrent à nous. On peut imaginer ma quadra coincée éprise de liberté attablée avec une copine, en train de siroter un thé ou un verre de Chardonnay et de lui avouer, mi gênée mi exaltée, qu’elle se sent attirée par un jeune homme de son association. Ou avec le jeune homme en question. On pourrait alors réfléchir aux circonstances qui les ont amenés à se retrouver à prendre un verre dans un bar. Sont-ils tous les deux ? Y a-t-il d’autres personnes avec eux ? S’agit-il d’une scène de séduction ? L’attirance est-elle consciente ? Ou inconsciente ? Si on démarre l’histoire en partant d’un souvenir de Victoria, on peut alors décrire sa jeunesse (combien elle était populaire, sa relation avec son petit ami, la nouvelle de sa grossesse, comment elle l’a annoncée à ses parents et/ou à son petit copain…) et ses regrets.

Une consigne d’écriture pour s’inspirer

La contrainte est un bon exercice d’écriture, car elle permet de donner une direction et d’ouvrir des portes à son inspiration. Elle permet également de travailler un point précis de son écriture : transmettre une émotion, améliorer ses descriptions, s’exercer à rédiger en vers, travailler le rythme et les sons… On peut avoir des contraintes de forme (comme celles de l’OULIPO), ou des contraintes de fond. Un peu à la façon des rédactions de notre jeunesse, beaucoup à la façon du jeu de rôle ou d’un livre dont vous êtes le héros, on propose une situation, un endroit, une émotion… tout ce qui peut servir de support, de guide à l’écriture. “Vous voyez une grotte. Vous décidez d’y entrer. Vous avancez prudemment quand tout à coup…”.

Pour le deuxième exercice d’écriture que je vous propose, je vous laisse maître⋅sse de la situation dans laquelle vous souhaitez placer votre personnage.

L’exercice d’écriture #2

Beaucoup de gens écrivent en écoutant de la musique. Ils y puisent l’inspiration, les bonnes conditions pour écrire… Parfois, c’est juste une phrase qui peut nous inspirer. Pour cet exercice, j’ai sélectionné un passage d’une chanson de Mylène Farmer, des mots qui m’ont marquée à l’adolescence et qui ne m’ont jamais quittée. Je vous propose de vous en imprégner, d’en imprégner votre personnage et votre texte et d’écrire sur le paradoxe et la dualité. Aucune contrainte de longueur, juste votre libre interprétation de ces quelques vers.

Vous me découvrez blafarde

Fixée à vos yeux si tendre

Je pourrais bien par mégarde

D’un ciseau les fendre

De ce paradoxe

Je ne suis complice

Souffrez qu’une autre

En moi se glisse

N’hésitez pas à publier vos textes en commentaire ou à me les envoyer. Je publierai ma participation avant ou avec l’exercice #3.

À vos stylos et prenez du plaisir !

Publié dans jeu de rôle, narration

Exercice d'écriture #1 basé sur le jeu de rôle : définir un univers et créer un personnage

Chose promise, chose due, voilà un premier exercice d’écriture basé sur le jeu de rôle, qui consiste plutôt en un échauffement. Il pose des bases qui pourront être ensuite modulées, modifiées, remplacées ou réutilisées à loisir pour les exercices suivants. Il permet avant tout de réfléchir à son histoire et à son ou ses personnages, avant de commencer la rédaction proprement dite. Il pourra servir de point de départ pour chacun de vos travaux d’écriture.

Choisir un univers

La première chose à faire est de choisir un univers et de le définir, même vaguement. Peu importe l’univers, ce qui compte, c’est de savoir à quelle sauce vous allez manger vos personnages. À la sauce médiévale piquante ? Dans un bouillon techno-futuriste ? Sur une tranche de fantastique ? Dans un bol de préhistoire ? Avec une cuillère de réalisme ou, au contraire, une pincée de fantaisie ? Quelle que soit la popote que vous mijotez pour vos petits personnages chéris, le choix de la marmite est une étape à ne pas négliger. Évidemment, rien n’interdit d’écrire l’histoire d’un dragon philosophe et guitariste qui vit en 2957 dans une technopole. Le décalage peut même être intéressant et, surtout, amusant.

Choisir l'univers pour son jeu de rôle
Choisir l’univers pour son jeu de rôle
Freepik

Mais pour cet exercice, essayons d’établir une certaine cohérence entre l’univers et le personnage. Vous pouvez bien évidemment choisir l’univers d’un livre, d’une série ou d’un film que vous aimez et qui vous inspire. Si vous avez toujours rêvé d’être professeur à Poudlard, de buter des zombies aux côtés de Rick ou de hacker la Matrice, c’est le moment.

Créer son personnage

C’est maintenant l’heure de créer son personnage. On le réfléchit, on l’imagine et on le décrit. Je ne vais pas vous indiquer une liste de caractéristiques à définir car, d’après moi, il n’y a rien d’obligatoire. L’essentiel est de poser une base suffisante pour pouvoir raconter son histoire et pas de raconter son histoire en posant les bases (oui, la nuance est subtile). J’ai par exemple commencé à jouer Pincemi sur la base de trois mots.

Vous pouvez décrire des traits de caractère, donner une description physique plus ou moins complète et, surtout, tracer quelques lignes de son passé et de ses aspirations. Ce sont avant tout ces deux choses qui guideront les paroles, les actions et les réactions de votre personnage. L’autre élément qui influencera son évolution, c’est bien évidemment le contexte (et les embûches que je sèmerai sur sa route au fil des exercices).

Choisir les caractéristiques de son personnage
Choisir les caractéristiques de son personnage
Freepik

Une fois que vous avez l’univers et une esquisse de personnage, vous pouvez vous amuser. Au fur et à mesure des exercices, je vous proposerai des situations et des défis qui stimuleront l’imagination tout en faisant travailler l’écriture.

Je me prête au jeu

Parce que c’est un peu trop facile de donner des conseils et des consignes et de laisser les autres bosser. Pour exemple, je vais vous présenter ici un personnage que j’ai créé pour un jeu de rôle mi-déjanté mi-réaliste. J’avais envie, en partant d’un cliché, d’explorer et de développer un certain profil de femme.

L’univers :

Une sorte de Collège Universitaire américain. On y apprend tout et n’importe quoi. Les profs et les élèves sont de tous âges et de tous horizons. Une rubrique city pour des rp plus généraux est également disponible.

Mon personnage :

Victoria Cunningham : elle a 42 ans. Jolie et sophistiquée, elle a un physique à la Heather Locklear. Elle est tombée enceinte de son petit ami capitaine de l’équipe de foot à 17 ans. Elle était jeune, belle, pom-pom girl et populaire. Elle a abandonné le lycée et renoncé à tout pour devenir mère, tandis que son petit ami finissait le lycée et trouvait un travail. Ils se sont mariés, elle a mis au monde un autre enfant et a consacré sa jeunesse à élever leurs deux enfants, tandis que son mari se consacrait à sa carrière, d’ailleurs brillante.

À présent, les enfants sont grands, ils ont quitté la maison et le mari de Victoria, dévoué à son travail et à sa secrétaire, est souvent absent. Seule et désoeuvrée, Victoria s’ennuie. Elle décide de reprendre ses études et sa vie là où elle les a laissées il y a plus de 20 ans. Décidée à vivre la jeunesse qu’elle a sacrifiée à des enfants ingrats et un mari adultère, la quadra, pimbêche, bourgeoise et hautaine à l’esprit étriquée enverra tout valser pour retrouver insouciance et liberté.

Mon envie, avec ce personnage, était de la bousculer et de la plonger dans le chaos, en lui faisant vivre, entre autre, une romance passionnée et charnelle avec un homme beaucoup plus jeune.

Une fois que c’est écrit, qu’est-ce qu’on fait ?

Vous pouvez m’envoyez vos écrits, pour avis, conseils, suggestions, ou pour le plaisir. Pour toute demande d’aide ou d’accompagnement, vous pouvez laisser un commentaire ou m’envoyer un e-mail.

doublurestylo@gmail.com

À vous de jouer !

Publié dans jeu de rôle, OULIPO

L'écriture ludique et créative

Les contraintes autour de l’écriture rendent l’exercice pénible pour beaucoup. Si bon nombre de profs encouragent l’écriture ludique à travers des activités éducatives originales, l’exercice d’écriture en milieu scolaire reste encore trop souvent évalué, sanctionnable et sanctionné.
Pour progresser, s’exercer et surmonter ses difficultés, il est important de s’affranchir de ces pressions. L’écriture ludique est un moyen de vivre l’écriture autrement que dans la contrainte et la douleur. S’amuser est la clé dans de nombreux apprentissages et il n’en va pas différemment pour l’écriture. Pour y parvenir, je propose deux supports d’écriture ludique et créative : le jeu de rôle textuel et l’écriture oulipienne.

Le jeu de rôle textuel

Comme son nom l’indique, c’est du jeu de rôle à l’écrit. On dit aussi “écriture collaborative”, car, s’il existe des rôlistes solo, la plupart du temps, le jeu de rôle se joue au moins à deux et l’histoire s’écrit à plusieurs. Chaque joueur crée un personnage, le dote de caractéristiques physiques et psychologiques, d’un passé, de qualités, de défauts, de relations… De nombreux jeux exigent un personnage très (trop) abouti, poussant le joueur à rédiger en solitaire une biographie digne d’un roman, au risque de voir même les rôlistes les plus aguerris se décourager et abandonner. Je suis personnellement défavorable à cette pratique et prône l’immersion en jeu la plus rapide possible, quitte à présenter une fiche personnage allégée, mais qui ne demandera qu’à s’étoffer au fil du jeu. Un personnage grossièrement défini est amplement suffisant pour se lancer dans une partie. Son passé, comme son avenir, s’écriront au fur et à mesure. Le joueur a alors le choix des armes pour raconter l’histoire de son personnage et s’offre une excellente façon de pratiquer le flash back, la narration, ou encore les dialogues.

Le jeu de rôle, support d'écriture créative et ludique
Le jeu de rôle, support d’écriture créative et ludique

Créatif et récréatif, le jeu de rôle est un excellent support pour pratiquer l’écriture.

L’écriture sous contraintes

Qu’on se rassure, il ne s’agit pas vraiment d’écrire sous la contrainte. L’idée est même tout le contraire. Il s’agit de libérer la créativité grâce aux contraintes d’écriture. Je vous renvoie au site de l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle), qui définit l’écriture sous contraintes et propose et détaille un grand nombre d’entre elles. Selon le degré de difficulté que l’on veut s’imposer, on choisit une ou plusieurs contraintes et on écrit. Paradoxalement, la contrainte permet de se libérer. C’est une technique très créative, qui peut aboutir à des résultats inattendus, voire saugrenus, mais qui peut aussi produire des textes très poétiques. Certaines contraintes sont plus ardues que d’autres mais, dans l’ensemble, l’exercice se révèle presque toujours amusant et, quelque soit le résultat obtenu, il est toujours formateur.

L'écriture sous contrainte avec l'OULIPO
L’écriture sous contrainte avec l’OULIPO
Basile Morin, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

L’exercice d’écriture sous contrainte est une excellente façon de libérer sa plume.

L’exercice d’écriture ludique : quelques exemples

Pour mieux comprendre de quoi je parle et réaliser le potentiel de ces supports d’écriture, rien de mieux que la preuve par l’exemple.

Le jeu de rôle

Il y a une bonne douzaine d’années, j’ai créé un personnage un peu au hasard sur un jeu de rôle textuel en ligne, sans trop savoir ce que c’était. J’ai fini par comprendre le principe et raconter l’histoire de Pincemi est devenu une véritable passion. La part d’aléatoire apportée par les autres joueurs qui, à tout moment, peuvent donner une tournure imprévisible aux événements, apporte une dimension créative supplémentaire en nous obligeant à adapter notre récit au leur. Car une des règles inviolables du Role Play, c’est qu’on doit impérativement tenir compte de ce que les autres joueurs ont écrit. Il m’est souvent arrivé de voir l’histoire prendre une tournure différente de celle que j’avais imaginé et rebondir sur des faits inattendus s’est avéré productif et amusant. Le jeu de rôle m’a également permis de travailler mon style personnel, ainsi que différents types d’écrits : le récit, le dialogue, le style journalistique, le ton sarcastique ou dramatique, les courriers… En jouant, j’ai élargis ma palette d’écriture, j’ai développé un style personnel et c’est ce qui m’a permis de devenir écrivaine publique (et écrivaine tout court à mes heures perdues).

L’écriture sous contraintes, exercice d’écriture par excellence

99 notes préparatoires sur le végétarisme

Morceaux choisis :

  • Si rire équivaut à manger un steak, suis-je condamnée à une vie d’austérité.
  • Les cougars aiment la chair fraîche.
  • Qui a dit « Les prêtres aussi » ?
  • Être végétarien, c’est bon pour la santé. Surtout celle des animaux.
  • Élever un yucca pour les petites faims.
  • Les végétariens ne sont pas des légumes nazis.
  • On peut succomber aux plaisirs de la chair sans compromettre son végétarisme.
  • Sauf si on mord trop fort.
  • Pécher par omission mais ne pas manger de poisson.

L’acrostiche, une des contraintes les plus populaires

Comment partiras-tu ? Auras-tu mal ?
La nuit qui t’emportera sera banale
À peine plus triste qu’une nuit normale.
Froide comme les draps de soie
Oublions que cette nuit, tu t’en vas.
Un adieu distant et silencieux
Tumulte dans un coeur dénué de chaleur,
Indigne monstre odieux
Seule, sèche ses pleurs.

Cet adieu est le dernier
Rebondissement de notre histoire.
Ultime pensée, ultime espoir
Ma peine ravivée d’avoir cru retrouver,
Béate, l’être aimé.
La magie n’a pas opéré
Essaie de me pardonner.

L’Abécédaire

Arrivée bredouille, cette débrouillarde et fantaisiste grenouille hurla involontairement. Jaune kaki, le menu navet orange pomme qui regardait soudain tituba.Un vain « Wesh ! ».
Xena, Yoda, Zorg ainsi battus coururent directement en Finlande. Goldorak, haltérophile, incendia joliment Kiki la masseuse, n’osant pas quémander rencard : « Sale teigne ! ».
Un vivant wapiti, X-or, yaourt zesté accroché bien calé, danse. Élégante flûtiste, Gertrude Hopopope, indolente, joue « Kamasutra ». La mignonne nunuche ondule, piètre quête racoleuse, séduisant Toto, un verreux Wall-Streeter, xénophage yogi zoophobe.

Des exercices d’écriture et des ateliers en ligne

J’aime partager mes trouvailles et les outils qui stimulent ma créativité. J’aime aussi stimuler celle des autres et leur donner envie d’écrire d’une façon qui leur procurera du plaisir. Je publie donc régulièrement (du moins, j’essaie) des exercices d’écriture et il m’arrive d’en animer sur Twitch, même si je réfléchis plutôt à passer par Discord.

Vous pouvez même recevoir chaque article dans votre boîte e-mail au moment de sa publication. Pour ça, rien de plus simple, il suffit de s’inscrire ici (je ne vends rien, je n’utilise aucune donnée à part l’adresse où envoyer les exercices !)

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Comment rédiger sa lettre de motivation

Une des premières choses que l’on apprend quand on suit la formation à distance au métier d’écrivain public, c’est que la lettre de motivation, tout comme le CV, n’est pas celle que l’on croit. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas la motivation du candidat qui en est le sujet.

Comment rédiger une bonne lettre de motivation ?
Comment rédiger une bonne lettre de motivation ?
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Un candidat motivé, c’est bien…

La lettre de motivation est devenue un exercice périlleux dans lequel les candidats s’évertuent à prouver combien ils sont motivés par le job et l’entreprise dans laquelle ils postulent, que cela soit vrai ou pas. C’est un compréhensible, mais regrettable hors sujet. Si savoir ce qui motive un candidat est un facteur important, sa lettre doit avant tout dire ce qui motive… sa candidature. Rédiger une bonne lettre de motivation nécessite une bonne connaissance de soi, de ses compétences, une dose d’estime de soi et un regard sans complaisance.

Une candidature motivée, c’est mieux

Par motivée, on n’entend bien évidemment pas l’enthousiasme débordant d’une candidature mais plutôt ce qui la justifie.

La lettre de motivation doit légitimer la candidature, démontrer sans équivoque que le profil et les compétences de son auteur sont en parfaite adéquation avec le poste et/ou l’entreprise. Ceci exclut les modèles de lettres et autres lettres de motivation types, puisque ce document doit être tout à fait personnel et personnalisé, tel le reflet du parcours et du profil du candidat. Les recruteurs ne manqueront pas de remarquer l’enthousiasme du candidat au moment de l’entretien que sa lettre de motivation personnelle, cohérente et soignée, lui aura permis de décrocher.

Lettre de motivation : le plan

Si le contenu doit impérativement être personnel, on s’accorde généralement sur un plan type qui permet de traiter tous les points qui intéressent les recruteurs. Le fameux

MOI

Un paragraphe pour résumer le profil du candidat : son parcours, ses compétences, ses qualités.

On “se vend” sans se vanter, ni apitoyer. Exit le ton larmoyant ou l’ego surdimensionné, on s’applique à trouver le bon ton, celui qui dit “Je suis compétent et je le sais”.

VOUS

Un paragraphe sur l’entreprise/l’organisme, son activité, son identité.

On ne fayote pas, on se contente de montrer qu’on sait où on met les pieds

NOUS

Un paragraphe sur l’évidence et les bénéfices d’une collaboration entre le candidat et la société qui recrute.

Dans ce paragraphe, on ne sollicite pas un poste, on propose ses compétences et son expertise

Pour conclure

En conclusion, la lettre de motivation explique le pourquoi de la candidature et démontre sa légitimité.

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Le CV n'est pas celui qu'on croit

Contrairement à la croyance populaire, il ne s’agit pas d’aligner son expérience, ses compétences et ses diplômes en trichant sur la mise en page pour réussir à tout, absolument tout caser, du BEPC au job étudiant, en passant par les cours de tricot et votre amour pour les balades en forêt, les chats et les gâteaux au chocolat. En réalité, il ne s’agit même carrément pas de ça. C’est un exercice délicat et bien plus subtil, sur lequel reposent de gros enjeux, certes, mais qui n’a rien d’insurmontable, ni même de compliqué pour qui sait ce qu’il est, ce qu’il peut et ce qu’il veut. Le CV n’est pas une autobiographie. C’est la preuve que vos compétences sont en adéquation avec un profil recherché.

Curriculum Vitae by Nick Youngson CC BY-SA 3.0 Alpha Stock Images
Curriculum Vitae by Nick Youngson CC BY-SA 3.0 Alpha Stock Images

Un parcours tout tracé

Depuis votre plus tendre enfance, vous savez avec une certitude inébranlable quel métier vous exercerez. Vous vous y destinez et vous y préparez depuis la maternelle. Vous avez soigneusement sélectionné vos jeux, vos activités et vos options scolaires, vous avez suivi scrupuleusement l’itinéraire indiqué, suivi la mélodieuse voix du GPS de votre carrière sans jamais dévier, certain qu’elle vous mènerait à bon port. Une fois les études terminées et vos bagages en poche, vous entrez, confiant, dans le merveilleux monde du travail. Et là, c’est le drame… C’est un monde impitoyable, où la loi du plus expérimenté s’oppose à celle du plus diplômé, où la loi du plus fort a été remplacée par celle du plus pistonné.

Dans ce monde où tous les moyens sont bons, laissez les “modèles de CV” à ceux qui n’ont pas envie de se démarquer et aiment être noyés dans la masse des candidatures insipides et formatées. Prenez votre courage à deux mains, un peu de temps,  beaucoup de soin et misez sur un CV personnalisé. Pas besoin qu’il soit trop original, voire marginal. Il faut qu’il soit adapté à vous, au poste à pourvoir et au profil recherché.

Mettez-y tout ce qui sert votre candidature, mais évitez toute information superflue qui pourrait noyer les informations pertinentes. Un acupuncteur qui aime tricoter, ça risque d’inquiéter, même si ça reste des travaux d’aiguilles. Vos loisirs, s’ils ne servent pas votre candidature, n’intéressent que vous.

Mettez en avant ce que le recruteur ne doit pas manquer. Partez du principe qu’il lit deux mille CV par jour, qu’il ne lit que la moitié de chacun, même si ce n’est pas toujours vrai. À vous de lui montrer la meilleure moitié au premier coup d’oeil. Ne brodez pas une rubrique avec des choses insignifiantes juste pour la remplir, parce qu’elle vous semble trop aérée. Si vous avez un doctorat, vous pouvez vous dispenser de faire figurer votre BEPC et votre Baccalauréat. Vous voulez travailler dans une boutique de sport ? Votre jogging du dimanche matin peut vous sauver. En revanche, on se fiche de votre passion pour le macramé.

Ou une voie détournée

Peu importe. Dans les deux cas, l’important, c’est que le profil décrit sur votre CV corresponde à celui qui est recherché. Si, au lieu de l’autoroute, vous avez choisi la nationale et, qu’en plus, vous êtes tombé dans les embouteillages, vous pouvez quand même arriver à destination. Ado, vous êtes parti bille en tête, sans avoir calculé d’itinéraire, ni même prévu de destination. Les bagages, c’est pas votre truc et vous avez préféré voyager léger. De métiers en formations, de passions autodidactes en stages, vous avez acquis des compétences dont un jeune diplômé n’oserait même pas rêver. Elles vous désignent pour un métier, vous y amènent et vous y prédisposent parfois mieux qu’un diplôme ne le ferait.

C’est ce que votre CV doit montrer. Pour être convaincant, il faut se donner le mal et le temps, en commençant par recenser toutes vos compétences, les trier et les classer. Compétences informatiques, relationnelles, graphiques, etc. Le tri consiste à ne présenter que les compétences qui collent avec le poste recherché et rendent votre candidature parfaitement légitime.

Exemple de CV :

Curriculum Vitae de Doublure Stylo

Rédigé pour postuler à une annonce pour un poste de rédactrice web, je n’ai pas pris la peine de mentionner les expériences professionnelles sans lien avec le poste recherché (jobs d’été, alimentaires ou dans l’éducation nationale). Couplé avec une lettre de motivation personnalisée et cohérente avec le poste et ma personnalité, ce CV m’a permis d’être contactée le lendemain de l’envoi de ma candidature.

En résumé

Un CV chargé n’est pas gage de qualité, au même titre qu’un CV léger n’est pas forcément un CV pauvre. Avant tout, votre Curriculum Vitae doit être personnel, cohérent et synthétique. Il ne doit pas dire “Regardez tout ce que je sais faire !”, mais “Je sais faire ce que vous demandez”. Et n’oubliez jamais qu’il n’y a aucune honte à se faire aider.

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Une correction personnalisée : la "déjargonisation"

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Lorsqu’on rédige un texte, il faut toujours garder le message à l’esprit. Il faut penser qu’on écrit pour être lu. Il est donc important de connaître au mieux son lecteur. Si le texte porte sur une thématique pointue et s’adresse à un public expert, il est primordial d’employer un vocabulaire adapté, précis et spécifique. Mais si on s’adresse à un lectorat novice, voire profane, il est alors préférable d’adapter son texte afin qu’il soit non seulement lu, mais aussi, et surtout, compris.

Il est parfois difficile de trouver le recul nécessaire : implication trop forte, enjeu trop important, manque de temps… Les raisons sont légion. Il peut alors être intéressant de demander l’aide d’une personne extérieure, avec un regard distant, détaché, mais concerné.

C’est là que l’écrivain public intervient. Ce professionnel de l’écrit a le recul nécessaire pour « déjargoniser »  votre texte. Il saura, avec empathie et compréhension, nuancer votre propos sans le dénaturer, le simplifier sans l’appauvrir, afin de le rendre accessible et compréhensible par tous. 

Définition du mot « jargon »

Car la principale mission de l’écrivain public, c’est de favoriser l’accès à l’écrit, pas seulement dans sa production, mais également dans sa compréhension. Il s’assure que le message est clairement transmis, pour qu’il soit correctement compris. 

Dans la pratique, comment ça se passe ?

Il y a sans doute autant de façons de procéder que de prestataires. Pour ma part, la procédure est simple : après une première lecture, je fais quelques remarques globales et je me fais expliquer les passages qui me posent problème, afin de dissiper les doutes et d’être certaine de ne pas trahir le propos de l’auteur quand je suggérerai des modifications. J’effectue ensuite une seconde lecture, au cours de laquelle j’annote le texte de remarques et de suggestions, que le client sera libre ou non de valider. Après traitement de mes suggestions par le client, l’opération est renouvelée pour un total d’au moins quatre relectures et jusqu’à satisfaction complète des deux parties.

Une correction concertée pour un document sous contrôle

Afin d’éviter les mails fastidieux et les pièces jointes qu’on oublie une fois sur deux, j’utilise Google Doc, qui génère un document en ligne, avec un accès limité aux personnes autorisées. Cet outil permet, d’une part, d’être à plusieurs simultanément sur un document et, d’autre part, de faire des commentaires et suggestions de corrections sans toucher au document d’origine. Le client reste ainsi maître à bord : non seulement il choisit les modifications qu’il approuve ou non, mais c’est lui qui, en les validant, apporte les corrections à son document.

Une prestation et un devis personnalisés

La « déjargonisation » est une prestation de relecture/correction, personnalisée en fonction de la longueur et de la complexité du document. En conséquence, le tarif est disponible uniquement sur devis, après étude de la demande et du document.

Publié dans écriture

Qu'est-ce qui fait écrire le monde ?

Je sais écrire. Je sais même bien écrire. Mais je ne sais pas toujours quoi écrire. Si je me mets devant l’écran en me disant « Allez ! Aujourd’hui, j’écris ! », je me retrouve immanquablement à regarder le curseur clignoter sur la page blanche, à taper quelques mots, quelques phrases, relire et tout effacer.

C’est peut-être pour ça que j’ai d’abord choisi le métier d’écrivain public. C’est plus facile d’écrire pour les autres sans trop avoir à réfléchir au contenu.

L'angoisse de la page blanche
L’angoisse de la page blanche

Alors… Comment trouver l’inspiration ? 

J’écris, mais pas quand je l’ai décidé. J’écris pour exprimer. Une émotion, un sentiment, une conviction, une frustration, ma créativité, mon humour… Mes textes sont souvent le contrecoup d’un événement, d’une émotion… J’écris en réaction. Comme ce texte que j’ai écrit la nuit des attentats du 13 novembre 2015.

J’écris aussi en récréation : pour créer, jouer, rire et m’amuser. C’est là qu’interviennent le jeu de rôle et l’écriture sous contraintes. En canalisant la créativité, ces deux outils, au lieu de brider l’inspiration, la libèrent et nous font voir de nouvelles possibilités.

Mais si l’écriture m’aide à gérer et/ou évacuer mes émotions, elle me sert aussi, et surtout, à en procurer. C’est d’ailleurs le but de toute œuvre, que ce soit un film, un tableau, une série, un roman ou même un jardin.

Transmettre ce qui nous inspire

Écrire, c’est comme jouer la comédie. Je compare souvent l’écriture à l’Actors Studio. Pour transmettre quelque chose, il faut chercher en nous de quoi donner un peu de vérité à notre création. On puise dans nos émotions, dans nos souvenirs, dans notre entourage…

En fin de compte, c’est toujours un peu de nous que l’on parle, même quand notre personnage est notre exact opposé.

D’ailleurs, j’ai appris à maîtriser mon écriture en jouant un rôle.

Le jeu de rôle, meilleur support d’écriture ?

Comme j’aime à le répéter, le jeu de rôle est un excellent support d’écriture. Il intègre toutes les mécaniques narratives, de la création de personnage au développement d’univers en passant par les désirs, les obstacles et les enjeux.

Là plus que jamais, l’Actors Studio s’impose, et je dois avouer que j’ai souvent ri en écrivant les aventures absurdes de Pincemi et qu’il m’est arrivé, dans les moments difficiles que je lui ai infligés, d’écrire l’œil humide et la vue trouble.

Mais en jeu de rôle aussi, la page blanche fait trembler. La différence avec l’écriture solo, c’est les autres joueurs, qui vont faire agir et réagir leurs propres personnages, créer de nouveaux obstacles, en supprimer d’autres… C’est la collaboration qui fait avancer l’histoire dans laquelle on s’est toustes lancés. Et de leur réaction viendra l’inspiration.

Car l’inspiration, ce n’est rien d’autre qu’une réaction.