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Écriture : caractériser un personnage et respecter sa voix

Quand on parle de caractériser un personnage, on pense souvent à définir ses caractéristiques physiques et psychologiques en amont de l’écriture elle-même. Pourtant, l’écriture aussi sert la caractérisation des personnages. Du moins le devrait-elle.

Un bon texte, selon moi, c’est un texte qui illustre le personnage par ses actes et son propos. On pourra me dire qu’un·e tel·le est courageux·se ou vulgaire ou encore prétentieux·se, ce n’est pas ça qui caractérisera le personnage selon l’idée que l’auteur·rice s’en fait.

Et oui, on en revient toujours au show, don’t tell et à l’idée que si læ lecteur·rice ressent l’identité de votre personnage, cela aura bien plus d’impact que le fait que vous l’ayez simplement décrété.

Machine à écrire rétro
Donner une couleur et une voix à ses personnages Image de Freepik

La fiction, un mensonge avec un soupçon de vérité

N’avez-vous jamais pioché dans votre entourage ou dans votre propre expérience pour donner corps à un texte ou à un personnage ? Si la réponse est non, il est plus qu’urgent de commencer. C’est même un des conseils de Neil Gaiman himself dans sa Masterclass : pour donner une identité, une voix et un soupçon de vérité à vos personnages, mettez-leur un chapeau (un élément distinctif unique qui permet de les identifier au premier coup d’œil) et inspirez-vous des personnes que vous connaissez.

C’est également le principe de la célèbre méthode Actor Studio : pour donner de la vérité à son jeu d’acteur·rice, il est recommandé de chercher au fond de soi une expérience qui nous fait véritablement ressentir l’émotion à interpréter et de puiser dans ses propres sentiments pour nourrir ceux du personnage.

Ce n’est donc pas un truc ou une astuce, mais un véritable précepte qu’il est essentiel et urgent d’appliquer.

Respecter la cohérence de son personnage

Pour l’exercice de février, il va falloir donner de la voix. Ce n’est pas compliqué, mais c’est important et parfois délicat à tenir sur la longueur. Pourtant, de cette voix que vous aurez choisie pour votre personnage découlera sa cohérence, sa crédibilité et son identité.

Si vous avez choisi que votre personnage était une écervelée un peu stupide et très matérialiste, ses réactions et ses dialogues devront prendre en compte ces paramètres et elle ne pourra briller intellectuellement que par accident. De même, ses décisions et ses propos seront guidés par son matérialisme et son avidité.

Ou encore, si votre personnage est inspiré du fameux vieux tonton raciste et sexiste qu’on nous ressert à toutes les sauces, il devra être grossier, insupportable et mettre des mains au cul.

Ça peut sembler évident, mais nombre de personnages de série ont perdu toute crédibilité à mes yeux quand ils ont cessé d’agir en cohérence avec leur voix. Le dernier exemple qui me vient à l’esprit, attention spoiler, c’est Daryl en France qui oublie toutes les règles de sécurité dans un monde dévasté par les zombies et qui entre dans un hangar tranquilou bilou sans prendre la moindre précaution.

Ce genre de chose peut passer si le cours de l’histoire, le contexte, un évènement récent l’expliquent de façon crédible. Mais quand, sans raison, un personnage cesse d’agir selon sa voix, il perd de la crédibilité et donc du poids dans l’affect des lecteur·rices/spectateur·rices.

L’exercice d’écriture de février

Pour cet exercice, je vous demande d’écrire un même texte avec plusieurs voix. Choisissez parmi vos propres personnages, votre entourage ou définissez rapidement au moins 3 archétypes, et écrivez le texte autant de fois que vous avez de personnages, en veillant à chaque fois à respecter la voix de chacun·e !

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Exercice d’écriture : l’écriture ou la réécriture parodique

Pour l’exercice d’écriture (en retard) de janvier, étant donné que je n’ai pas pu préparer à temps ce que j’avais prévu, je vais présenter un exercice simple et amusant inspiré d’un article que j’ai rédigé il y a peu pour la Gazette de bouzouks.net, le jeu de rôle textuel sur lequel j’ai appris à écrire : l’écriture parodique.

Une critique cinéma parodique

Pour celleux qui ne le savent pas, Pincemi, mon personnage de jeu de rôle textuel, est rédactrice en cheffe et journaliste de la Gazette de Vlurxtrznbnaxl. Il m’arrive donc régulièrement d’écrire des articles de presse parodiques.

Pincemi, mon avatar bouzouk pour l’écriture parodique

Ces articles ont deux fonctions principales :

  • Promouvoir les RP (role play/jeu de rôle) en cours et/ou présenter des fonctionnalités, objets et mécaniques de jeu de façon RP
  • Amuser les autres joueureuses en écrivant une foule de bêtises

Ces articles sont parodiques et absurdes parce que tel est l’univers de bouzouks.net : une transposition ridicule à l’extrême des travers de notre société.

Comme j’ai récemment vu le film Barbie et que Pincemi est une sorte de Barbie assoiffée de pouvoir, de gloire et d’argent, il me semblait évident qu’elle devait rédiger une critique bouzouk de ce film. Ce que nous avons fait.

Pour cet article, j’ai choisi l’angle mégalo : Pincemi est révoltée de voir quelqu’un d’autre interpréter son rôle dans un film ouvertement inspiré d’elle et de sa plastique idyllique.

Extrait :

L’exercice d’écriture parodique

Pour cet exercice, je vous invite tout simplement à choisir un univers (il n’a pas besoin d’être absurde, il peut être tragique, futuriste, préhistorique, romantique, tiré d’un livre ou d’un film…) et un sujet à traiter : critique de film, de concert, de série, de livre, ou même un fait divers, une actualité, un édito… tout ce qu’on peut trouver dans un journal d’un tant soit peu rédigé.

Une fois que vous avez ces 2 éléments, il ne vous reste plus qu’à traiter votre sujet en tenant compte de l’univers et, si vous avez caractérisé votre journaliste, de son caractère et ses valeurs.

Cela vous aidera, dans l’écriture en général, à écrire différemment en fonction des personnages, notamment pour les dialogues ou si vous utilisez un point de vue focalisé (à travers les yeux d’un ou plusieurs personnages). En écrivant avec la voix de votre personnage et en adéquation avec votre univers, vous donnez de la force et de la crédibilité à votre texte.

En conclusion, l’écriture parodique, c’est…

L’écriture parodique est un bon exercice pour s’entraîner à trouver le ton adapté à l’univers et au personnage. C’est également un exercice qui peut se révéler amusant et assurément stimulant.

C’est d’ailleurs un exercice d’écriture que j’avais déjà effleuré avec un texte qui parodiait le journal de confinement romantique des bourgeois hors sol.

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Exercice d’écriture : poser les bases narratives d’une histoire avec Fracture

Contrairement à ce que son nom semble indiquer, Fracture n’a rien à voir avec une quelconque histoire d’os brisés. Vous découvrirez l’histoire de son nom dans le pdf des conseils d’utilisation de cet outil, qui n’a d’autre vocation que de vous accompagner dans la création de vos histoires, de vous divertir et d’encourager la créativité et le fun.

Support d’écriture créative et ludique, Fracture peut aussi bien être un outil de création d’histoires qu’un jeu de rôle ultra libre invitant ses joueureuses à un délire total et irrévérencieux (voir l’exemple dans la notice).

Un support pour poser les bases narratives d’une histoire

Cet outil ludique, conçu à partir du jeu Fractal, a été créé à partir de mon expérience d’autrice et d’éditrice, de ce que j’ai pu apprendre en termes de narration, notamment en travaillant avec Julien Simon, mon responsable édito chez Rocambole/Doors.

Je l’ai conçu pour aider les personnes qui le souhaitent à créer et/ou développer leur intrigue à partir de six éléments essentiels à une bonne histoire, à savoir les personnages, leurs relations, leurs désirs, leurs besoins, les obstacles et les enjeux.

Un support d’écriture créative

Avec Fracture, vous pouvez tenter, oser, inventer, innover. En se laissant guider par les dés, on peut développer, aller plus loin, s’ouvrir de nouvelles pistes à explorer auxquelles on n’aurait jamais pensé. C’est l’outil idéal pour expérimenter une idée, la tordre dans tous les sens et voir comment on peut l’améliorer, l’étoffer et rendre l’histoire encore plus prenante, ou encore plus délirante !

Une carte mentale pour relier ses idées
Une carte mentale pour relier ses idées
freepik

Un support d’écriture ludique

Fracture, c’est aussi le moyen de laisser libre cours à ses délires et à sa fantaisie, de se laisser aller à l’absurde, juste pour le plaisir d’inventer des âneries et de se marrer. Parce qu’un des objectifs de l’outil, et de mes ateliers en général, c’est de proposer des exercices qui permettent de trouver du plaisir dans l’acte de création et d’écriture. Parce qu’il ne faut pas forcément souffrir pour écrire.

L’exercice d’écriture du mois

Choisissez l’angle d’approche qui vous convient (ludique, narratif, expérimental) et posez les bases d’une histoire à partir d’une partie de Fracture. Pour l’instant, ne vous posez pas de questions sur la rédaction ni le style. Contentez-vous de poser les bases narratives d’une histoire en vous aidant de Fracture (ça m’aidera aussi à mesurer l’efficacité de mon outil :p ), à savoir vos personnages, leurs interactions et ce qui les motive.

Rendez-vous dans la prochaine Niouzlet pour voir ma propre tentative !

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La méthode Actor Studio en écriture

Comme pas prévu, mais comme on s’y attendait, j’ai toujours une semaine de décalage pour la publication de cet article. Je compte sur votre indulgence pour tenir compagnie à la mienne. Cette semaine, l’atelier portait sur la technique Actor Studio transposée à l’écriture.

La méthode Actor Studio

Cette méthode est assez connue, et utilisée par la plupart des acteurs pour rendre leur performance plus réaliste et leur personnage plus convaincant. La technique est simple, puisqu’elle consiste à puiser dans sa propre expérience pour nourrir son jeu d’acteur. On recherche un souvenir pour ressentir les émotions qu’il suscite et on s’en sert pour donner corps au personnage.

Image par Björn Eichenauer de Pixabay

C’est comme ça que certain·es acteurices arrivent à pleurer de vraies larmes (avec de la vraie bave et de la vraie morve) là où d’autres se contentent de gémir en se déformant le visage dans d’atroces grimaces censées exprimer la souffrance morale.

La méthode Actor Studio transposée à l’écriture

Il s’agit de la même chose, mais à l’écrit. Elle permet de rendre l’émotion plus juste et le texte, plus immersif. Et oui, car qui dit émotion crédible dit identification ? Et qui dit identification dit empathie pour le personnage. Et là, c’est gagné. Parce que le but, c’est bien que læ lecteurice s’intéresse à notre personnage.

Image par Fathromi Ramdlon de Pixabay

Cette méthode peut rendre l’écriture plus pénible, parce qu’elle nous renvoie à des situations potentiellement douloureuses. Mais elle la rend également plus facile, car on n’a plus qu’à « raconter notre vie », en retirant le filtre de la situation initiale et en y apposant celui de notre personnage et de son histoire.

Il ne s’agit pas de raconter le souvenir, mais bel et bien de se souvenir de ce qu’on a ressenti dans une situation donnée et de le retranscrire à l’écrit en prêtant son émotion à ses personnages.

L’exercice de la semaine

Pour inaugurer l’exercice, j’ai choisi le thème « Grosse fatigue ».

Chronic fatigue syndrome

On s’est donc mis dans la peau de quelqu’un de très fatigué (ce jour-là, pour moi, ça n’a pas été très compliqué :p), on a fait appel au souvenir d’une fois où on était parfaitement crevé (fatigue morale ou physique) et on a rédigé un petit bout de texte pour exprimer l’épuisement de notre personnage.

À vous de jouer !

Voir le replay de l’atelier

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Exercice d'écriture : les pots en folie de Céline Badaroux

Voici venu le temps de l’atelier d’écriture de la semaine dernière. Malheureusement, je n’ai pas encore réussi à rattraper le décalage (que j’espère parvenir à combler cette semaine), mais je ne doute pas que vous saurez me pardonner ce petit retard.Et cette fois, c’est sur la talentueuse Céline Badaroux que je me suis appuyée pour vous proposer cet exercice ludique déclencheur d’inspiration : les pots en folie.

Les petits papiers

C’est le nom que leur a donné leur créatrice (qui vous explique ici comment elle les a créés et comment ils fonctionnent ^^). Et c’est un nom judicieux, puisque l’outil consiste en une multitude de petits papiers ! L’idée, c’est d’avoir un pot par catégorie, à savoir :

  • Genre
  • Époque
  • Lieu
  • Thème

Chaque pot contient autant de petits papiers que vous avez pu/voulu y glisser. L’avantage, c’est que le contenu des pots est vraiment personnalisable et vous pouvez tout à fait ne pas mettre « Espace » dans le pot « Lieu » si vous n’aimez pas les trucs chiants dans l’espace…

Vous pouvez aussi jouer sur le nombre de pots et sur leur contenu. On pourrait très bien imaginer un pot « Personnages ». De même, quand j’ai découvert cet outil au cours d’un atelier en ligne animé par Céline lors de la convention virtuelle « A Place to geek », nous n’avons pas utilisé le pot des thèmes. Croyez-moi, cela n’a bridé l’imagination de personne et les idées ont fusé dans tous les sens et à nos risques et périls.

Les pots en folie

Pour ma part, j’ai eu l’audace de renommer l’exercice en « Les pots en folie », parce que j’ai particulièrement aimé l’esthétique que Céline Badaroux a donné à ces anciennes conserves de petits pois devenues outils créatifs autant par leur forme que leur utilité. Jugez plutôt !

Les petits papiers de Céline Badaroux

(source : https://celinebadaroux.fr/les-petits-papiers/)

Le principe est simple : on tire au hasard un papier dans chaque pot, puis on réfléchit à un (ou plusieurs) pitch en se basant sur le tirage obtenu. Ensuite, rien n’empêche d’écrire une nouvelle, voire un roman en partant d’un de ces pitchs, bien au contraire.

Cet outil a de multiples qualités. Son aspect ludique, bien évidemment. Mais aussi le côté personnalisable et modulable, qui permet de l’adapter à ses envies et ses besoins.

Il représente également un formidable exercice pour faire travailler son imagination, pour booster son inspiration et, pour les plus téméraires d’entre nous, pour sortir de notre zone de confort en écrivant, par exemple, une romance dans l’espace ou un thriller sous marin (Werber a bien fait un thriller dans la fourmilière).

L’exercice d’écriture de la semaine

Il est simple et vous l’avez sans doute déjà compris. Je propose tout d’abord aux plus bricoleur·euses d’entre vous de confectionner leurs petits pots personnalisés (je n’ai pas encore pris le temps de le faire, alors si vous le faites, je vous en prie, envoyez-moi une photo !), de les garnir d’autant de petits papiers qu’iels le souhaitent, puis de procéder à trois ou quatre tirages et de rédiger autant de pitchs.

Vous pouvez évidemment faire varier les combinaisons en ajoutant-retirant un ou plusieurs pots à l’envie.

Pour les allergiques du DIY, Céline a pensé à tout et a conçu (un peu spécialement pour nous) une version en ligne de son formidable outil ! On l’a testée lors de l’atelier en live de mercredi dernier (que vous pouvez d’ailleurs revoir en replay, pour vous inspirer ou comprendre pourquoi je parle autant de l’espace) et autant vous dire qu’on a adoré ! 

Alors à vous de jouer, et n’hésitez pas à mettre vos tirages et pitchs en commentaire 😉

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Marathon littéraire : une nouvelle pour Noël

Voilà plusieurs semaines que je stream des ateliers d’écriture, des coachings ou des tests/présentations d’outils et plateformes d’écriture. De ces soirées est née une petite communauté sympathique et soudée autour de deux passions communes : l’écriture et la déconnade. Et de cette communauté est né un projet : les Petits Disciples du Stylo.

Le streaming littéraire

Il y a quelques semaines, j’ai créé une chaîne sur Twitch et j’ai commencé à animer des lives. Au programmes, quatre grands thèmes :

L’atelier d’écriture ludique et créative (le mercredi soir à 21h)

Chaque mercredi soir, je présente l’exercice et les participant·es qui le souhaitent peuvent me rejoindre sur un framapad (un document partagé en ligne). Chacun·e y écrit ce que lui inspire le sujet, pendant que je navigue d’un texte à l’autre en commentant. Si le besoin s’en fait sentir, j’apporte ma contribution pour tenter de surmonter les blocages et les trous.

La présentation de plateformes et outils d’écriture et de narration (le mardi soir à 21h)

Chaque mardi soir, je présente et teste en direct un logiciel ou une plateforme en ligne autour de l’écriture. Outil pour rédiger des fictions interactives ou environnement d’écriture, j’aime expérimenter tout ce qui me permet de raconter des histoires et de m’amuser avec les mots et la narration, et partager le fruit de ces expérimentations. 

Le coaching littéraire

Quand un·e auteur·ice a besoin d’un avis sur son texte et/ou de pistes et suggestions d’amélioration, iel me le soumet. Je mets à profit mon expérience de coach littéraire pour Rocambole en travaillant d’abord en amont sur le document, puis on revient ensemble en direct sur tout ce que j’ai relevé : commentaires, questions, suggestions… tout est bon pour comprendre et appréhender le texte et en tirer le meilleur.

L’écriture/réécriture/correction en direct de mes écrits personnels.

Ce sont des lives que je fais en journée. Ce sont les moins fréquents, parce qu’ils nécessitent un environnement calme que je ne parviens que difficilement à avoir en dehors des périodes scolaires. Au cours de ces séances, je rédige/corrige et commente mes écrits en direct.

Les Petits Disciples du Stylo

Ce projet est né de notre volonté commune de progresser dans l’écriture et d’aiguiser notre plume. Volonté parfois découragée par l’ampleur de nos projets et une ambition mal mesurée. De la même façon qu’on dit qu’il faut savoir marcher avant de courir, on dit aussi qu’en écriture, c’est bien de s’exercer d’abord avec de petits projets.

Nous avons donc lancé une idée, qui est devenue un défi à relever (pour les volontaires uniquement) : écrire pour Noël une nouvelle courte (dix mille signes espaces comprises maximum), mais patiemment retravaillée, dont on aura soigné tous les aspects qui composent la narration : point de vue du narrateur, show don’t tell, justesse des personnages et des émotions, pertinence de l’intrigue, enjeux motivants, vocabulaire précis et varié, syntaxe…

C’est avec cet objectif en ligne de mire que j’ai conçu le planning des streamings jusqu’à la fin de l’année.

Si le défi est relevé et que les participant·es acceptent, j’espère pouvoir présenter les nouvelles produites dans un petit recueil, évidemment intitulé « Les Petits Disciples du Stylo ».

N’hésitez pas à nous rejoindre pour cette quête littéraire et pour nos ateliers d’écriture ludique et créatives du mercredi. Bonne humeur, bienveillance et déconnade garanties \o/

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Exercice d'écriture : le Writionary #1

C’est la rentrée et j’ai déjà une semaine de retard pour l’article du premier exercice d’écriture de l’année. Comme dirait Ophélie Winter, shame on me. Mais comme disait aussi je-sais-pas-qui, « mieux vaut tard que jamais ». Voici donc la présentation du nouvel exercice littéraire tendance de la rentrée 2020, j’ai nommé le Writionary.

Le Writionary, un exercice d’écriture ludique…

Le principe du jeu est simple. Vous aurez sans doute remarqué la troublante ressemblance du nom de notre petit exercice avec celui du Pictionary, sorte de « Dessinez, c’est gagné ! » où on pioche une carte, on lit ce qui y est écrit et, je vous le donne en mille, on le dessine. Et si les autres participant·es trouvent ce que c’est, vous avez gagné.

Ca dessine et ca s'engueule. -Pictionary -DessinYeuxFermés -MainGauche (6528021827)

Le Writionary, c’est la même idée – soufflée par une des piliers de notre petite communauté fondée autour de la chaîne twitch – que j’ai éhontément adaptée en plagiant totalement le principe de la version dessinée (gribouillée, si on veut être vraiment précis·e – et honnête). On y a d’ailleurs joué mercredi dernier et c’était amusant. En plus d’être instructif.

… mais un exercice quand même !

Et oui, c’est subtilement que, sous couvert d’exercices ludiques hyper fun, je vous amène à travailler certaines techniques narratives, ni vu ni connu. Par exemple, avec le mutisme, on avait pu s’exercer sur la description, la précision et le vocabulaire autour des expressions faciales et de la communication corporelle.

Avec le Writionary, l’idée, c’est de travailler le fameux et incontournable show, don’t tell. On choisit donc ce qu’on veut (les prochaines versions seront peut-être plus encadrées) et on doit le faire deviner sans le dévoiler, rien que par l’écriture. Certain·es d’entre nous ont utilisé un générateur de mots pour l’inspiration, et on s’est lancé dans la rédaction individuelle de plusieurs petits textes (un par mot ou expression). À la fin du temps imparti, on a lu les productions et tenté de deviner le mot/expression décrit. On a eu des personnages, des métiers, des couleurs, des émotions…

Ajouter une légende

C’est un exercice difficile, mais qui permet de repérer ses failles et de les travailler. S’exercer à montrer les choses au lieu de les énoncer permet de produire des textes de bien meilleure qualité, beaucoup plus immersifs et qui favorisent l’empathie pour le personnage.

Par exemple, si on écrit :

Elle est dans le noir et elle a peur.

C’est très (trop) simpliste et un peu (beaucoup) expéditif. On a une banale énumération, façon liste de courses. On nous balance froidement deux infos, qu’on doit prendre pour argent comptant. Mais est-ce qu’on tremble pour « elle » ?

Le but du fameux Show, don’t tell, c’est de décrire : l’obscurité, le noir, les sensations que ça procure au personnage, puis d’embarquer læ lecteurice en lui montrant la peur, en détaillant les réactions physiologiques et émotionnelles qu’entraîne ce sentiment.

On pourrait donc décrire l’absence de lumière, de visibilité, la perte des repères spatio-temporels, les yeux qui s’écarquillent pour essayer de voir dans le noir, le rythme cardiaque qui accélère, la transpiration, le souffle, les muscles qui se crispent, le corps qui se recroqueville…

Il y a une foule de détails qu’on pourrait donner et qui rendraient le texte beaucoup plus dense, vivant, et beaucoup plus riche.

Pour illustrer tout ça, je vous propose le petit texte que j’ai rédigé mercredi dernier pour décrire la peur du noir :

L’ampoule grésille avant de rendre sa dernière étincelle. Elle meurt dans un crépitement fugace, emportant la lumière avec elle. Que vais-je faire, à présent ? Elle était mon dernier rempart contre la peur. J’écarquille les yeux à me les faire péter, mais rien à faire, je vois que dalle. Je tâtonne dans cette obscurité opaque. Je retire ma main brutalement quand je heurte une substance inattendue et répugnante. Je réprime une grimace d’un dégoût bien vite remplacé par une foule de questions. Qu’est-ce que c’était ? Est-ce vivant ? Est-ce dangereux ? Quel est ce bruit visqueux et gourmand qui se rapproche de moi ? J’ouvre grand les yeux, mais je ne vois rien.

Le Writionary #1

Mercredi 2 septembre 2020 est donc une date historique à retenir au même titre que celle de la prise de la Bastille (Hep ! Je vous vois la googler !), puisque c’est le jour béni qui a vu l’inauguration du Writionary en live (que vous pouvez revoir en différé).

En plus, c’est un exercice que vous pouvez parfaitement reproduire à la maison, sans aucun autre risque que celui d’améliorer vos compétences rédactionnelles et la qualité de vos textes.

Ah oui et… si vous voulez progresser, mais que vous ne voulez pas bosser tout·e seul·e dans votre coin, rejoignez-nous pour les ateliers d’écriture en live sur Twitch, tous les mercredis à 21h \o/

Consulter le planning des streamings sur Twitch

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Exercice d'écriture #16 : Latilié

Pour cette quinzaine encore, je m’appuie sur un confrère pour les exercices d’écriture. Au lieu de vous proposer un exercice de mon cru, je vous embarque avec moi pour assister à ceux proposés par l’auteur Michael Roch.

Michael Roch, auteur et global narrative designer

Publié sur Rocambole avec deux séries, Twelve et Mortal Derby X (qui figure au top ten), Michael Roch est aussi l’auteur de plusieurs livres (dont Moi, Peter Pan et Le livre jaune). Ayant lu le début de Twelve, je peux dire qu’il a une plume efficace et percutante.

Alors que je réfléchissais de plus en plus à l’idée de faire des streamings autour de l’écriture (ce que je fais à présent), je suis tombée sur un tweet où il annonçait un atelier d’écriture en live. Je l’ai regardé par curiosité, puis je me suis prise au jeu, j’ai participé, et je me suis abonnée.

Lors de ses streamings, Michael Roch propose un contenu très varié : ateliers d’écriture, gaming littéraire ou encore séances d’écriture chill en mode papotage.

Latilié a lieu un jeudi sur deux et propose de travailler autour d’un thème précis. Au cours de ceux auxquels j’ai assisté, on a travaillé sur le dégoût et ce qu’on éprouve une fois qu’il est passé, et sur l’arrivée d’un·e étranger·ère dans un village isolé et des sentiments que cela peut susciter.

Il anime également des sessions « Déclencheur d’inspiration », au cours desquelles il propose une phrase, un court paragraphe comme point de départ, pour rédiger avec les spectateurs qui le veulent un texte collaboratif sur framapad.
L’exercice #16

Les ateliers de Michael diffèrent un peu des miens et c’est pour ça que je vous invite à y assister. Bercé·es par le chant des zozios, on travaille dans une ambiance à la fois studieuse et détendue. La principale différence réside dans le fait que mes exercices se veulent avant tout ludiques et visent essentiellement à établir un lien entre écriture et plaisir. Avec Michael Roch, on aborde l’écriture de manière plus technique, plus approfondie. Les exercices sont plus cadrés, les consignes plus précises. Et on bénéficie des remarques et conseils (très avisés) d’un auteur compétent et bienveillant.

Je ne vais donc pas vous proposer d’exercice cette fois, mais plutôt vous inviter à suivre Latilié (ou un déclencheur d’inspiration), en live ou un replay.

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Exercice d'écriture #15 : le Gobbledygook

Pour cette quinzaine, en plus de proposer des pistes pour varier les plaisirs dans l’écriture, j’aimerais vous partager une fiction audio qui m’a beaucoup plu et beaucoup inspirée (notez la maîtrise de l’accord avec l’auxiliaire « avoir »). Ouvrons ensemble le Gobbledygook.

Rencontre avec le Gobbledygook

Écrite et racontée par Neil Jomunsi, le Gobbledygook est une fiction en huit épisodes d’une vingtaine de minutes et dont j’attends la suite avec impatience. Disponible sur plusieurs plateformes, dont Youtube et Spotify, elle m’a accompagnée pour la première fois sur la route vers le dernier apéROCAMBOLE. Dès le lendemain, après avoir récupéré de la bière et d’une courte nuit mouvementée, j’ai enchaîné les épisodes. Cette fiction suscite en moi deux envies. Pouvoir un jour écouter la suite. Et matérialiser chaque page de ce livre. Toutes celles que Neil a imaginées. Et toutes celles que j’aimerais ajouter.

Un jour, peut-être…

Le Gobbledygook

Le Gobbledygook est un livre magique, probablement maudit. Un mauvais génie qui réalise les souhaits de son ou sa propriétaire – même ceux qu’iel n’a pas faits – et qui lui en fait payer le prix. Un bienfaiteur envahissant et tyrannique qui ne souffre pas la désobéissance.

L’histoire ? Un auteur en mal de succès emménage dans l’appartement de son voisin récemment décédé. Au milieu du salon trône une étrange malle dans laquelle se trouve un livre enchaîné. Inconscient du danger, l’auteur délivre le livre et commence à le feuilleter. Page après page, il découvre un contenu hétéroclite et étrange.

Je vous invite évidemment à écouter ne serait-ce qu’un épisode de cette fiction audio divertissante et inspirante à souhait. Tellement inspirante que je m’appuie sur elle pour l’exercice de cette quinzaine.

L’exercice #15

Je vous invite à écouter au moins un extrait (pour celleux qui n’ont pas la patience ou l’envie d’écouter un épisode entier, j’ai mis un lien vers le passage concerné) et de vous en servir pour créer votre propre page du Gobbledygook. J’ai sélectionné deux passage de l’épisode 1, mais vous pouvez piocher où bon vous semble. Il n’est d’ailleurs pas improbable que je pioche dans d’autres épisodes pour de nouveaux extraits tout aussi inspirants. 

Je vous propose d’en choisir un, mais je vous autorise évidemment à traiter les deux extraits :

La machine

Il s’agit de la description d’une publicité au sujet d’une machine dont on n’ignore totalement le fonctionnement et l’utilité. À vous de les imaginer.

Liste des choses à faire avant de mourir

Ici, une liste succincte et implacable de six choses à faire avant de mourir. Je vous propose de faire votre propre liste, limitée également à six items. Vous pouvez y mettre vos propres souhaits, mais l’intérêt ici étant de favoriser la créativité et l’aspect ludique de l’écriture, on peut tout aussi bien éviter de se plonger dans une douloureuse et angoissante introspection. Pour que ce soit plus fun, je suggère d’ajouter une restriction à la liste :

  • six choses amusantes à faire avant de mourir
  • six choses à faire dans l’espace avant de mourir
  • six choses à faire seul·e/avec son voisin/avec sa mère/avec son chat… avant de mourir
  • six choses à dire avant de mourir
  • six personnes à tuer avant de mourir
  • etc

Il est évidemment recommandé de rédiger une explication – brève ou détaillée – de ses choix.

Extrait de l’épisode 4 de « Ma vie, mes amours, j’vous emmerde… »

N’oubliez pas que vous pouvez m’envoyer vos textes 😉

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Exercice d'écriture #14 : la lettre de Sand

Pour cette quinzaine, j’ai eu envie de proposer un exercice inspiré par une lettre attribuée à George Sand. Je ne sais pas pourquoi, elle m’est revenue en tête la semaine dernière et je me suis dit « Tiens, c’est parfait pour un exercice d’écriture ! » (que j’ai l’espoir de tenter moi-même depuis longtemps mais… le temps, tout ça…).

La lettre de George Sand

L’histoire dit que c’est une lettre codée que l’écrivaine aurait envoyée à son amant, Alfred de Musset. Il s’est en fait rapidement avéré que c’était un canular. Les deux amants avaient toutefois bien une correspondance codée – mais un rien moins spectaculaire puisqu’il s’agissait d’une forme d’acrostiche, le message caché étant simplement composé du premier mot de chaque vers.

George Sand by Nadar, 1864

La lettre pastiche est assez simple à décoder – mais un poil plus délicate à rédiger – puisqu’il suffit de lire une phrase sur deux pour avoir le vrai texte. Ici, l’auteur⋅ice de la missive camoufle un message ardent et un brin olé olé dans une lettre en apparence romantique et tendre.

Ode à Hitler

Ça fait un peu mal d’écrire ces trois mots, je ne vous le cache pas. L’Ode à Hitler est un poème composé par un résistant qui dissimule son véritable message dans un texte d’apparence pro nazi. Ici, il faut couper le texte en deux aux hémistiches.

Se dévoilent alors deux textes beaucoup moins nazi friendly. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’auteur exprime son propos dans un texte qui dit carrément le contraire de ce qu’il pense, puisqu’il annonce une bonne raclée pour les allemands dans un texte qui glorifie le führer.

L’exercice d’écriture #14

On en est à quatorze ateliers, cinq depuis que j’ai repris la publication des exercices d’écriture. Il est donc temps de cesser de vous préserver et de se mettre au travail. Pour cette quinzaine, je vous propose (bah oui, je suis quand même pas un monstre) de rédiger deux textes – un pour chaque méthode. Vous n’êtes évidemment pas obligé⋅e de traiter les thématiques des originaux et d’écrire des lettres cochonnes cachées derrière des mots d’amour ou de clamer au monde votre amour pour Macron tout en lui crachant à demi vers votre colère arrosée de postillons coronavirussés (fallait nous filer des masques). 

J’accepterais tout à fait une lettre de rupture déclarant un amour sans borne ou un poème sur les joies de la maternité qui en révélerait secrètement les difficultés. Par contre, pour la lettre, on est bien d’accord qu’on parle de la version difficile, hein !

Engagé ou léger, virulent ou poétique, tendre ou indécent, comme chaque fois, ce qui compte, c’est que vous preniez du plaisir à écrire.