Publié dans écriture

Exercice d'écriture #12 : un article de presse

Pour cette quinzaine, j’ai encore été piocher sur Bouzouks.net pour trouver l’inspiration. Pincemi est très polyvalente et en plus d’être une ambitieuse et voluptueuse garce arrogante, elle est journaliste. Elle a même récemment été nommée rédactrice en chef de la Gazette, l’occasion rêvée de partager cette expérience.

L’article de presse

Évidemment, je ne suis pas experte en article journalistique. Je n’ai pas fait d’école de journalisme, ni même travaillé comme pigiste pour le journal du quartier. Je ne vais donc pas donner de méthode pour ce type d’écrit. Mais je pense pouvoir dire sans trop m’avancer que l’article de presse doit avoir un contenu informatif. Il doit traiter une information, ça, on en est sûr. Là où la pratique diffère d’une feuille de chou à une autre, c’est sur la façon dont cette information est traitée. On pourrait se dire que le⋅a journaliste a un devoir de neutralité mais on a tous⋅tes des opinions et des convictions et si on ne peut pas se servir de la presse pour faire passer ses idées, où ira le monde, je vous le demande…

L’article parodique

S’il devient parfois difficile de différencier un article du Parisien d’un article du Gorafi, théoriquement, c’est pas la même chose. Je ne vais pas réexpliquer la parodie mais je voudrais insister sur le côté absurde qui rend la chose comique. Il va de soi que quand j’écris pour la Gazette de Bouzouks.net, je n’écris que des articles parodiques. Je traite l’actualité bouzouk et je la montre à travers le prisme de la personnalité et des biais de Pincemi.

Ses articles, interviews ou portraits sont très orientés en fonction de son appartenance politique du moment. Et quand je ne traite pas de l’actualité politique, j’écris sur des faits divers aussi cruciaux que « Le voleur de chaussettes gauches« . Les articles sont également un bon moyen de présenter des éléments du jeu à la communauté ou de les mettre en valeur sans passer par une explication rébarbative.

L’exercice #12

Pour l’exercice #12, je préfère vous laisser choisir entre l’article de presse classique et l’article parodique, voire satirique. Comme toujours, peu importe le contenu, ce que je vous propose, c’est une piste de travail à explorer. Je vous demande donc de choisir un événement (historique, culturel, de votre quotidien…), une personne (célèbre ou pas, admirable ou détestable…) et de faire un article à son sujet. La structure est assez basique avec une intro, autant de paragraphes que nécessaire et une conclusion. Que ce soit sérieux ou comique, réel ou imaginaire, peu importe. Comme toujours, ce qui compte, c’est de libérer sa plume et de prendre du plaisir.

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #11 : la super vilaine

Pour trouver l’exercice de cette quinzaine, je n’ai pas eu à chercher très loin. Je me suis tournée une fois de plus vers mon support d’écriture et d’expérimentations rédactionnelles préféré : le jeu de rôle textuel. Je vous propose le thème que j’ai eu envie de jouer cette semaine, à savoir la super vilaine.

Les super héros/héroïnes

Les super héros·ïnes sont des êtres généralement doté·es de super pouvoirs et/ou de super accessoires, ayant pour vocation de combattre le mal et de protéger la veuve et l’orphelin. Pétri·es de sentiments honorables et paré·es des qualités les plus nobles, leur principal dilemme consiste souvent à vouloir concilier leur identité et leurs devoirs de super héros·ïnes avec leur désir d’une vie simple et « normale » vécue dans l’anonymat le plus pur.

Image par Christian Dorn de Pixabay

Si j’ai eu envie de jouer la super vilaine avec Pincemi, c’est parce qu’il y a sur le jeu un personnage de super héroïne. Cette super héroïne déchue est devenue une épave et pleure sa misère, étendue sur un trottoir, la trompe nasale dans la gadoue. Comme aucun personnage ne s’est vraiment dévoué pour la consoler et la remettre sur pied, Pincemi, en bonne peste psychotique, a donc saisi l’occasion de pouvoir une nouvelle fois péter un plomb et devenir une super vilaine.

Les super vilain·es

Le·a super vilain·e, c’est l’antagoniste par excellence du super héros. Parfois plus subtil·e que son homologue bienveillant·e, iel a souvent un passé trouble, voire douloureux. Abîmé·e et animé·e par un profond traumatisme, le·a super vilain·e est violent·e, cruel·le et sans pitié. Prêt·e à tout pour assouvir des objectifs pas jolis jolis comme la destruction ou la domination du monde, iel ne lésine pas sur les moyens, ni sur les dommages collatéraux.

Comme ce n’est pas la première fois que Pincemi passe du côté obscur pour devenir une Super Peau de Vache et que je la trouve un peu trop sage depuis un peu trop longtemps, je me suis dit que ça pourrait être marrant de devenir l’incarnation du Mal. Et redonner ainsi une raison de vivre à notre super héroïne pour l’instant vautrée dans sa propre déchéance. Car une super vilaine à combattre, c’est la raison d’être de ces gugusses masqué·es aux idéaux de justice et de paix. Et puis, avouons-le, c’est super jouissif de jouer les ordures.

L’exercice #11

L’exercice #11 est, vous l’aurez deviné, super simple : devenir un·e super vilain·e (avec un pouvoir, un équipement ou une aptitude quelconque), échafauder un plan pour conquérir/détruire le monde – ou, l’autre classique du genre, se débarrasser durablement et de façon irréversible de votre antagoniste en collants – et le mettre à exécution.

Vous n’êtes évidemment pas obligé·e d’écrire un texte parodique. Qu’il soit dramatique, héroïque ou que ce soit un pamphlet ; que votre plan diabolique réussisse ou échoue, l’essentiel est de prendre du plaisir. Il y a tant de méchant·es dont on peut s’inspirer dans les livres, les films et les séries. Choisissez, adaptez, écrivez ^^

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #10 : journal de confinement romantisé

Depuis que le gouvernement s’est enfin décidé à agir en nous assignant à résidence, les journaux de confinement fleurissent sur la toile et certain·es confiné·es plus prestigieux·ses voient même leur prose publiée dans la presse, déchaînant les passions et les moqueries par leur ton champêtre-évaporé-déconnecté-de-la-réalité. Entre les analyses critiques de Laélia Véron et les parodies bucoliques non dénuées de talent, l’exercice d’écriture #10 ne pouvait pas passer à côté.

Le journal intime

Le journal de confinement n’est rien d’autre qu’un journal intime à thème. La plupart des journaux intimes n’ont de valeur que pour leur propriétaire – et sa mère. Les vertus thérapeutiques de l’écriture ne sont plus à prouver et nombre de psychologues et médecins recommandent à leurs patient·es d’écrire pour les aider à se libérer d’un traumatisme ou à surmonter une période particulièrement difficile/marquante. Si l’intérêt de rédiger un tel journal est évident, il n’en est pas de même pour le fait de le publier. L’Histoire peut bien se passer de témoignages aussi frivoles et empruntés. Si je ne suis pas bien d’accord avec Aznavour quand il chante que « la misère serait moins pénible au soleil », il me semble à moi que le confinement doit être moins pénible dans un manoir de campagne au bord de la mer.

Image par yogakalyanii de Pixabay

Le pastiche

Comme l’explique bien Laélia Véron dans la chronique susmentionnée, la différence entre pastiche et parodie est ténue, mais réelle. Le pastiche est une imitation subtile qui n’a pas forcément vocation à moquer. Une oeuvre « à la manière de ». La parodie est plus évidente à déceler. C’est une exagération grossière dont l’aspect moqueur peut difficilement nous échapper. Dans les textes qui ont suscité toute cette passion – et cet article-, il est difficile de caricaturer le contenu tant il semble déjà parodique (c’est ce qui le rend si agaçant) : le ton inutilement tragique, le vocabulaire, le style… tout semble se foutre de nous et bien malin·gne celui ou celle qui saura se montrer plus ridicule que l’original.

Le journal de confinement bobo

Pour faire un bon journal de confinement bobo, il faut donc s’imaginer quitter Paris en 4×4 polluant pour aller se mettre au vert chez les ploucs le temps que tout ça se tasse et que Paris redevienne la capitale effervescente de la culture et de la débauche. Il faut se prendre pour Phèdre à la fenêtre de sa villa de campagne – fenêtre de laquelle on n’a aucune intention de se jeter – et déclamer sa détresse aux mésanges et aux abeilles sur le ton de Cléopâtre dans Astérix (le dessin animé). Puis il faut prendre sa plume, la tremper dans une bonne dose de culot arrosée d’un rien de mièvrerie, et tracer sur le papier l’indécente complainte d’un·e privilégié·e confiné·e dans plus de 1000 m², racontant le détail le plus insignifiant comme s’il s’agissait d’un pur instant de poésie.

Mon journal de confinée romantisé

Maintenant que j’ai craché mon venin, venons en à ce qui nous intéresse : pourquoi cet exercice, s’il te met tellement les nerfs ? Et bien parce qu’avant – ou afin – de trouver son propre style, c’est comme pour les vêtements, il faut souvent en essayer plusieurs. Les plus grands peintres ont bien commencé par copier.

Il est intéressant d’analyser le style d’un·e auteur·ice et de tenter de le reproduire, voire de se l’approprier. Comme beaucoup de gens à la publication de ces journaux bobos, j’ai été à la fois agacée et amusée. Au moment de tenter l’exercice, l’amusement l’a emporté. Et si ces autrices s’étaient juste foutues de notre gueule ?

Voici donc mon court essai :

Tandis que je jardine avec l’enfant, je jette un oeil à travers le grillage masqué d’une paillasse fatiguée. Censé nous protéger des regards indiscrets, il s’affiche à présent comme le symbole d’une humanité menacée, avec ce masque comme ultime rempart contre la menace invisible, intangible, et pourtant bien réelle.

La voix innocente qui m’appelle me ramène à une réalité plus terre à terre, plus immédiate. Plus concrète. Je lui souris. J’essaie de lui transmettre une sérénité que je n’ai pas. Je réponds à l’urgence de la situation en réveillant mon instinct potager. À son absurdité en m’ancrant dans le réel. Un sourire factice sur les lèvres, je m’interroge, la gorge serrée : 

— Aurons-nous des tomates en juillet ?

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #9 : gérer les contenus problématiques

attention toute particulière à ce qu’on appelle « les contenus problématiques« .

Les contenus problématiques : définition

Il s’agit de tout ce qui cautionne, vante ou excuse des comportements et/ou des propos qu’on ne saurait admettre. En fait, il serait plus juste de parler de « narration problématique« . Un des exemples récurrents les plus flagrants est celui de la culture du viol. De nombreux livres (et autres supports artistiques) présentent une version romantique du viol et l’obtention de faveurs sexuelles par la contrainte (physique ou morale) devient alors un acte d’amour libératoire qui révèle la victime à elle-même et lui fait prendre conscience de ses sentiments à l’égard de son agresseur. De Daenerys (Trône de Fer) à Octavia (Les 100) en passant par 50 Nuances de Grey, le syndrome de Stockholm a encore de beaux jours devant lui.

On trouve par ailleurs sur Wattpad une flopée de romances basées sur le viol, la séquestration, le harcèlement ou encore le mariage forcé et l’inceste.

En quoi c’est mal ?

Dans ce cas précis, le problème, ce n’est pas d’écrire une scène de viol. Ce n’est pas non plus d’écrire une romance. Ce qui est problématique, c’est d’établir un lien de cause à effet entre les deux. Plus généralement, présenter une vision romantique ou, tout simplement, banalisée, d’actes et de propos oppressifs ou criminels, revient à une validation de ces comportements, voire une incitation. Ça vaut bien entendu pour les contenus racistes, LGBTphobes et tous les comportement haineux et/ou violents. Véhiculer ce genre de visions contribue à maintenir une situation anormale en la faisant passer pour normale, quitte à décrédibiliser les victimes.

Comment et pourquoi les éviter ?

Il ne s’agit évidemment pas de se censurer à l’extrême et de n’écrire que des choses bienveillantes, roses et sucrées. Mais si nos personnages peuvent être les pires ordures de la terre et jubiler en commettant les actes les plus immondes, il me semble important que l’auteur laisse transparaître, de façon infime mais néanmoins perceptible, sa désapprobation et marque une distance certaine avec son/ses personnage(s).

En gros, un personnage peut se marrer en tabassant un noir ou un gay, iel peut se délecter des sévices physiques et psychologiques qu’iel inflige à son époux⋅se depuis tant d’années, mais l’auteur⋅ice ne doit en aucun cas cautionner ou approuver de quelque manière que ce soit, sous peine de produire non pas un roman, mais une éloge de la haine et de la violence. Je vais m’éviter un point Godwin mais vous voyez où je veux en venir. Il est important d’être particulièrement vigilant⋅e à la façon dont on présente les choses dans nos écrits.

Un exemple

Un exemple assez flagrant de contenu problématique et dangereux, c’est la chanson « Requiem pour un Fou« . Longtemps perçue comme la déclaration d’un amour absolu et passionné, cette chanson n’est que l’apologie du crime dit « passionnel », qui consiste à mettre violemment fin à la vie d’une personne qui ne partage pas ou plus nos sentiments. Et donc, oui, son contenu est problématique, et ce pour au moins trois raisons. Premièrement, il présente comme romantique le meurtre que l’on nomme depuis peu un « féminicide« . Rappelons que tous les trois jours, une femme meurt des mains de son conjoint et que ce n’est en aucune façon « une magnifique déclaration d’amour ». Deuxièmement, ce texte présente le même travers que les hommes qui commettent ces atrocités, et que le regard intransigeant que porte la société sur ces victimes, en les rendant responsables de leur sort. En effet, Johnny nous crie « Elle a fait de moi un fou d’amour ». Je suis à peu près certaine qu’elle n’avait rien demandé. Troisièmement, le meurtrier nous crie son chagrin et son désespoir. La blague. Parler du point de vue de l’agresseur n’est pas interdit et certains contenus borderline sont tout à fait jouissifs, mais on a également le droit, et même le devoir de ne pas s’appesantir outre mesure sur les états d’âme d’un pervers narcissique violent. Faut pas déconner. On peut comprendre le bourreau – du moins, on peut essayer, mais pas l’excuser.

Exercice #9 : le bord du précipice

Loin de moi l’idée d’établir des règles et des préceptes. Je ne suis en aucun cas détentrice de l’absolue vérité. Je me contente de présenter un point de vue et d’inviter celles et ceux qui veulent à réfléchir sur le sujet.

Pour amorcer, ou poursuivre, cette réflexion sur la question, je vous propose d’écrire un texte traitant d’un contenu sensible, en essayant au mieux d’éviter cet écueil qui consiste à mettre de la beauté là où il n’y en a aucune. On peut par exemple reprendre cette fameuse chanson du point de vue de la victime, ou d’un point de vue alterné entre victime et meurtrier.

Promis, moi aussi, je vais essayer.

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #8 : un conte dont vous êtes le héros

Il y a presque un an, j’ai décidé de participer au concours de Fiction-interactive.fr avec, évidemment, l’impression d’avoir largement le temps. Sauf qu’on est à un mois et demi de l’échéance et je n’ai toujours rien fait. Alors, j’essaie de mettre un coup de collier, histoire d’avoir au moins un petit quelque chose, parce que l’important, c’est pas de gagner, pas vrai. Pour le plaisir. Pour l’honneur. Pour Hugo Labrande et la sympathique communauté du monde de la fiction interactive. C’est un peu, je l’avoue, ce qui a donné l’exercice de cette quinzaine.

Le conte dont vous êtes le héros

On va s’en tenir au conte ou, du moins, au micro-récit. Si l’idée vous plaît et que le coeur vous en dit, vous pourrez toujours écrire un livre après. Quelle que soit la taille du récit, le principe du « dont vous êtes le héros » (qu’on résumera en DVELH), c’est d’immerger le⋅a lecteur⋅ice dans le récit, d’en faire le personnage de l’histoire. Ce sont ses choix qui décideront du tour qu’elle  va prendre et de sa fin.

Livrejeuparagraphes

Ses choix le⋅a mèneront-ils à la résolution de la quête ou causeront-ils sa perte prématurée ? Évidemment, c’est l’auteur⋅ice qui pave son chemin et iel peut aussi bien y semer moult embûches qu’y donner quelques coups de pouce. Iel peut même, si ça lui chante, décider que tous les choix mèneront inexorablement à une seule et même issue, telle l’implacable destinée que seul⋅es les dieux et les déesses ont le pouvoir de changer.

Twine

Je vous propose ce logiciel parce que je le connais un peu, contrairement à tous les autres, et parce qu’il est libre et gratuit, qu’il est reconnu et recommandé et qu’il existe en version téléchargeable ET une version en ligne. Il permet tout simplement de créer une arborescence et de structurer facilement une histoire à choix multiples.

Je laisse à Hugo Labrande le soin de vous le présenter et de vous initier à l’utilisation relativement simple de ce joujou très utile aux écrivain⋅es et autres scribouilleur⋅euses. Bon à savoir : avec la version en ligne, la sauvegarde se fait avec des cookies. Pensez donc bien à enregistrer votre histoire/jeu (en l’exportant au format html) si vous videz votre historique et vos cookies.

L’exercice d’écriture de la semaine

L’objet de cet exercice, c’est de découvrir un genre littéraire et de s’y essayer. C’est également de faire de vos lecteur⋅ices les héro⋅ines, les acteur⋅ices de votre histoire ; de leur proposer des choix palpitants, cornéliens ; de leur donner envie de la relire encore et encore en faisant différents choix pour savoir ce qu’il y a derrière chacun d’entre eux… Pour que l’exercice reste ludique et ne vire pas à l’arrachage de cheveux avec une histoire trop étoffée qui deviendrait difficile à gérer, on va rester au stade du micro-récit. D’autant plus qu’il faudra prendre au moins cinq minutes pour découvrir Twine (et l’adopter !) et qu’il s’agit avant tout de s’initier, de stimuler la curiosité, l’inspiration et de s’ouvrir de nouvelles possibilités.

Il faut donc écrire un micro-récit-dont-vous-êtes-le-héros ou l’héroïne sur le thème du concours FI auquel j’espère parvenir à participer, à savoir « écran ». Votre livre-jeu contiendra entre cinq et dix choix maximum.

N’hésitez pas à m’envoyer vos jeux/récits interactifs par mail avec vos éventuelles remarques et questions. Et surtout, amusez-vous !

Exemple avec un micro-jeu créé quelques mois plus tard

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #7 : écriture sous contrainte – le poème

Depuis trop longtemps relégué au rang de procédé stylistique littéraire cucul et démodé, le poème est pourtant un moyen d’expression créatif. La poésie n’est pas obligatoirement niaise, naïve ou béate. Elle peut se révéler violente, brutale, agressive, érotique, désespérée ou taquine. Il ne s’agit pas que de louer la beauté des fleurs et des prés mais plutôt de dire des choses avec les pieds.

La liberté de ton

On a tendance à voir la poésie comme un art naïf et hébété célébrant la beauté, la nature et la beauté de la nature. Un bon gros cornet de barbapapa rose à la guimauve enrobé de sucre et dégoulinant de miel.

Si cette forme littéraire est effectivement propice à la célébration de l’amour et de la beauté de Dame Nature, elle sert aussi de voix aux coeurs tristes, aux âmes révoltées ou aux moqueries facétieuses de prétendant⋅es éconduit⋅es. On peut citer deux exemples évidents parmi les plus célèbres, le torturé Rimbaud et le mélancolique Baudelaire, qui expriment souffrance, laideur, beauté et cruauté dans leurs œuvres. Et si les chansons ne sont que des poèmes chantés, alors le rap n’est rien d’autre que de la poésie énervée.

Un moyen d’expression créatif

La poésie est un art dont les règles peuvent rebuter. Compter les pieds, les vers, les strophes, choisir les rimes croisées ou embrassées, composer en décasyllabes ou en alexandrins sont autant de contraintes dont on a le droit de s’affranchir. On n’est certainement pas obligé⋅e de faire rimer, ni même de compter ses pieds. Voyez plutôt ça comme des contraintes oulipiennes qu’on choisit, ou non, de s’imposer. « Tiens, aujourd’hui, je vais composer un sonnet en rimes croisées et demain, je ferai des alexandrins« . Essayer de les respecter peut compliquer la tâche, mais c’est aussi un bon moyen de travailler et de progresser. « Mince, ce mot fait trois pieds, il rend mon vers bancal, je dois en trouver un autre qui n’en fera que deux si je veux respecter la métrique ». Une chose que j’aime particulièrement quand j’écris, c’est me laisser guider par les sonorités. Rimes et allitérations sont de chouettes sources d’inspiration.

Rédiger un poème en vers et contre tout

Pour cet exercice, je ne vais pas imposer des contraintes trop sévères car le but reste le plaisir. Je vous propose de choisir le sujet que vous voulez, le ton que vous souhaitez et d’en faire un poème. Candide, passionné et énervé, sur l’amour, la mort ou le camembert, ça n’a aucune importance. Ma seule consigne sera des vers de six pieds en rimes. Pour vous inspirer ou vous amuser, je vous propose l’extrait d’un poème érotique écrit à quatre mains en vers de six pieds et en rimes (justement).

Vous pouvez mettre un lien vers votre texte en commentaire ou me l’envoyer par mail avec vos éventuelles remarques et questions. Et surtout, amusez-vous !

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #6 basé sur le jeu de rôle : les liens entre les personnages

Les exercices d’écriture font une rentrée un peu tardive, mais qui pourrait m’en vouloir d’avoir fait passer la campagne Ulule de Tommy Griotte en priorité ?! Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vous informe que pour des raisons d’organisation et d’emploi du temps, ainsi que pour votre confort personnel, les exercices d’écriture paraîtront dorénavant toutes les deux semaines. Pour la reprise et l’épisode #6 de notre grande saga rédactionnelle, je vais me baser sur une série au thème inspirant : Sense 8.

Trouver un thème inspirant

L’écriture, ce n’est pas seulement raconter des histoires aux autres. C’est aussi s’en raconter à soi-même et, surtout, c’est un outil d’exploration peu coûteux, peu polluant, moins compliqué que de construire une machine à voyager dans le temps mais parfois tout aussi éprouvant qu’une thérapie. Dans Sense8, ce qui me séduit et m’inspire, c’est la notion de lien. Ce lien mystérieux, instantané, puissant et indéfectible qui unit les personnages. Pour ceux qui ne connaissent pas la série, en résumé, huit personnes se retrouvent mystérieusement liées entre elles et peuvent se voir, se sentir, se toucher en étant à plusieurs endroits à la fois sans y être vraiment. Sans se connaître, iels sont pourtant proches, intimes et confiant⋅es les un⋅es envers les autres. Pour les mêmes raisons que celles citées dans l’exercice d’écriture #3, le pourquoi de ce lien m’importe peu. Ce que j’ai envie qu’on me montre, c’est la nature de ce lien, comment il se manifeste et se développe, ce qu’il fait ressentir aux personnages, à quel point iels sont lié⋅es et/ou indépendant⋅es… C’est ce que j’ai envie d’explorer et je vous propose de m’accompagner.

L’écriture comme outil d’exploration

Il faut commencer par définir, ne serait-ce que brièvement, ce qu’on a envie d’explorer. La dimension amoureuse ? L’adelphité ? L’intimité ? La connaissance inexpliquée de certains détails à propos des autres ? Le fait de partager leurs connaissances et compétences ? L’expérience sensorielle à distance ? L’ubiquité ? Cette série offre plusieurs pistes. Libre à vous d’en emprunter quelques unes ou de créer votre propre voie. Une fois que vous savez où chercher, il n’y a plus qu’à faire un pas pour avancer.

L’exercice d’écriture de la semaine

Cette semaine, je vous propose de rédiger un texte sur un lien spécial entre au moins deux personnages, qui ne sont d’ailleurs pas forcément humain⋅es. Il peut s’agir de vous et votre chien/chat, d’une plante et du soleil…). C’est à vous de définir le type de lien, qui ne sera pas obligatoirement à la façon de Sense8 (cité juste pour l’exemple).L’enjeu ici est de décrire le lien, la façon dont il unit vos personnages et l’impact qu’il a sur eux.

Vous pouvez mettre un lien vers votre texte en commentaire ou me l’envoyer par mail avec vos éventuelles remarques et questions.

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #5 : l'écriture sous contrainte – réécriture d'une chanson

La réécriture est un exercice courant. Ludique et pédagogique, il guide le fond et permet de s’amuser sur la forme.

La réécriture : hommage ou parodie ?

Il existe plusieurs façon de réécrire un texte. Il n’y en a pas de bonnes ou de mauvaises. Il y a seulement plusieurs façons de faire, en fonction du ton, du propos, de l’objectif, des circonstances. On peut parodier un texte en détournant son propos. On peut écrire son propre texte en gardant l’esprit et le ton de la chanson. Ou on peut carrément virer le texte, garder la mélodie, y apposer ses propres mots, son propre thème et faire d’une chanson triste une ode à la joie, ou d’une chanson commerciale un texte engagé et enragé.

C’est un exercice d’écriture qui se pratique beaucoup au cours des célébrations familiales (mariages, anniversaires…). Il permet de dire en ces circonstances particulièrement propices ce qu’on n’ose pas dire le reste de l’année. Il offre également de belles émotions, que ce soit une franche rigolade avec des textes comiques, ou une émotion bouleversante avec des textes tendres et poétiques.

En bref, la réécriture est une façon originale et sympathique de faire passer un message.

La mélodie : une douce camisole

Le reste étant laissé à notre libre appréciation, la mélodie est donc la seule véritable contrainte de cet exercice d’écriture et le rythme imposé par les paroles originales est un carcan dont on se défait difficilement, au risque de dénaturer le rythme de la chanson d’origine et de perdre l’effet escompté. Il est donc important, à la façon des poète⋅sses, de compter ses pieds et d’en avoir peu ou prou le même nombre que le modèle. Par exemple :

Ne me quitte pas” devient “Mais putain, casse-toi” = ça marche.

Allez venez, Milord” devient “Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre” = ça ne marche pas.

L’exercice d’écriture de la semaine

J’ai pratiqué la réécriture de chanson à plusieurs reprises, avec à chaque fois un plaisir non dissimulé. Britney Spears, le Grand Orchestre du Splendid et sa célèbre Salsa du Démon, Diane Tell… J’ai pris mon pied à varier les thèmes et les univers. La clé de mon plaisir réside, je crois, dans le fait que ces chansons m’ont inspirée à un moment donné et que j’ai eu envie de m’en servir pour m’exprimer. C’est pour cette raison que je ne vais pas imposer, ni même proposer une chanson. Je vous laisse seul⋅e maître⋅sse à bord. Choisissez une chanson et laissez-vous porter par la mélodie, par les mots, par le sens, par ce qui vous touche en elle, et rendez-lui l’hommage vibrant ou la mise au pilori qu’elle mérite.

S’abonner aux exercices d’écriture

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #4 : écriture oulipienne – 99 notes préparatoires

Cette semaine, on va délaisser un peu nos premières amours et se jeter dans les bras de l’écriture sous contrainte avec un exercice d’écriture oulipienne. Je vous présente les 99 notes préparatoires.

99 notes préparatoires, qu’est-ce que c’est ?

La réponse est dans la question mais comme je suis aimable, je vais quand même détailler un peu. Il s’agit de choisir un sujet et d’écrire… suspense… 99 choses sur ce sujet. L’intérêt ou, en tout cas, ce qui rend cet exercice d’écriture oulipienne très fun, c’est que ces notes n’ont pas à être cohérentes, pertinentes, ni même sérieuses.
On peut évidemment choisir de traiter l’exercice de façon “scientifique”, avec application et rigueur, en n’écrivant que des choses sérieuses et vraies, en classant méthodiquement ses notes par thème… Ou on peut, et c’est l’option que j’ai choisie, l’aborder en freestyle et écrire les idées comme elles viennent, sans se soucier de les lier entre elles, sans se priver de faire quelques jeux de mots et en osant même un brin d’irrévérence.
L’OULIPO, ou OUvroir de LIttérature POtentielle, ajoute que l’exercice s’apparente à une tentative d’épuisement d’un sujet.

L’intérêt de cet exercice d’écriture oulipienne

Il y a des sujets qui inspirent plus que d’autres et pour certains, il faudra se creuser la tête pour trouver des choses à écrire. C’est justement ce qui nous intéresse avec cet exercice d’écriture oulipienne : se creuser les méninges, triturer son sujet, le retourner dans tous les sens et trouver de la matière, de nouvelles pistes, de nouvelles idées, des points de vue auxquels on n’aurait pas pensé.
L’obligation de quantité implique qu’il y aura du déchet. Il peut en effet être difficile d’écrire 99 choses pertinentes et intéressantes sur un même sujet. Mais il y aura aussi des pépites et des surprises. Car pour réussir l’exercice, on est obligé de sortir des sentiers battus, de sa zone de confort, pour aller explorer de nouvelles contrées : jouer avec les mots, se laisser porter par les sons, chercher la contradiction, argumenter, soulever des questions… Il faudra aller chercher les idées qui ne veulent pas fuser. Et il faudra les écrire. Les écrire de façon à ce qu’elles servent notre propos et nos intentions.

Préparatoires de quoi ?

Les 99 notes préparatoires peuvent tout à fait se suffire à elles-même et consistent déjà en un exercice d’écriture oulipienne très intéressant. Elles peuvent également être une bonne base de préparation pour la rédaction d’un projet plus conséquent. En plus d’ouvrir de nouvelles perspectives sur un sujet donné, elles peuvent aider à organiser ses idées, à structurer sa pensée. On peut, après avoir jeté sauvagement 99 notes sur le papier, les regrouper, les développer, les retravailler, les déplacer, les trier, les couper, les coller, bref, continuer à les malmener pour en tirer le meilleur.
Dit comme ça, ça paraît plus cruel que ça ne l’est vraiment. Rassurez-vous, pendant la rédaction de cet article aucune note n’a été maltraitée.

Recevoir les exercices d’écriture par e-mail

Publié dans écriture

Exercice d'écriture #3 basé sur le jeu de rôle : le mutisme

Cette semaine, je vous propose un exercice d’écriture ludique qui peut se révéler à la fois délicat et amusant. J’impose un handicap à votre personnage : le mutisme. C’est un bon exercice et cela peut amener à des situations assez cocasses. Mais avant de vous proposer l’exercice à proprement parler, je vous donne mon point de vue sur l’introduction d’un élément perturbateur ou d’un bouleversement de votre environnement ou, plus précisément, sur l’inutilité de l’expliquer.

De la nécessité de poser une situation narrative sans l’expliquer

Je sais pas vous, mais moi, la plupart du temps, ce n’est pas le comment, que je trouve intéressant, ni même le pourquoi, mais bel et bien le résultat. Par exemple, dans Walking Dead, je me fous royalement du pourquoi du comment de l’apparition des zombies ; ce qui m’intéresse, ce sont les conséquences de cette situation apocalyptique sur le monde et les survivants. En gros, on place des personnages dans une situation et on voit comment ça évolue. La situation n’est alors qu’un prétexte à l’histoire et l’expliquer peut nuire gravement à notre santé et à celle de nos lecteur⋅ices.

Intéresser le lecteur/la lectrice

L’explication peut s’avérer décevante pour le lecteur. C’est bien connu, ne pas savoir est bien plus terrible que de savoir, car on peut tout imaginer. Il vaut donc mieux laisser le lecteur bosser un peu pour combler les trous qu’on aura volontairement laissés. L’impliquer est un bon moyen de maintenir son intérêt et il sera d’autant plus attaché à notre histoire qu’il y aura mis son grain de sel en y projetant ses idées, ses craintes, ses envies…

Libérer l’auteur⋅ice

Autre atout non négligeable, l’absence d’explication laisse le champ libre à l’auteur. Par exemple, dans la série The Leftovers, le fait de ne pas savoir comment et pourquoi 2% de la population a disparu augmente l’intensité dramatique et exacerbe la mélancolie des 98% d’humains restants. Cette ignorance ronge les personnages, rendant leur deuil impossible, les plongeant dans la tristesse et la folie. Elle permet à l’auteur de jouer avec les nerfs du lecteur en mélangeant le réel, l’imaginaire et le surnaturel. Elle est le prétexte de toutes les choses incroyables qu’il fait faire aux personnages. Elle donne un relief à l’histoire, une saveur qu’on n’aurait sans doute pas avec un récit basé sur le simple deuil.

Éviter les incohérences

Sans compter le risque de s’empêtrer dans les détails alambiqués, d’en oublier en route et de glisser involontairement des incohérences et des aberrations dans notre récit. Ou comment trop d’explication tue l’explication.

Ce qu’il faut retenir, c’est que si certaines histoires ne reposent que sur le comment on en est arrivé là (et s’arrêtent une fois la situation posée, laissant le lecteur ou le spectateur imaginer sa propre fin), il arrive aussi qu’expliquer la situation n’apporte rien, au contraire. L’explication ralentit, l’explication déçoit, l’explication ennuie, l’explication bride.

L’exercice ludique de la semaine : exercice d’écriture #3

Pour cet exercice, ce qui m’intéresse, c’est le fait que votre personnage ne parle plus. Pourquoi ? Comment ? Libre à vous, si cela vous amuse, d’expliquer la situation ou de laisser planer le mystère. Comme ça, on n’a même pas à se fatiguer à imaginer une raison. Qu’il n’en ait plus la volonté ou la capacité, là encore peu importe. L’intérêt de cet exercice ne repose pas sur le contenu, mais plutôt sur “Comment je vais, par mon écriture, permettre à mon personnage de s’exprimer sans parler”. Le mutisme nous oblige à travailler la description des attitudes, des gestes, des expressions du visage, ce qui n’est pas si facile.

Show, don’t tell

Je n’impose ni ne propose de contexte. Toutefois, dans votre récit, votre personnage devra évidemment être confronté à la nécessité de s’exprimer. Ben oui, si c’est pour décrire une forêt, l’exercice n’a aucun intérêt. Qu’il réussisse ou échoue à se faire comprendre, que la scène soit dramatique ou comique, cela importe peu. L’objectif de cet exercice d’écriture  ludique n’est pas la réussite de votre personnage, mais la vôtre, en tant qu’auteur·ice, à transmettre précisément et exactement ce que vous voulez exprimer.

Le mutisme est un exercice d’écriture intéressant qui oblige à écrire autrement, à décrire au lieu de faire dire. Pincemi, le personnage que j’ai longtemps joué, a été muette à deux reprises, pour des raisons différentes et, à chaque fois, ce fut un bon entraînement,  j’ai beaucoup appris et je me suis bien amusée. Bref, un vrai exercice d’écriture ludique.

Maintenant… Silence, et à vous de jouer.

Recevoir les exercices d’écriture par mail